Briquetterie d’Atuech : opération sauvetage Le dernier vestige d’un patrimoine industriel disparu est aujourd’hui à la vente.
Source Le Midi Libre par ÉDITH LEFRANC
A ccolée à une maison, cette ancienne fabrique de tuiles et de briques typique du XIXe siècle est en vente.
La briquetterie de Massillargues-Atuech n'est pas classée monument historique. Elle est pourtant le dernier vestige d'une époque où l'on fabriquait briques et tuiles à tout va dans la commune. "On est dans un secteur où l'artisanat de la terre cuite est très vivace. Il existe depuis le Moyen Age. La tradition du vase d'Anduze en est issue. Il faut imaginer qu'autour de Massillargues, il y avait cinq tuileries au XIXe.. Et sur les cinq, il ne reste que celle-ci."
Frédéric Thuillier est archéologue de métier, mais c'est à titre personnel et avec le Gara (le groupement alésien de recherches archéologiques) qu'il s'intéresse à la vieille fabrique de Massillargues. Accolée à une maison d'habitation, celle-ci est en effet en vente, mise à prix à 120 000 €. Le risque de voir la briquetterie détruite est donc réél. "Elle est encore en très bon état, avec sa façade intacte, sa chambre de chauffe en contrebas de la route, car le niveau du sol a pas mal été surélevé. Le laboratoire de cuisson est un peu plus abîmé, mais globalement, le tout est très bien conservé", poursuit l'archéologue. Une maison de la céramique
La briqueterie a probablement fonctionné jusqu'à 1926. René Cabane est né trois ans plus tard, mais ce descendant des derniers propriétaires a des souvenirs d'enfance : "Je me souviens avoir joué avec des moules en bois ou en fer. J'ai toujours entendu dire que l'extraction de l'argile se faisait à deux pas d'ici, la matière première ne venait pas de loin", poursuit l'octogénaire qui aimerait voir ce pan de patrimoine rester debout. Mais c'est l'héritière d'une autre branche de la famille qui vend et malgré les sollicitations des amoureux de l'histoire, pas sûr que les pouvoirs publics pourront se porter acquéreur.
La commune de Massillargues-Atuech a déjà signifié son intérêt pour ce bâtiment. Elle l'a même retenu dans l'inventaire de son patrimoine rural, qu'elle a répertorié en 2010. "Nous avons écrit au président de l'agglo Max Roustan, au député William Dumas. On voudrait que tous ces décideurs aient conscience de l'intérêt d'un tel patrimoine. Il y a 50 ans, on le cassait sans se poser de question", poursuit Frédéric Thuillier. Elisabeth Hébérard, présidente du Gara, a également pris sa plume pour suggérer la création d'une Maison départementale de la céramique.
"Ici en Cévennes, le travail de l'argile est une tradition vieille de 7 000 ans, première transformation d'un matériau naturel par le feu. La présence de nombreux filons d'argile réfractaire en est à l'origine. Cette fabrique a fonctionné jusqu'au début du XXe, elle appartient à l'histoire du territoire et représente un rare vestige en place, que la galopante urbanisation actuelle des villages risque de faire disparaître à jamais." Les défenseurs du patrimoine se battront pour l'empêcher.
Source Le Midi Libre par ÉDITH LEFRANC
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