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31/01/2021

La Briqueterie des Chauffetières choisie par la Mission Bern

La Mission Bern a choisi d'aider la Briqueterie des Chauffetières, à L'Hôme Chamondot cette année. Elle pourra réaliser ses projets de rénovation grâce aux subventions apportées.

La briqueterie appartient à la famille Fontaine depuis 1920.

La Briqueterie des Chauffetières, à L’Hôme-Chamondot (Orne), dans le canton de Tourouvre, existe depuis 1760 et est dans la famille de son propriétaire depuis 1920. Elle a été choisie par la Mission Bern et recevra des subventions pour ses projets de rénovation.

Claude Trianon, délégué départemental de l’Orne de Fondation Patrimoine, a aidé dans le choix du projet ornais : « Nous avons choisi la briqueterie parce que le dossier était déjà avancé, des devis existaient, c’était un dossier jouable. En plus, les bâtiments sont atypiques et impressionnants, un peu archaïques parfois. Et c’était du patrimoine en péril, certaines parties étaient vétustes. »

« Au final, il n’y avait pas assez de travaux réalisés, cela mettait en péril les bâtiments et l’activité et le savoir-faire des propriétaires. Si nous n’intervenions pas, cela disparaissait. C’est un savoir-faire artisanal et familial qu’il faut conserver. C’est une entreprise du patrimoine vivant. Le savoir-faire est important, c’est la quatrième génération qui s’occupe de cette briqueterie », explique Claude Trianon.

Les briqueteries traditionnelles sont devenues rares en France.

Une pratique ancienne

À la Briqueterie des Chauffetières, on pratique le même savoir-faire depuis des années. S’il y a quand même une presse mécanique chez Laurent Fontaine, propriétaire des lieux et seul ouvrier, il fabrique surtout à la main, un travail qui ne permet pas d’être régulier et promeut une certaine singularité des briques. « Le système de four n’est pas évident et l’argile est capricieuse. Par exemple, si on nous demande une couleur spécifique, cela va être assez compliqué », déclare Laurent Fontaine. « Les briques sont destinées à la rénovation ou à l’agrandissement de bâtiments. On ne va pas défigurer une façade avec des produits qui ne sont pas d’époque. On va copier les briques anciennes afin d’obtenir le meilleur résultat. »

Si cette profession disparaît, c’est aussi parce qu’il peut être difficile d’en vivre : « Cela ne m’a jamais gêné, même avant avec mes parents. On ne part jamais en vacances. On se contente de ce qu’on a », continue Laurent Fontaine.

Ce savoir-faire ne s'apprend pas à l'école.

Une aide bienvenue

Sur les 653 000 € mobilisés pour les cinq édifices normands choisis, 47 000 € vont à la Briqueterie des Chauffetières. « La Mission Bern a accordé 47 000 €, ce qui correspond à 45 % des besoins. En tout, il y a pour 105-110 000 € de travaux à effectuer. Les propriétaires doivent subvenir à hauteur de 20 %, et après nous avons la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et le Conseil Départemental qui mettent au bout », développe Claude Trianon.

Laurent Fontaine a d’ailleurs été surpris de ce montant. « Je n’y croyais pas vraiment à ce projet. C’est ma femme qui a voulu inscrire notre briqueterie, j’aurais préféré rester caché », avoue-t-il. « Je ne pensais vraiment pas que nos bâtiments allaient intéresser la DRAC. Les bâtiments sont particuliers mais l’extérieur n’est pas très beau ou entretenu. Nous n’avons pas fait de gros travaux depuis 1979-80, c’était mon père qui s’en était occupé à l’époque. »

Les travaux à effectuer concernent les toitures qui sont anciennes, mais aussi la restauration et la consolidation des charpentes nécessaires à leur stabilité. « Et l’un des deux fours ne fonctionne plus, il a même été détruit, il y a quelques années, nous voulons reconstruire à l’identique ce four de cuisson », raconte Claude Trianon.

La Briqueterie existe depuis 1760.

Un futur assez flou

Si ce projet permettra à la briqueterie de vivre plus longtemps, Laurent Fontaine ne sait pas ce qu’elle deviendra par la suite : « Mes enfants ne deviendront pas briquetiers. Ce qui serait bien, ce serait de trouver un apprenti, mais notre savoir-faire ne s’apprend pas à l’école. Mais il me reste au moins dix bonnes années avant d’en arriver là. »

Laurent Fontaine espère que les travaux pourront commencer au printemps. Ce projet devrait se faire sur plusieurs années et la Briqueterie des Chauffetières devrait bientôt retrouver sa jeunesse.

Source Actu par Mathilde SIMOËN