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29/06/2021

"Il n'existe pas d'autre solution que l'Hydrogène vert"

Ad van Wijk est un entrepreneur en énergie durable et professeur à l'Université de technologie de Delft aux Pays-Bas. Ses recherches portent sur les systèmes énergétiques du futur, avec un accent particulier sur l'hydrogène.

Professeur van Wijk, l'hydrogène vert est considéré comme la clé du système énergétique du futur. Qu'est-ce qui rend ce gaz si spécial ?

Van Wijk : Il y a deux raisons principales pour lesquelles l'hydrogène vert est important. Tout d'abord, les énergies renouvelables sont normalement produites dans des régions où la demande est faible. Prenons l'exemple des parcs éoliens offshore. L'hydrogène est un excellent moyen de stockage peu coûteux pour le transport de l'électricité vers les consommateurs du monde entier. Il peut également être importé à faible coût. Deuxièmement, l'hydrogène vert peut être utilisé directement, par exemple comme carburant pour camions, dans des processus industriels et pour chauffer des bâtiments.

Transports, industrie, bâtiments : L'hydrogène vert est utilisé pour la décarbonation dans de nombreux domaines. Où voyez-vous son plus grand potentiel ?

Van Wijk : Il y a un grand potentiel dans tous ces domaines : par exemple, si les processus de l'industrie chimique doivent être décarbonés, il n'y a pas d'alternative à l'hydrogène vert, que ce soit pour la production d'engrais ou de plastiques. Des projets intéressants ont également été lancés dans la sidérurgie. En Autriche, par exemple, l'hydrogène est utilisé dans la production d'acier.

Quel rôle pensez-vous que l'hydrogène vert jouera dans la réalisation de l'objectif de neutralité climatique de l'UE d'ici 2050 et des objectifs de l'Accord de Paris sur le climat ?

Van Wijk : D'ici 2050, l'hydrogène vert doit être devenu un élément essentiel du mix énergétique, qui, je pense, sera composé à 50 % d'électricité, principalement d'origine solaire et éolienne, et à 50 % d'hydrogène. Il ne faut pas oublier que l'hydrogène vert est produit à partir d'électricité propre. Le système énergétique sera basé sur l'électricité, mais une partie de l'énergie renouvelable sera convertie en hydrogène pour des raisons de transport et de stockage.

Une augmentation massive de l'utilisation de l'hydrogène vert fait partie de la vision stratégique de l'UE. Que faut-il faire pour atteindre cet objectif ?

Van Wijk : Actuellement, l'hydrogène représente 2 % de la consommation énergétique mondiale. Les principales sources d'énergie sont les combustibles fossiles, comme le gaz naturel. Cependant, les choses commencent à changer. Il y a cinq ans, personne n'aurait pensé que nous serions capables de transporter des énergies renouvelables partout dans le monde, simplement parce qu'elles étaient si chères à produire. Aujourd'hui, le coût de l'énergie solaire et éolienne a considérablement diminué. En moyenne, les options les plus rentables se situent à peu près entre 1 et 2 cents par kilowattheure. C'est la raison pour laquelle l'énergie verte devient de plus en plus pertinente.

Le moment est maintenant venu de passer à l'étape suivante : il y a des régions sur cette planète, comme le désert du Sahara, qui ont un énorme potentiel d'énergie renouvelable. Cette ressource doit être exploitée dans les années à venir. Nous devons abandonner l'idée de produire de l'énergie renouvelable uniquement dans notre environnement immédiat.

De quoi aura-t-on besoin dans les années à venir en termes de conditions politiques et de développements technologiques ?

Van Wijk : En tant que professeur dans une université de technologie, je peux vous dire que la technologie nécessaire existe déjà depuis 100 ans. Cependant, des électrolyseurs sont actuellement utilisés pour la production de chlore à partir de sel dissous dans l'eau. Nous devons les adapter spécifiquement pour la production d'hydrogène. Et nous devons convertir l'infrastructure de gaz naturel existante en une infrastructure pour l'hydrogène. Ce n'est pas quelque chose qu'une entreprise peut faire ; c'est une tâche qui incombe aux gouvernements. Le moment est venu de le faire, étant donné la nécessité de stimuler l'économie après la pandémie de Covid-19.

Quelle est votre vision personnelle du système énergétique du futur ? Quels sont vos espoirs et attentes ?

Van Wijk : Nous avons encore de grands défis devant nous. Je suis actuellement impliqué dans les travaux de l'Union européenne sur la législation relative à l'hydrogène. Si nous traitons de l'hydrogène simplement dans un sous-paragraphe des principales réglementations énergétiques, il n'y aura jamais de changement de système. Au-delà des objectifs énergétiques, il faut aussi garder à l'esprit les opportunités offertes par l'hydrogène vert. Par exemple, l'intensification de la production d'hydrogène en Afrique du Nord créera des emplois et générera de la croissance économique. Cela pourrait être un moyen de réduire l'émigration de cette région. L'Europe, pour sa part, a le potentiel pour devenir le leader mondial de l'électrolyse industrielle. Si nous parvenons à créer le cadre politique approprié pour ces développements, un avenir énergétique durable sera à portée de main.

« Si l'Europe veut atteindre sonobjectif de neutralité climatique, il n'y a aucun moyen de contourner l'hydrogéne. D'ici 2050, il doit être fermement ancré dans le paysage énergétique de l'Europe. Je pense que d'ici là, la moitié du mix énergétique sera de l'électricité, principalement de l'énergie solaire et éolienne, et l'autre moitié sera de l'hydrogène.

Ad van Wijk / Université de technologie de Delft 

Source Wienerberger