Sous la pression du gouvernement, les chantiers reprennent au compte-gouttes dans le secteur du bâtiment. Mais faute de masques, la protection des salariés ne peut être globalement assurée. Entre impératifs économiques et absolue nécessité de sécurité sanitaire, le débat fait rage.
Attention, sujet très sensible. Soutenue par le gouvernement, la reprise annoncée des chantiers dans le bâtiment provoque gêne et incompréhension dans le secteur, alors que les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour une reprise significative de l’activité à cause du manque criant de masques de protection. "Il n’y a déjà pas assez de masques pour équiper les soignants dans les hôpitaux. Dès lors, c’est impensable d’envoyer sur les chantiers près de 2 millions de salariés du BTP dont on sait pertinemment qu’ils ne seront pas équipés !", s’indigne Mathieu Dougoud, membre de la commission exécutive fédérale de la CGT construction. D’après lui, les intérêts économiques "ont repris le dessus ces derniers jours sur la sécurité sanitaire des salariés".
SÉCURITÉ SANITAIRE VS ÉCONOMIE
Selon les estimations des professionnels du secteur, environ 10 % des chantiers ont pour l’instant repris, principalement des travaux d’urgence et des petits chantiers mobilisant peu d’ouvriers. Mais à grande échelle, la reprise semble tout simplement impossible tant les contacts humains sont nombreux sur les grands projets. "Sur un chantier, on se prête des outils, on se change dans les mêmes bungalow, on porte des charges lourdes à plusieurs : impossible dans ce cadre de se passer de masques de protection, de gants, et de garder les distances de sécurité", explique Mathieu Dougoud.
Du côté des chefs d’entreprises du bâtiment, on est gêné aux entournures. Ils sentent bien que si l’arrêt des activités durait trop longtemps, les conséquences économiques seraient désastreuses : "Il peut y avoir des risques de faillite, certaines entreprises sont déjà en difficulté : le secteur de la construction a connu une crise entre 2008 et 2016, puis il y a eu les gilets jaunes, les grandes grèves de décembre 2019 et le Covid-19… ça fait beaucoup !", explique Patrick Liébus, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Mais, clarifie-t-il, "il n’est pas question de renvoyer nos salariés sur les chantiers en prenant des risques sanitaires". "On veut protéger nos gars", abonde une porte parole de la Fédération française du bâtiment (FFB).
LE RISQUE D'UN COÛT ÉLEVÉ POUR L'ETAT
Problème, "certains maîtres d’ouvrages privés (Promoteurs, aménageurs, société immobilière ou foncière NDLR) font pression pour reprendre les activités", indique une source bien informée du secteur. Et que dire du gouvernement qui a fustigé par le biais de la ministre du Travail Muriel Pénicaud le "défaitisme" du secteur de bâtiment, parlant même de manque de "civisme" lorsqu’entreprises et salariés du BTP avaient appelé à l’unisson à stopper l’activité après l’annonce du confinement par Emmanuel Macron... Le message compris était que seuls les déplacements sur le lieu de travail pour les activités essentielles à la nation (alimentation, santé…) seraient maintenus. Et donc que le BTP, en tant qu’activité non essentielle, pouvait mettre ses salariés au chômage partiel.
Mais l’exécutif ne l’entendait pas de cette oreille. "Le gouvernement s’est rendu compte que ça allait lui coûter extrêmement cher si toutes les entreprises à l’activité 'non essentielle' mettaient leurs salariés au chômage partiel", indique une source proche des discussions. Au premier rang desquelles les entreprises du bâtiment qui, en plus d’être particulièrement sensibles aux aléas de la conjoncture économique, emploient des centaines de milliers de salariés et représentent 6 % du PIB français. La note s’annonçait donc particulièrement salée pour le gouvernement.
Source Mariane par Mathias Thépot
Attention, sujet très sensible. Soutenue par le gouvernement, la reprise annoncée des chantiers dans le bâtiment provoque gêne et incompréhension dans le secteur, alors que les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour une reprise significative de l’activité à cause du manque criant de masques de protection. "Il n’y a déjà pas assez de masques pour équiper les soignants dans les hôpitaux. Dès lors, c’est impensable d’envoyer sur les chantiers près de 2 millions de salariés du BTP dont on sait pertinemment qu’ils ne seront pas équipés !", s’indigne Mathieu Dougoud, membre de la commission exécutive fédérale de la CGT construction. D’après lui, les intérêts économiques "ont repris le dessus ces derniers jours sur la sécurité sanitaire des salariés".
SÉCURITÉ SANITAIRE VS ÉCONOMIE
Selon les estimations des professionnels du secteur, environ 10 % des chantiers ont pour l’instant repris, principalement des travaux d’urgence et des petits chantiers mobilisant peu d’ouvriers. Mais à grande échelle, la reprise semble tout simplement impossible tant les contacts humains sont nombreux sur les grands projets. "Sur un chantier, on se prête des outils, on se change dans les mêmes bungalow, on porte des charges lourdes à plusieurs : impossible dans ce cadre de se passer de masques de protection, de gants, et de garder les distances de sécurité", explique Mathieu Dougoud.
Du côté des chefs d’entreprises du bâtiment, on est gêné aux entournures. Ils sentent bien que si l’arrêt des activités durait trop longtemps, les conséquences économiques seraient désastreuses : "Il peut y avoir des risques de faillite, certaines entreprises sont déjà en difficulté : le secteur de la construction a connu une crise entre 2008 et 2016, puis il y a eu les gilets jaunes, les grandes grèves de décembre 2019 et le Covid-19… ça fait beaucoup !", explique Patrick Liébus, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Mais, clarifie-t-il, "il n’est pas question de renvoyer nos salariés sur les chantiers en prenant des risques sanitaires". "On veut protéger nos gars", abonde une porte parole de la Fédération française du bâtiment (FFB).
LE RISQUE D'UN COÛT ÉLEVÉ POUR L'ETAT
Problème, "certains maîtres d’ouvrages privés (Promoteurs, aménageurs, société immobilière ou foncière NDLR) font pression pour reprendre les activités", indique une source bien informée du secteur. Et que dire du gouvernement qui a fustigé par le biais de la ministre du Travail Muriel Pénicaud le "défaitisme" du secteur de bâtiment, parlant même de manque de "civisme" lorsqu’entreprises et salariés du BTP avaient appelé à l’unisson à stopper l’activité après l’annonce du confinement par Emmanuel Macron... Le message compris était que seuls les déplacements sur le lieu de travail pour les activités essentielles à la nation (alimentation, santé…) seraient maintenus. Et donc que le BTP, en tant qu’activité non essentielle, pouvait mettre ses salariés au chômage partiel.
Mais l’exécutif ne l’entendait pas de cette oreille. "Le gouvernement s’est rendu compte que ça allait lui coûter extrêmement cher si toutes les entreprises à l’activité 'non essentielle' mettaient leurs salariés au chômage partiel", indique une source proche des discussions. Au premier rang desquelles les entreprises du bâtiment qui, en plus d’être particulièrement sensibles aux aléas de la conjoncture économique, emploient des centaines de milliers de salariés et représentent 6 % du PIB français. La note s’annonçait donc particulièrement salée pour le gouvernement.
Source Mariane par Mathias Thépot
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