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02/09/2017

Loi travail xxl. La CGT sur les rails de la mobilisation

Alors que la CGT était reçue hier après-midi au ministère du Travail pour évoquer les ordonnances, le syndicat prépare déjà une rentrée combative.

La préparation de la mobilisation bat son plein à la CGT. Alors que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, consulte patronat et syndicats depuis cette semaine autour de la réforme du Code du travail, en prenant bien soin d’accueillir le Medef en premier. Le syndicat, reçu hier après-midi, élabore déjà la riposte avant la mobilisation du 12 septembre prochain. Ce mercredi, l’union départementale de la CGT de Paris organisait aussi une réunion débat à la bourse du travail pour réactiver la machine. « On veut redonner un élan pour préparer la rentrée syndicale, on va y aller crescendo jusqu’à la journée d’action », explique Benoît Martin, secrétaire de l’union départementale de Paris.

Pour rallier les salariés, un travail de décryptage de cette loi travail XXL, qui recèle son quota de chausse-trappes, est opéré devant une centaine de représentants du personnel. « On dénonce cette opacité du gouvernement de mener ces rendez-vous en période estivale, ajoute Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l’Ugict-CGT. Ils nous donnent 150 pages au début de la séance et les reprennent à la fin. Avec la loi El Khomri, quand chacun a pu s’approprier son contenu, ça a fait la différence dans la mobilisation. » Décryptées par le syndicat, les avancées sociales vantées par Emmanuel Macron dans la refonte du Code du travail s’écroulent une à une. En prétendant simplifier la loi, c’est plutôt une flexibilisation accrue du marché du travail qui se profile.

« Ça bouge du côté de la RATP, de la SNCF... »

Les dangers sont résumés en trois axes. Premier point abordé : la généralisation de l’inversion de la hiérarchie des normes et la fin du principe de faveur qui stipule qu’entre l’accord d’entreprise et celui de branche, c’est le plus favorable qui s’applique. La prise de pouvoir de l’employeur, notamment via l’extension du référendum d’entreprise et la fusion des instances représentatives du personnel (IRP), tout comme la mise à mort du CDI sont également décortiquées. « La stratégie du gouvernement, c’est de fataliser, il faut de notre côté qu’on essaie d’accentuer la prise de conscience. Le président, en début de mandat, ne peut pas se permettre d’être impopulaire », constate Sophie Binet. La résistance s’organise. « Ça bouge du côté de la RATP, de la SNCF, FO transports a aussi appelé à la journée d’action du 12 septembre », précise Benoît Martin. Pas besoin de le dire deux fois à Jean-Marc Follet, de la fédération CGT de l’agroalimentaire. « Cette manifestation ne suffit pas. Il faut qu’il y ait des grèves et des débrayages dans les entreprises. Nous sommes toujours en action dans le secteur : il y a eu des mouvements avant les conditions de travail chez Ladurée, chez France Boissons… On ne va pas laisser faire ce recul de trente ans en arrière. » La motivation est aussi là, chez les soignants de l’hôpital Adélaïde-Hautval à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise). « Même si nous sommes aussi dans une sorte d’épuisement psychologique, souligne Sylvie Lefelle, secrétaire CGT du CHSCT de la structure. Notre hôpital est un des trois condamnés par la création du futur grand hôpital Paris-Nord. » De leur côté, Solidaires, Attac, le DAL, Agir ensemble contre le chômage et le MNCP ont également appelé à manifester en marge de l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines) le 30 août prochain. « Jamais la collusion entre les sommets de l’État et le Medef n’a été aussi importante », expliquent-ils dans un communiqué. Pour le président, en chute libre dans les sondages, la rentrée s’annonce agitée.

Source L'Humanité par Cécile Rousseau

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