Pages

15/03/2016

Etanchéité : assurer l’étanchéité à l’air des parois maçonnées

L’étanchéité à l’air est devenue un critère important et mesurable de la qualité du bâti. La méthode pour l’obtenir dépend étroitement du type de maçonnerie utilisée.

Pour mesurer la perméabilité à l’air de l’enveloppe, la France a mis au point l’expression Q4paSurf en m3/(h.m²). Elle rapporte le taux de fuite sous une différence de 4 Pa, à la surface des parois déperditives au sens de la RT2012.
La RT2012 exige une valeur Q4paSurf ≤ 0,6 m3/(h.m²) en maison individuelle et ≤ 1 m3/(h.m²) en logements collectifs. Q4paSurf est une invention exclusivement française et il n’existe d’ailleurs aucune solution pour une mesure directe de cette grandeur.
Pour l’obtenir, il faut d’abord réaliser une mesure du ?50, la grandeur utilisée par toute l’Europe, sauf la France. Puis la convertir en Q4paSurf par un calcul.
Obtenir Q4paSurf ≤ 0,6 m3/(h.m²) n’est pas difficile
L’exigence de la RT2012 en matière d’étanchéité à l’air n’est pas très contraignante. Mais pour l’obtenir, il faut réfléchir. Toutes les traversées de parois extérieures doivent être traitées. Tous les points singuliers que constituent les limites entre deux ouvrages – entre la menuiserie des portes et fenêtres et la maçonnerie, par exemple – doivent l’être aussi.
Ensuite tout dépend du type de gros œuvre. Parmi les ouvrages en maçonnerie, seul le béton banché est étanche à l’air par nature. Tous les autres ouvrages maçonnés – blocs béton et toutes les parois de briques classiques ou monomur – doivent être étanchées, soit grâce à une membrane rapportée, soit à l’aide d’un enduit étanche à l’air posé sur la face intérieure ou à extérieure de la paroi traitée.

Solution 1 : Béton banché dans des coffrages perdus isolants

Il est possible de construire des maisons individuelles et des petits bâtiments, parfois jusqu’au R+2, en béton banché à l’aide des coffrages perdus isolants.
Une bonne dizaine de solutions sont disponibles sur le marché français. Le coffrage perdu en polystyrène, assurant à la fois une isolation thermique répartie – intérieure + extérieure – et le coffrage des parois en béton est apparu au milieu des années 80 en France.
Depuis trente ans, ces solutions se sont améliorées et offrent désormais des systèmes complets et suffisamment souples pour faire face à toutes les exigences architecturales. Il apparaît d’ailleurs régulièrement de nouvelles solutions.
Réseaux dissimulés
En fonction du plan de l’architecte, les fabricants livrent les accessoires et éléments de coffrage calepinés et repérés, de manière à minimiser les recoupages sur le chantier. A partir d’une dalle finie, ils sont empilés jusqu’à hauteur d’étage.
Le ferraillage est calculé en fonction du bâtiment et des conditions sismiques locales. Les réseaux, gaines électriques, canalisations de chauffage, sont passés dans le coffrage avant coulage. Leurs sorties sont aménagées et traitées pour résister à la pression du béton lors du coulage.
Le béton est coulé. Avec cette méthode, il est possible de construire un niveau par jour.
Intérêt : facilité de mise en œuvre, parfaite étanchéité à l’air et à l’eau de la paroi, dissimulation de toutes les canalisations, ­isolation thermique élevée, excellente performance sismique.

Solution 2 : Les enduits étanches à l’air

Une paroi maçonnée enduite sur une face est étanche à l’air. Les fabricants proposent des enduits spécifiques.
Lorsque la RT2012 est parue, apportant une obligation de mesure d’étanchéité à l’air, les maçons ont inventé quantité de recettes : remplissage des joints verticaux entre les blocs, enduit intérieur + enduit extérieur, etc. Sans se demander si une paroi maçonnée, hourdée et enduite selon les règles de l’Art n’apportait pas une performance d’étanchéité suffisante.
L’UMGO-FFB, le Cerib et le CTMNC ont fini par confier au laboratoire Ginger CEBTP, une campagne d’essais sur différents types de parois maçonnées pour en avoir le cœur net.
Le remplissage des joints est sans influence
Après avoir essayé diverses parois de briques et de blocs béton, la réponse est claire : si les parois extérieures maçonnées sont réalisées dans les règles de l’Art, leur défaut d’étanchéité à l’air ne représente en moyenne que 1% de la perméabilité à l’air d’une maison.
Le type de joints – épais ou minces – et le remplissage des joints verticaux sont sans effet sur le résultat final. Ceci dit, les industriels ont amélioré leurs formulations et proposent désor­mais des enduits intérieurs ou extérieurs plus élastiques. Ce qui minimise les rétractations et garantit une étanchéité à l’air plus fiable dans le temps.
Intérêt : solution parfaitement traditionnelle, en principe ­maîtrisée par toutes les entreprises de maçonnerie. Souple par ­nature, ce qui permet d’épouser à l’extérieur tous les contours d’une architecture même torturée.

Solution 3 : Mise en œuvre de membranes d’étanchéité à l’air

Les membranes destinées à l’étanchéité à l’air des parois maçonnées se posent exclusivement à l’intérieur et s’accompagnent le plus souvent d’une isolation thermique par l’intérieur.
Une membrane d’étanchéité à l’air se pose directement contre la face intérieure nue et froide d’une paroi maçonnée, par marouflage (collage d’une surface légère et souple sur une autre surface solide et rigide). Les membranes ne sont qu’un produit, important, au sein d’un système qui en comporte bien d’autres.
Il faut aussi une solution de collage des lés de membrane entre eux, en général des adhésifs double-face, toutes sortes d’accessoires pour traiter les points singuliers, notamment les traversées des membranes, souvent des œillets élastiques de différents diamètres, les angles rentrants et sortants, l’entourage des conduits, etc.
Il faut également une solution pour assurer l’étanchéité périphérique des membranes lors des jonctions avec d’autres matériaux ou avec les parois adjacentes.
Intégrer les réseaux dans le volume étanche à l’air
La pose des divers réseaux s’effectue dans le volume étanche pour minimiser les traversées de la membrane. Ce qui implique la pose d’une ossature supportant les plaques de plâtre et permettant la création d’un vide technique entre la membrane et les plaques de plâtre, laissant suffisamment d’espace pour passer les réseaux.
Même si cette ossature est principalement fixée au sol et au plafond, il faut quelques fixations au mur : à travers l’isolant thermique intérieur et à travers la membrane d’étanchéité à l’air. Les composants de fixations doivent assurer la rupture du pont thermique et permettre de reconstituer l’étanchéité à l’air de la membrane autour de la traversée.
Intérêt : ménage un vide technique pour les réseaux, assure une parfaite étanchéité à l’air et fait partie d’un système ­comportant tous les accessoires nécessaires. Limite : nul ne sait vraiment quelle sera la durée dans le temps de l’étanchéité à l’air ce ces membranes. La mise en œuvre est ­délicate et requiert beaucoup de soin et d’attention aux détails.

Source : batirama.com / Pascal Poggi / © photo d'ouverture : The Energy Conservatory

Aucun commentaire: