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21/06/2021

Perspectives au beau fixe dans le bâtiment

Bien que très “chahutés”, les chiffres traduisent un vrai rebond

Le mois d’avril 2020 a marqué l’histoire de la Statistique avec des niveaux record de faiblesse d’activité en raison du strict confinement qui a concerné l’ensemble du territoire et des secteurs. Un an après, avril 2021 enregistre le “contrecoup” et affiche un dynamisme hors norme.

Bien que la crise sanitaire perdure, les signaux de reprise économique se multiplient dans un contexte où l’activité est portée à la fois par l’arsenal budgétaire des mesures de soutien et du plan de relance mais aussi par le rattrapage des dépenses des agents économiques dont les besoins ont été bridés pendant plus d’un an.

Côté matériaux, la demande de granulats et de BPE des quatre premiers mois de l’année a rejoint les niveaux de 2019.

Il est vrai que les carnets de commandes du bâtiment n’ont jamais été aussi remplis et que, côté Travaux Publics, le redémarrage de l’activité s’est également enclenché. Même si certains indicateurs sont encore à la traine, l’année 2021 s’annonce d’ores et déjà meilleure qu’attendu.

Perspectives au beau fixe dans le bâtiment

Interrogés en mai par l’INSEE,les entrepreneurs du bâtiment confirment la bonne tenue de leur activité et portent même un regard plus optimiste qu’en avril sur leur activité future. Le solde d’opinions surpasse en effet largement sa moyenne de long terme, tout comme pour les perspectives d’emploi, en redressement sensible pour le quatrième mois consécutif. 

Il est vrai que les carnets de commandes assurent désormais 9 mois de travaux, dont 10 mois dans le gros œuvre, soit un point haut jamais atteint.Dans le même temps, les tensions sur l’appareil productif se renforcent, ce dernier étant utilisé à 92 % de sa capacité dans le gros œuvre (contre 87,9 % en moyenne de long terme) et près d’un entrepreneur du bâtiment sur deux déclare ne pouvoir accroitre sa production. 

Parmi les freins identifiés, l’insuffisance d’approvisionnement connaît un vrai rebond en mai, cité dans 9,8 % des cas (1,6 % en moyenne de long terme). Ce sursaut est sans doute imputable aux pénuries de matériaux récemment évoquées et se retrouve aussi dans l’évolution des prix. 

En effet, en mai,les chefs d’entreprise sont bien plus nombreux à annoncer qu’ils augmenteront leurs tarifs au cours des prochains mois, le solde d’opinion ayant atteint un niveau jamais connu depuis juillet 2008. 

Côté construction, on note un fort redressement des mises en chantier de logements à fin avril (+7,6 % sur les trois derniers mois comparés aux trois mois précédents, données CVS-CJO). Ce redressement vaut aussi bien pour le collectif (+ 11,8 %) que pour l’individuel (+ 2 %). 

Selon le SDES, les mises en chantier auraient été plus nombreuses en moyenne pendant cette période (+ 5,7 %) qu'au cours des douze mois précédant la crise sanitaire. Au final, on compte 387 500 logements commencés sur une année à fin avril, soit + 7 % en un an. 

En revanche, côté permis, le redémarrage est moins marqué : s’il est plutôt vigoureux s’agissant de la maison individuelle (+ 6,4 % au cours du trimestre allant de février à avril, au regard du trimestre précédent), il est encore hésitant sur le segment du collectif (- 7,6 %).

A fin avril et sur douze mois,405 700 autorisations étaient recensées, soit un repli de - 6,5 % sur un an. Enfin, du côté du non résidentiel, la situation reste préoccupante. 

Les surfaces autorisées restent en net recul sur les douze derniers mois (- 8,5 % à fin avril) tandis que les locaux commencés continuent de baisser (- 8,6 %). Si le marché du logement neuf s’est raffermi au premier trimestre, avec des ventes en hausse de + 16,2 % sur un an, ces dernières demeurent encore inférieures de - 2,8% à celles de 2019. 

Dans un contexte où les taux d’intérêt des prêts habitat ont atteint un plancher historique (1,07 % en avril-mai), la demande des ménages pourrait se renforcer dans les mois à venir, comme l’anticipent les promoteurs dans la dernière enquête de l’INSEE. En dépit d’une offre en progression (+ 12,1 % au premier trimestre), les stocks de logements disponibles continuent de se réduire (- 11,4%) pour atteindre son plus bas niveau des dix dernières années.

Source UNICEM