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24/07/2021

Les Tchadiens misent sur la brique de terre cuite pour la construction des logements

Au Tchad, la brique en terre cuite a le vent en poupe. Les Ndjamenois adoptent ce matériau pour construire leurs maisons et concessions. La raison ? Son coût attractif. La brique en terre cuite est nettement moins chère que celle en ciment. Même si le Tchad produit son propre ciment, son prix reste l'un des plus élevé de la sous-région.

Perché sur un tas de sable mêlé de gravats, Anaïné fait un point sur l’avancée de son chantier. « C’est une concession de 9 sur 6 mètres. Le salon, c’est 6 sur 5, la chambre 4 sur 4, avec comme véranda 2 sur 4. C’est une maison pour une petite famille. »

À 26 ans, il construit sa première maison. Le choix de la brique en terre cuite a été une évidence. « J’avais souhaité faire en briques parpaing, mais quand j’ai vu le coût, c’est presque le double des briques en terre cuite. Si j’avais fait avec les briques parpaing, ce serait 900 000 francs CFA, alors qu’avec les briques en terre cuite, 500 000 francs CFA suffiront. » 

Un matériau prisé par les revenus modestes

Autour du chantier d’Anaïné, les constructions en briques en terre cuite fleurissent. Un matériau prisé par les revenus les plus modestes qui délaissent les briques en ciment, jugées trop chères. Comptez pas moins de 8 000 francs CFA pour un sac de ciment de 50 kilos.

Pour ce cadre d’une cimenterie qui a préféré garder l’anonymat, le prix s’explique par une lourde fiscalité, une TVA fixée à 9 %, mais aussi un coût de production élevé. « Du fait de l’enclavement du pays et aussi du mauvais état du réseau routier, si la ville est éloignée de la zone de production, ça augmente le prix du ciment. L’usine se trouve dans la zone de Pala, à côté des gisements de calcaire. De Pala à Moundou il y a 200 km et de Pala à Ndjamena 440 km. »  

Pour une professionnalisation de la filière

Le transport des briques en terre cuite se fait souvent à cheval. Toute la filière de production reste artisanale et se situe en périphérie de la capitale. 

Sur des terrains au bord du fleuve, des centaines de jeunes pétrissent la terre argileuse à la main, y mélangent du fumier avant de mouler les briques et les cuire à ciel ouvert. Un travail éprouvant pour Marcelin Allaoum. « Je fabrique les briques, sinon je suis au chômage. Chaque jour, on augmente la production pour répondre à la demande. J’essaie de faire 1 000 briques par jour pour rentrer avec 4 000 francs CFA à la maison le soir. J’ai des douleurs aux bras et au dos, mais je n’ai pas le choix, je dois nourrir ma famille. J’aimerais franchement qu’on améliore nos conditions de travail. » 

Ces travailleurs informels réclament notamment une professionnalisation de la filière, ce qui permettrait selon eux d’augmenter leurs revenus et de valoriser un matériau 100 % tchadien.

Source RFI