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02/05/2015

Les Tuileries Woestelandt de Nieurlet racontées par ses anciens salariés

Alors que le destin du site des tuileries Woestelandt, à Nieurlet, est en cours de décision, ses anciens salariés rappellent leurs souvenirs et savoir-faire moins de deux ans après sa fermeture, fin juin 2013. L’histoire du village et son passé industriel furent intimement liés à la vie des anciens établissements.
« Quand on passe devant, on ne peut pas s’empêcher de jeter un coup d’œil aux bâtiments. Cette entreprise, elle était familiale jusqu’au bout. Et quand tout s’est arrêté, évidemment que ça nous a fait mal au cœur. »
Didier Ryckelynck, contremaître, a travaillé une quarantaine d’années aux Tuileries Woestelandt, comme ses frères, et y a même rencontré son épouse. Il y est entré à 16 ans « pour couper du bois », s’est formé « sur le tas » et a gravi les échelons jusqu’à prendre en charge la gestion des équipes, l’entretien du site, la fabrication et la gestion des stocks. Martine Speter, aujourd’hui adjointe à la Culture, fut la secrétaire commerciale et la dernière personne à gérer l’administratif des Tuileries, lorsque le site, à sa fermeture n’accueillait plus que 22 salariés dont 15 Nieurlétois (ils étaient 87 au plus fort de l’activité). Pour elle, les tuiles n’ont plus de secret : « Quand je vois un camion transportant des tuiles, je ne peux pas m’empêcher de vérifier le modèle. À l’usine, notre production était diversifiée. On a vendu plus de mille références : des tuiles, du parement, des accessoires. »
Les établissements Woestelandt sont intimement liés à la vie du village. L’usineWoestelandt a vu le jour en 1867, comme l’indique une lettre de patente autorisant l’exploitation de l’argile signée par Napoléon III ! À cette époque, Nieurlet ne s’appelait pas encore Nieurlet, et était un hameau rattaché à la commune de Lederzeele. Devenu village en 1928, il a profité de son sol argileux pour développer un savoir-faire, comptant jusqu’à quatre tuileries. La fermeture des établissements, après celle des Tuilerie Devynck, du comptoir Tuilier du Nord (appelé Tuilerie de Saint-Momelin), et de la tuilerie des Flandres, a tourné la page du passé industriel florissant nieurlétois.
Les dates clés des établissements Woestelandt
Une histoire familiale née en 1867
Les établissements Woestelandt portent le nom de la famille qui les a créés. Une lettre patente d’autorisation d’exploitation datée de 1867 marque le début des activités. L’agrandissement en 1989
Les propriétaires Joseph et Hubert Woestelandt ouvrent un deuxième site à l’entrée du village et y fabriquent une tuile grand moule baptisée la « Double V ». Au plus fort de son activité, l’usine emploie 87 salariés. Ce deuxième site sera fermée en 2002.
Juin 1992
L’usine fête ses 125 ans et ouvre ses portes aux visiteurs, aux élus et clients. Une grande fête est organisée avec visite du marais en bateau.

Juin 2013
L’usine en liquidation judiciaire ferme ses portes faute de repreneur laissant 22 salariés au chômage. Tous ou presque le sont encore.
Les tuiles qui ont marqué l’histoire
Une invention brevetée :
En 1983, Joseph Woestelandt a inventé et breveté le bardage en terre cuite, un système d’accroche sans vis et sans clou. Le premier modèle fut le « bardatuil », aspect tuile plate.
De Roland-Garros à Bruges :
Les tuiles abîmées étaient concassées pour être rajoutées à la « pâte » de fabrication ou vendue à des sous-traitants. L’un d’eux a fourni la terre battue du Grand-Chelem de tennis à Roland-Garros où les tuiles nieurlétoises ont vécu une seconde vie. Les parements de Woestelandt peuvent aussi être vus sur la salle des concerts de Bruges, ou en Pologne. Avant sa fermeture, l’entreprise avait collaboré avec les Monuments historiques en fournissant des tuiles anciennes fabriquées à la main hand-made.

Les produits :
Avant 1970, l’usine fabriquait surtout des briques creuses,des drains (tuyaux de drainage), des hourdis et des carreaux en terre cuite... Dès 1970, les frères Joseph et Hubert Woestelandt fabriquent des tuiles qui remplacent la brique creuse (tuiles plates, tempête, panne flamande...)... Mille références figuraient au catalogue. « Nos bons produits se vendaient encore », rappelle Martine Speter.
Source La Voix du Nord par Marie Castro

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