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06/03/2018

Lettre de conjoncture de l'Unicem: Un mois de janvier difficile… à interpréter

Après une fin d’année 2017 plutôt dynamique, les premières données du mois de janvier délivrent des signaux assez difficiles à interpréter du point de vue conjoncturel, et ce, pour plusieurs raisons : la première tient au contexte climatique et aux crues et inondations qui ont fortement perturbé l’activité.
En effet, de nombreuses carrières ont dû fermer en raison d’installations “submergées” tandis que des unités de production de BPE en Île-de-France ont été contraintes d’arrêter leur activité face à l’impossibilité d’être approvisionnées en granulats par la Seine.
La seconde difficulté vient du fait que l’activité du mois de janvier 2017 avait déjà été très sensiblement ralentie par une offensive hivernale, rendant ainsi la comparaison sur un an délicate. Pour autant, la meilleure orientation conjoncturelle ne semble pas devoir être remise en cause. Si la deuxième partie de janvier a été très impactée (et sans doute aussi une partie du mois de février avec, en plus, l’arrivée de la neige), l’activité du début de l’année, quant à elle,semble s’être amorcée sur un rythme plutôt vigoureux.

Après le froid en janvier 2017, la pluie en janvier 2018
Selon Météo France, les cumuls de précipitations ont atteint des niveaux exceptionnels sur une grande partie du pays, dépassant une fois et demie les normales de saison.
En moyenne sur la France, la pluviométrie cumulée sur les mois de décembre et janvier est ainsi la plus forte enregistrée depuis 1959 et présente un excé- dent supérieur à 60 %.
Déjà excédentaires en décembre, les précipitations de janvier sont tombées sur des sols “saturés”, phénomène certes assez classique en hiver, mais exceptionnel cette année par sa durée et son étendue sur le territoire.
Dans un tel contexte, de nombreuses installations de carrières ont été inondées en France et, en région parisienne, la crue de la Seine a stoppé les trafics fluviaux de granulats qui alimentent les centrales à béton, dont la plupart ont dû fermer.
A l’arrêt depuis le 20 janvier environ, certains sites n'ont toujours pas ré-ouvert à ce jour, la décrue étant lente et la remise en état difficile.
Des surcoûts d'exploitation et de transport seront à déplorer, ce d'autant que l'arrivée de la neige début février est venue rajouter aux difficultés logistiques existantes, compliquant la mise en place du report modal par la route.
Ainsi, en janvier, l’activité granulats aurait affiché une baisse de - 7,8 % par rapport au mois de décembre (données cvs-cjo) et une hausse de + 1,6 % par rapport au mois de janvier 2017, particulièrement bas en raison d’intempéries hivernales.
Sur les trois mois de novembre à janvier, l’activité se stabilise par rapport aux trois mois précédents (- 0,4 %) mais reste en hausse de + 2,6 % au regard du même trimestre d’il y a un an.
Signe que la demande est restée vigoureuse, les livraisons de BPE ont malgré tout affiché une hausse de + 1,2 % par rapport à décembre et de + 13,5 % par rapport à janvier 2017 (certes très bas), certaines productions en “bord à quai” ayant pu être transférées sur des sites “terrestres”. Sur les trois derniers mois, les livraisons de BPE demeurent nettement haussières, de + 2,4 % par rapport aux trois mois précédents et de + 9,8 % sur un an.

Le bâtiment reste solide
Pour le deuxième mois consécutif, l’enquête de l’INSEE dans l’industrie du bâtiment menée en février traduit une légère inflexion de la confiance.
Bien que restant très au-dessus de son niveau moyen de long terme, l’indicateur du climat des affaires faiblit un peu et les professionnels jugent leurs carnets de commandes un peu moins garnis même s’ils estiment que, compte tenu de leurs effectifs, ces derniers leur assurent 7,4 mois de travail, soit un niveau plus élevé qu’en janvier et surtout nettement supérieur à la moyenne de long terme (5,5 mois).
En dépit de ce tassement général, l’activité demeure très bien orientée, notamment dans le segment du logement et du gros-œuvre, où les carnets affichent deux mois de plus que leur niveau moyen (à 8,2 mois, soit un point haut depuis le début de l’enquête).
Si la dynamique constructive reste soutenue dans le segment du non résidentiel, elle affiche il est vrai des signes de tassement dans le secteur du résidentiel.
Ainsi, selon les dernières données de commercialisation des logements neufs parues pour le quatrième trimestre, les réservations seraient en repli de 3,8 % par rapport à il y a un an.
Ce recul concerne à la fois le collectif (- 2,9 %) et l’individuel (- 12,9 %). 
Toutefois, sur l’ensemble de l’année 2017, la tendance reste haussière avec des ventes en progression de + 2,1 %, soit près de 130 000 logements au total, dont 92 % sont des appartements.
Dans le même temps, les mises en vente ont sensiblement reculé, de - 13,2 % au quatrième trimestre et de - 4,3 % sur l’ensemble de l’année (pour un total de 29 100).
Cet ajustement permet ainsi aux promoteurs de stabiliser les stocks à fin 2017. En effet, avec 104 000 logements proposés à la vente fin 2017, dont seulement 10 % sont des maisons individuelles, l’encours est quasi stable par rapport à 2016 (+ 0,4 %).
À noter que parmi ces stocks, moins d’un tiers (30 %) sont effec tivement construits, le reste restant pour le moment à l’état de projet. En un an, les délais d’écoulement de ces stocks n’ont pas varié, restant de 9,6 mois pour les appartements et de 10,2 mois pour les maisons, et ce, dans un contexte de stabilité des prix des appartements neufs (à 4000 euros en moyenne le m²) et d’une hausse des prix des maisons (269 000 euros en moyenne, soit + 5,9 % en un an). Reste à savoir si, en dépit de conditions de crédit qui restent attractives début 2018, le recentrage des mesures fiscales, et notamment du Pinel, ne vont pas freiner la dynamique des ventes de logements aux investisseurs, qui représentaient 57 % des réservations au troisième trimestre 2017.

Source Unicem

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