La briqueterie du Pic à Saint-Palais, la dernière du Cher, va déménager dans la Brenne en juillet. Les briquetiers vont multiplier par quatre leur production.
En juillet, la briqueterie du Pic va quitter Saint-Palais pour l’Indre. Les dernières briques sortiront du four fin juin. Céline et Cyril Desmoulières sont devenus propriétaires de l'unique briqueterie de l'Indre, datant du même siècle, qui avait fermé ses portes il y a deux ans. Il continueront à faire extraire la terre du Cher dans leur carrière, qu'ils peuvent exploiter au moins encore vingt ans. « Elle est idéale pour faire des pièces de qualité ! », assure Céline. Le tout sera convoyé à 143 kilomètres de là, à Ruffec-le-Château.
En quoi c'est un évènement ?
C'est la dernière briqueterie du Cher et ce fut l’une des plus grandes d’Europe, qui a fait travailler jusqu’à soixante salariés au plus fort de son activité. Cyril Desmoulières détient un savoir-faire familial vieux de 191 ans, puisque ses ascendants ont acheté la briqueterie en 1828. Lui, a ouvert la briqueterie en 2006, après avoir fabriqué de la porcelaine pendant deux ans. L'histoire de cette briqueterie dans le Cher a débuté en 1737, elle s’achève donc en 2019.
La 150e cuisson de la briqueterie du Pic à Saint-Palais
« Aujourd’hui, la briqueterie du Pic va se développer, on sent qu’on est attendu par tous les acteurs de l’Indre, nous avons hâte. » Que feront-ils dans la Brenne ?
Céline et Cyril vont pouvoir produire quatre fois plus de briques qu’aujourd’hui, et espèrent même embaucher. « C’est une grande et très belle briqueterie placée en bordure d’une route touristique !, décrit Céline. Elle fait le double de celle-ci (1.200 m2), le plus petit des deux fours est deux fois plus grand que celui qu’on a. Il y a aussi des séchoirs qui peuvent être alimentés par l’air des fours. On avait envisagé d’en acheter, mais c’est coûteux. Et il y a même un showroom qui me motive à relancer mon activité céramique (sa spécialité d’origine, NDLR), et à réaliser de la gravure sur verre. »
« Aujourd’hui, la briqueterie du Pic va se développer, on sent qu’on est attendu par tous les acteurs de l’Indre, nous avons hâte », décrit Céline.
Quels liens garderont-ils avec le Cher ?
Des carreaux, des plaquettes de parement vieilli, des tomette continueront à être vendus aux particuliers et professionnels de toute la France (*), dont de nombreux clients du Cher. Le couple reste propriétaire de celle du Cher et compte louer le hangar principal, sans le matériel, qu'il emporte. Cyril, qui travaillait encore il y a quelques semaines avec le coupeur de briques de son grand-père avant que la machine ne rendre l’âme, a conscience de laisser l’usine familiale. Mais il a envie d’aller « respirer l’air de la Brenne ».
Quelle est la réaction du maire ?
Ce départ intervient bien après une bataille entre Véolia et de nombreux habitants de la commune, qui, notamment entre 2014 et 2016, étaient incommodés par des émanations de sulfure d’hydrogène dans l’atmosphère, issues d’un site de stockage de centre d’enfouissement de déchets, à Saint-Palais. Les briquetiers, eux, ne souhaitent plus s’exprimer à ce sujet.
Le maire, Bernard Ozon, se dit « ennuyé qu’ils s’en aillent » parce que « c’est tout une histoire de Saint-Palais qui s’en va ». Il assure ne plus recevoir de plainte des habitants et rappelle : « les analyses qu’on a demandées (Lig’Air, 2018) ont révélé que la qualité de l’air était aussi bonne qu’ailleurs. Il y a de rares odeurs d’ordures, mais le problème est résolu. »
Chloé Delattre, directrice de secteur chez Véolia, assurait en mai 2018 qu’« il n’y a aucun danger pour la santé publique ». Recontactée, elle ne souhaite pas s’exprimer à nouveau.
Source Le Berry Républicain par Christelle Marilleau
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire