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24/02/2018

Aizenay - briqueterie de la Gombretière - Terres cuites, la briqueterie qui défie le temps

Jean-Paul Gauvrit (à gauche), en compagnie de trois de ses salariés. Ils enfournent très délicatement, selon des règles très précises, des carreaux d'argile, avant d'allumer les fours.

Du château de Chambord au Puy du Fou en passant par Dubaï, des artisans aux particuliers, la briqueterie de la Gombretière séduit tout le monde.

Elle semble éternelle. Comme si elle avait toujours été là. Et comme si elle était destinée à rester là encore de très nombreuses années. Plus de cent cinquante ans que la briqueterie de la Gombretière a élu domicile ici, qu'elle fabrique carreaux d'argile, tuiles et autres briques de couleur ocre ou rose, aux teintes fumées, résultat d'une cuisson au bois. Un emplacement qui ne doit rien au hasard.

Quand Pierre Gauvrit, chaufournier de son état, décide de s'installer là, en 1868, « il a de très bonnes raisons de le faire », résume Jean-Paul, l'un de ses descendants, 6e génération de Gauvrit à usiner des pièces d'argile. « La première raison, dit Jean-Paul, qui gère la briqueterie avec son frère Pascal, c'est la proximité de la forêt, qui permettait d'avoir du bois, le combustible nécessaire pour le four. » Et puis, il y a les gisements d'argile.

La présence de Pierre dans les murs
Parce qu'elle dispose toujours de ses gisements d'argile, même si elle en exploite de nouveaux, la briqueterie n'a jamais changé d'adresse. Et son métier est resté strictement le même. Comme un pied de nez au temps qui passe, aux technologies qui bouleversent la marche du monde.

Ici, à la Gombretière, on continue de façonner des pièces d'argile et de les cuire dans les antiques fours de la briqueterie. Tout semble d'époque, presque dans son « jus ». On ressent presque la présence de Pierre dans les murs.

C'est peut-être ce parfum d'éternité, d'authenticité, de sincérité, qui plaît tant aux clients. Car la briqueterie, 600 000 € de chiffre d'affaires bon an mal an, huit salariés, tourne à plein régime, ses fours ne désemplissent pas.

Trente à trente-cinq fois dans l'année, ils cuisent trente tonnes de produits divers. Des carreaux d'argile pour l'essentiel, « à près de 80 % », souligne Jean-Paul, plus que des briques ou des tuiles.

Des carreaux pour tout type de clients, artisans (carreleurs, maçons...) comme particuliers, ceux qui ont le goût des belles choses, « parfois une fibre écologique, et qui apprécient ce matériau incomparable, indémodable, chaleureux, et non standardisé », souligne Jean-Paul Gauvrit.

La briqueterie fait également autorité dans le monde assez fermé des monuments historiques, où l'on cherche à pérenniser des oeuvres qui, elles aussi, défient le temps et font partie du patrimoine.

Il y a quelques années, c'est le château de Chambord qui a fait appel à la briqueterie. Elle a fabriqué des dalles pour le château d'Angers ou celui de Fontainebleau, est intervenue pour le magnifique domaine de la Garenne Lemot, à Clisson.

Au Puy du Fou, on connaît bien aussi l'adresse de cette briqueterie. « On est intervenu plusieurs fois, pour le village XVIIIe, la forge de l'an 1000, la rénovation d'un four à pain », énumère Jean-Paul Gauvrit,

Plus récemment, c'est une boutique de prêt-à-porter de Dubaï qui a frappé à la porte de la briqueterie. Quasiment cinq mois de boulot pour un travail très fin et personnalisé, un beau contrat à la clé, mais surtout l'immense fierté d'exporter son travail et son savoir-faire dans les Émirats arabes.

Une belle fierté pour la petite briqueterie en bordure de la quatre voies. On n'a sans doute pas fini de voir flotter le panache de fumée noire au-dessus de la briqueterie d'Aizenay. 

Source Ouest France par Philippe Ecalle.

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