Le Pays d’art et d’histoire transfrontalier a organisé une visite dans la dernière briqueterie du Vallespir. L’occasion d’apprendre que Sainte-Marcelle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Une sacrée annonce. À l’occasion d’une visite organisée par le Pays d’art et d’histoire transfrontalier Les vallées catalanes du Tech et du Ter, dans la dernière briqueterie du Vallespir, la guide conférencière de l’entité, Julie Schlumberger, annonçait la nomination de la briqueterie Sainte- Marcelle au patrimoine culturel immatériel pour son savoir-faire*. Une telle reconnaissance n’existe, au départ, que par l’existence d’une convention de l’Unesco, signée par la France et par 176 autres États, afin de sauvegarder ce patrimoine culturel immatériel qui recouvre entre autres l’artisanat traditionnel ayant une pratique vivante. C’est à ce titre que la briqueterie a été retenue car elle perpétue depuis le XVIIIe siècle un savoir-faire familial de modèles de terre cuite servant de référence, dont le cayrou, cette brique pleine de grande dimension qui a fortement marqué le paysage architectural traditionnel catalan. Et c’est la dernière à le pratiquer dans le Roussillon, grâce à la compétence de ses trois briquetiers. Elle entre ainsi dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel français, aux côtés de 405 autres pratiques (25 % concernent le savoir-faire artisanal). C’est surtout le seul savoir-faire lié à l’artisanat dans toute l’Occitanie.
En immersion
La visite de la briqueterie pouvait alors démarrer, toujours en compagnie de Julie et de Franck Denaclara, le gérant. Les visiteurs ont pu découvrir l’ensemble des étapes de la fabrication d’une brique, c’est-à-dire ce savoir-faire unique maintenu et protégé par cette famille de briquetiers Fite-Colomines et ses ouvriers (voir l’encadré). La briqueterie couvre tous les aspects de la fabrication : de l’extraction de l’argile à Vivès (sur une propriété de la famille), jusqu’à la cuisson dans l’impressionnant four Hoffmann chauffé aujourd’hui au fioul. Quatre éléments sont nécessaires dans la fabrication : la terre et l’eau (pour en faire une pâte qui sera alors compressée, moulée et découpée). Puis intervient l’air pour le séchage (6 mois) et l’étape du feu. Un millier de tonnes de briques sortent du four (à 1 000 degrés) dans l’année lors de 2 à 3 cuissons par an. Cette étape dure, à chaque fois, 5 jours (signalée par le panache de fumée s’échappant de la haute cheminée). Pendant la cuisson, le cayrou gris devient rouge par l’oxydation du fer. Mais il ne faut pas non plus oublier la main de l’homme qui intervient dans le cas de tuiles traditionnelles (un travail de lissage à main nue offre une garantie contre le gel). Depuis le XVIIIe siècle, certains produits sont réglementés (pour toutes les briqueteries). Le cayrou, la tuile traditionnelle et la grande rajole (du nom catalan rajola : la brique, plus petite que le cayrou, version roussillonnaise du mot catalan cairo, signifiant carreau) répond à des mesures strictes : 5 cm d’épaisseur par 44 cm de longueur sur 22 de largeur, soit la moitié d’une brique romaine pour le cayrou.
Maillol, Picasso…
La briqueterie de Sainte-Marcelle poursuit la fabrication des produits traditionnels nécessaires aux monuments historiques (palais des rois de Majorque, château de Salses ou le fort Libéria…) et aux édifices privés qui les ont employés et qui veulent procéder à des réparations. Elle s’adapte aussi à des demandes spécifiques. De nombreux artistes ont utilisé ce four pour la réalisation de certaines de leurs œuvres comme Maillol, Manolo, Violet et même Picasso. Voilà donc une reconnaissance bien méritée et une visite pleine d’intérêt.
* Il a fallu la démarche du Pays d’art et d’histoire transfrontalier Les vallées catalanes du Tech et du Ter pour initier et porter le projet, soutenu par le CAUE 66 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement) afin de réaliser l’important dossier pour sa reconnaissance.
Source L'Indépendant
Une sacrée annonce. À l’occasion d’une visite organisée par le Pays d’art et d’histoire transfrontalier Les vallées catalanes du Tech et du Ter, dans la dernière briqueterie du Vallespir, la guide conférencière de l’entité, Julie Schlumberger, annonçait la nomination de la briqueterie Sainte- Marcelle au patrimoine culturel immatériel pour son savoir-faire*. Une telle reconnaissance n’existe, au départ, que par l’existence d’une convention de l’Unesco, signée par la France et par 176 autres États, afin de sauvegarder ce patrimoine culturel immatériel qui recouvre entre autres l’artisanat traditionnel ayant une pratique vivante. C’est à ce titre que la briqueterie a été retenue car elle perpétue depuis le XVIIIe siècle un savoir-faire familial de modèles de terre cuite servant de référence, dont le cayrou, cette brique pleine de grande dimension qui a fortement marqué le paysage architectural traditionnel catalan. Et c’est la dernière à le pratiquer dans le Roussillon, grâce à la compétence de ses trois briquetiers. Elle entre ainsi dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel français, aux côtés de 405 autres pratiques (25 % concernent le savoir-faire artisanal). C’est surtout le seul savoir-faire lié à l’artisanat dans toute l’Occitanie.
En immersion
La visite de la briqueterie pouvait alors démarrer, toujours en compagnie de Julie et de Franck Denaclara, le gérant. Les visiteurs ont pu découvrir l’ensemble des étapes de la fabrication d’une brique, c’est-à-dire ce savoir-faire unique maintenu et protégé par cette famille de briquetiers Fite-Colomines et ses ouvriers (voir l’encadré). La briqueterie couvre tous les aspects de la fabrication : de l’extraction de l’argile à Vivès (sur une propriété de la famille), jusqu’à la cuisson dans l’impressionnant four Hoffmann chauffé aujourd’hui au fioul. Quatre éléments sont nécessaires dans la fabrication : la terre et l’eau (pour en faire une pâte qui sera alors compressée, moulée et découpée). Puis intervient l’air pour le séchage (6 mois) et l’étape du feu. Un millier de tonnes de briques sortent du four (à 1 000 degrés) dans l’année lors de 2 à 3 cuissons par an. Cette étape dure, à chaque fois, 5 jours (signalée par le panache de fumée s’échappant de la haute cheminée). Pendant la cuisson, le cayrou gris devient rouge par l’oxydation du fer. Mais il ne faut pas non plus oublier la main de l’homme qui intervient dans le cas de tuiles traditionnelles (un travail de lissage à main nue offre une garantie contre le gel). Depuis le XVIIIe siècle, certains produits sont réglementés (pour toutes les briqueteries). Le cayrou, la tuile traditionnelle et la grande rajole (du nom catalan rajola : la brique, plus petite que le cayrou, version roussillonnaise du mot catalan cairo, signifiant carreau) répond à des mesures strictes : 5 cm d’épaisseur par 44 cm de longueur sur 22 de largeur, soit la moitié d’une brique romaine pour le cayrou.
Maillol, Picasso…
La briqueterie de Sainte-Marcelle poursuit la fabrication des produits traditionnels nécessaires aux monuments historiques (palais des rois de Majorque, château de Salses ou le fort Libéria…) et aux édifices privés qui les ont employés et qui veulent procéder à des réparations. Elle s’adapte aussi à des demandes spécifiques. De nombreux artistes ont utilisé ce four pour la réalisation de certaines de leurs œuvres comme Maillol, Manolo, Violet et même Picasso. Voilà donc une reconnaissance bien méritée et une visite pleine d’intérêt.
* Il a fallu la démarche du Pays d’art et d’histoire transfrontalier Les vallées catalanes du Tech et du Ter pour initier et porter le projet, soutenu par le CAUE 66 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement) afin de réaliser l’important dossier pour sa reconnaissance.
Source L'Indépendant
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