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20/08/2022

La Tuilerie : un ancien patrimoine économique ancestral à Limoux

Le début du XXe siècle va être marqué par un boum industriel qui montera en puissance jusqu’au choc pétrolier de 1973. Le Limouxin et la Haute Vallée ne seront pas, alors, des laissés-pour-compte dans cette formidable explosion économique.

Dans un monde où construction et consommation se démocratisent, la cité blanquetière va être le creuset de deux fleurons économiques majeurs. L’usine à chaussures Myrys et la Tuilerie vont connaître un essor sans précédent dans la même période.

Les stigmates de la crise viticole de 1907 sont encore présents dans l’Entre-deux-guerres et c’est l’occasion pour de nombreux autochtones de découvrir la mécanisation des chaînes de façonnage.

En 1948, le génie inventif des deux frères Fiorio et sa fabrication de panneaux et de planchers préfabriqués vont littéralement booster l’ensemble du groupe. À la Tuilerie limouxine, les chaînes tournent à plein régime.

Elle est installée sur le quartier Saint-Antoine eu égard à la proximité de la gare SNCF ; le travail est certes pénible, mais près de 400 employés participent à la transformation de l’argile en tuile ou brique.

Par voie de conséquence, au milieu des années 1960, de nombreux lotissements voient le jour à proximité d’une usine qui pratique "les trois huit". Cette immense carcasse rose fourmille de mille agitations.

Les chariots élévateurs effectuent un bal régulier lors du conditionnement des tuiles programmées pour l’expédition. Dans un rythme régulier et constant, des vagues d’ouvriers à vélo embauches ou débauches tandis que l’usine hurle au son de petites explosions nécessaires pour le débouchage des silos d’argile.

Une incontournable modernisation

La fin des années 1970 annonce la fin des Trente Glorieuses. Il faut robotiser et mécaniser pour rester compétitif. C’est aussi le moment de fusions vers d’autres groupes économiques dont  Coverland, Redland entre autres. En mai 2007, l’ancienne tuilerie a terminé son activité. Une nouvelle structure voit le jour sous l’enseigne Monier, route de Saint-Polycarpe.

Plongées dans un sommeil profond pendant une longue décennie, deux seules bâtisses font aujourd’hui figure de passeurs de mémoire.

Dans quelques mois, le lieu devrait renaître de ses cendres. Le bruit des camions laissera toutefois sa place à une musique nettement plus mélodique, celle des cuivres et autres instruments d’une Lyre qui siégera en lieu et place.

Un patrimoine économique mué en patrimoine culturel : un virage qui prépare la ville dans le monde de demain.

Source L'Indépendant