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16/11/2016

LE (PETIT) PRIX DU HARCÈLEMENT

Un ex-cadre commercial d’une société alsacienne spécialisée dans la fabrique de tuiles et de briques vient d’obtenir la condamnation de son ancien employeur pour harcèlement moral.
Claude Wroblewski revient de loin. Cet habitant de Seichamps de 56 ans est carrément un survivant. Le 7 mai 2011, il s’est mis une corde autour du cou. Bien décidé à en finir. « J’habite à côté d’un centre équestre et je dois la vie à des chevaux qui se sont mis à hennir. Cela a alerté mon voisin qui est venu me décrocher », raconte, au bord des larmes, le quinquagénaire qui est marié et père de deux enfants.
Selon lui, sa tentative de suicide est la conséquence directe de quatre années de harcèlement moral subi au boulot. Il était cadre commercial dans une société alsacienne spécialisée dans la fabrique de tuiles et de briques. Son supérieur hiérarchique lui aurait fait vivre un enfer.
Claude Wroblewski l’accuse de lui avoir mis une pression de tous les instants. En lui envoyant des mails incessants. A toute heure du jour et de la nuit. Y compris les week-ends et durant les vacances. Le quinquagénaire affirme aussi avoir été poussé à bout par des propos humiliants et des critiques permanentes.
Après avoir essayé de mettre fin à se jours, il a été hospitalisé durant de longs mois dans une unité psychiatrique puis en maison de convalescence. Il a ensuite tenté de reprendre son activité professionnelle. Mais a fait une rechute dans la dépression en septembre 2012. Depuis, il n’a plus été en mesure de revenir dans la vie active. Déclaré inapte par le médecin du travail en 2014, il a été licencié dans la foulée.
Victoire en appel Il s’est alors tourné vers la justice. Il a attaqué son employeur devant le conseil des prud’hommes d’Haguenau. L’entreprise alsacienne s’est défendue en soutenant qu’il n’y avait « aucun lien objectif » entre la tentative de suicide intervenue en dehors des horaires et du lieu de travail et l’activité professionnelle de son employé.
Elle a, de plus, soutenu qu’elle n’était pas restée indifférente à la situation de son salarié. D’une part, une enquête interne a été diligentée Après sa tentative de pendaison pour savoir s’il y avait eu ou non harcèlement. D’autre part, des mesures ont été prises pour qu’il ne soit plus sous l’autorité du même supérieur hiérarchique.
Ces arguments ont convaincu les prud’hommes qui ont débouté l’ex-cadre commercial de Seichamps. Mais ce dernier a saisi la Cour d’appel de Colmar. Et celle-ci lui a donné raison il y a quelques jours. Elle a estimé qu’il y avait bien eu harcèlement moral et que l’entreprise avait eu sa part de responsabilité en ne mettant pas en place « des mesures de prévention ».
« C’est un soulagement. Je respire enfin. C’était très important pour moi d’être reconnu comme victime de harcèlement », réagit Claude Wroblewski. Un bémol toutefois. Il réclamait 650. 000 € d’indemnisation et la Cour d’appel ne lui a accordé que 10. 000 €. « C’est peu. Car on m’a quand même volé mes 10 dernières années de travail, celles sur lesquelles je pouvais asseoir ma retraite », soupire l’ex-cadre commercial dont la vie professionnelle ne s’est jamais remise de cette affaire.
Source L'Est Républicain par Christophe GOBIN

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