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26/12/2017

A Lille, Paolo Tarabusi innove là où tout a été dit

En détournant l’utilisation d’un matériau là où tout semblait avoir été fait et dit, Paolo Tarabusi établit le lien de l’ouvrage avec l’histoire du lieu tout en affirmant sa contemporanéité. Conçu par l’atelier Tarabusi et livré en juin 2017, Le Doge, un bâtiment de bureaux d’environ 5 100 m² destiné à des jeunes start-ups, propose une architecture inattendue, inventive et pertinente.

Le Doge est situé dans la ZAC des Rives de la Haute Deûle à Lille, au coeur d’Euratechnologies. Le concours (2011) imposait une contrainte très forte pour l’utilisation de la terre cuite, matériau historique de l’environnement immédiat et de la région.

Juste en face de l’ancienne usine Le Blan-Lafont, le contexte est caractérisé par la présence de bâtiments industriels de grande taille, réhabilités ou en cours de transformation, et par la petite échelle des maisons ouvrières en bande. Plus récemment, l’aménagement urbain lié à la ZAC de la Haute Deûle a introduit, au travers de nouvelles opérations, un riche éventail de gabarits intermédiaires.

Dans cette variété urbaine, sauf rares exceptions, un seul matériau, la terre cuite, déclinée sous diverses formes, unifie et relie les différents volumes, programmes et époques.

Désireux de proposer autre chose qu’un bâtiment en béton revêtu de briques de parement, le parti pris de Paolo Tarabusi a été d’exploiter une gamme d’éléments de construction en terre cuite «monolithe», sorte de briques creuses géantes hautes d’un étage, utilisées habituellement pour les bâtiments agricoles et l’habitat individuel.

En collaboration avec le fabricant et moyennant quelques ajustements minimes sur la chaîne de production, une brique de 33x20x280 cm. a été conçue et produite pour ce chantier. Un ingénieux système de montage a permis de poser la brique à sec, sans mortier ni ossature de support, rapidement et dans le respect de l’économie du projet.

Auto-porteurs, déclinés 1 500 fois et séparés régulièrement par autant de vitrages, ces éléments donnent à la façade son rythme, son caractère poreux, et son aspect à la fois massif et ajouré.

Pour correspondre à la hauteur d’étage d’un plateau de bureaux, le dessin de la façade est complété par un bandeau en béton préfabriqué blanc à chaque nez de dalle, évocation de la pierre intégrant l’appareillage en brique de l’architecture traditionnelle locale.

En raison de leur intervalle, les briques génèrent des ombres sur la façade qui protègent le bâtiment de la surchauffe en été. L’inertie thermique des planchers béton ainsi que l’habillage bois des parois intérieures participent également au confort d’usage au long de l’année de ces bureaux «à l’allure industrielle», pour citer Paolo Tarabusi, sans climatisation ni faux plafonds et faux planchers.

Le chantier a démarré en janvier 2016, le premier bâtiment étant livré dès janvier 2017, le second en juin 2017.

Source Chroniques Architecture


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