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10/08/2015

TEREAL: 5 000 m2 de terre cuite enherbée à la citadelle d’Amiens

La citadelle d’Amiens sert de rampe de lancement à une invention conjointe de l’agence d’architecture Renzo Piano et de l’industriel de la terre cuite Terreal. Sur 1500 m2 de toiture et 3500 m2 de place, le revêtement Diabolo laisse pousser le gazon entre ses joints.

La terre cuite réconcilie le végétal et le minéral à la citadelle d’Amiens, futur site de l’université de Picardie à compter du printemps 2016, après une opération qui mobilise environ 80 millions d’euros HT sur 17 hectares. Invention conjointe de l’agence d’architecture Renzo Piano et de l’industriel Terreal, Diabolo occupera 3500 m2 sur la place d’armes, et 1500 en toiture de l’ancienne caserne. Cosignataires de l’invention aux côtés de leur employeur, Paul Vincent, associé de Renzo Piano Workshop, et Philippe Malé, responsable du pôle produits de l’industriel, ont développé pour ce projet l’innovation brevetée dans le monde entier.
Appréciation technique expérimentale
Dans les joints d’1,75 cm qui séparent les lattes de 5,75 cm de large, l’herbe ne pousse pas par hasard : l’appréciation technique expérimentale, décrochée par le groupement Screg-Colas avec leur cotraitant Jarbeau, décrit les strates qui tiennent la plate-forme, depuis le fond de forme jusqu’aux panneaux de terre cuite d’1,25 m de long, en passant par le mélange terre pierre, puis la terre végétale, et jusqu’au koleria, la variété de gazon qui a remporté la compétition, parmi quatre concurrentes… Familier des projets de Renzo Piano, l’agronome Claude Guinaudeau a accompagné les essais. Les poseurs de Jarbeau ont ajouté leur propre innovation, pour gagner en productivité : avec cinq rouleaux dont l’écartement reproduit celui des lattes de terre cuite, une machine à bras assure l’ultime compactage après le semis.

Avant l’installation d’un prototype sur le chantier d’Amiens, les premières simulations se sont déroulées à Revel (Haute-Garonne), à côté de l’usine de Terreal spécialisée dans les bardages. Pour adapter le dessin de Paul Vincent aux exigences mécaniques et à une tolérance de dimensionnement limitée à 0,5 mm pour 1,25 m, l’industriel a joué sur deux tableaux : la finesse de la chamotte qui dégraisse les argiles et l’homogénéité de la cuisson. « Ce dernier facteur conditionne le retrait, en phase de séchage, et donc le dimensionnement du diabolo, qui supporte une tolérance beaucoup plus faible que nos produits de bardage », explique Philippe Malé. Les essais ont également porté sur le système de fixation qui constitue le cœur de l’invention : une agrafe auto-calée et auto-stabilisée en polyamide 6. L’industriel est allé jusqu’à intégrer la logistique dans le process, afin de positionner le produit dans le bon sens, lors du déchargement des palettes.
Outre ses qualités techniques et esthétiques, la perméabilité et la capacité de filtration des sols
couverts de Diabolo amènent l’innovation à contribuer à une gestion écologique des eaux pluviales : via un forage dirigé situé en aval de la place d’armes et de la caserne, AIA Ingénierie, chargé des aménagements extérieurs au sein de la maîtrise d’œuvre, a convaincu le maître d’ouvrage d’alimenter les noues qui occuperont le fossé, autour de la citadelle. La prise en main de l’innovation repose aussi sur le plan de gestion que formalisent ensemble la maîtrise d’œuvre et Amiens Métropole, maître d’ouvrage : le déneigement ne souffrira pas le sel, mais Diabolo supporte les tondeuses standard.
La transformation de l’essai d’Amiens a déjà commencé sur un autre projet universitaire prestigieux : toujours accompagné par AIA et Terreal, Renzo Piano prévoit un nouvel espace public couvert de diabolos, à l’Ecole nationale supérieure de Cachan, sur le plateau de Saclay. Au-delà de ces premières références, l’industriel mise sur le modèle de cahier des clauses techniques particulières, dont la rédaction associe Pierre Kerien, chargé des aménagements extérieurs chez AIA Ingénierie.
Source Le Moniteur par Laurent Miguet

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