A l’heure où l’économie française cherche à regagner des parts de marché, la piste des sociétés d’ingénierie, entreprises de services de prestations intellectuelles à haute performance, constitue «un enjeu-clé pour la compétitivité d’ensemble du tissu productif » (COE Rexecode, étude parue en janvier 2014).
L’ingénierie professionnelle, qui regroupe environ 350.000 emplois et réalise près de 40 Milliards d‘euros de CA chaque année, est prête à s’engager si on lui en laisse les moyens.
Les atouts de l’ingénierie professionnelle française
On assiste dans ce secteur, depuis une décennie, à l’émergence d’acteurs français importants, aux compétences fortes, et souvent mieux reconnus à l’international qu’en France. Leurs atouts : des prix plus justes, un savoir-faire mieux valorisé, et un positionnement-clé en matière d’innovation et, donc, de développement de l’économie et d’obtention des grands contrats (Energie et Construction notamment).
Plusieurs voyants déjà à l’orange
En conclusionI – L’accélération inquiétante du nombre de défaillances d’entreprises d’ingénierie
De janvier 2000 à janvier 2014, le nombre de défaillances a grimpé plus de 67% pour le secteur contre 40% pour la totalité de l’économie française (source Banque de France), le secteur des services ayant pourtant jusque-là mieux résisté à la crise que les autres.
Les PME, plus encore que les grands groupes diversifiés vers l’international, sont les plus fragilisées, notamment par le non-respect des délais de paiement ou les faibles niveaux de marges. Cette situation a bien entendu des conséquences sur l’emploi, notamment, des ingénieurs seniors, moins mobiles que les jeunes qui partent à l’international, et des techniciens.
II-Les services se délocalisent… les emplois liés et induits se créent donc ailleurs
Les emplois de l’ingénierie se déplacent naturellement dans les pays où le coût du travail est plus compétitif et leur valeur ajoutée mieux reconnue. Le développement à l’international se fait au détriment du développement en France.
III- Des niveaux de marges non viables pour les entreprises.
Pour améliorer leur productivité, de plus en plus d’industriels imposent des baisses de prix insoutenables à l’ingénierie. Les prix de vente moyens des services d’ingénierie ont ainsi perdu près de 2% en France depuis 2010 (source INSEE), et jusqu’à 15% par an depuis 3 ans dans certains secteurs comme l’automobile (source Syntec-Ingénierie). Or, le coût de la main d’œuvre a cru de plus de 6% sur la même période en France (source Syntec), soit une dégradation des marges de 8% minimum.
IV- Les entreprises n’ont plus les moyens de former leur personnel
La formation, élément-clé de compétitivité et d’employabilité des collaborateurs, découle de la nécessité de maintenir la capacité d’innovation et d’intégration de technologies/ outils/ méthodes. La réduction des budgets de formation liée à la redistribution des fonds de formation vers d’autres publics et aux marges réduites des entreprises pénalise autant les sociétés d’ingénierie que leurs salariés.
Se priver de l’expertise d’une ingénierie qui joue un rôle-clé dans le développement de méthodes permettant d’accélérer la mise sur le marché de produits innovants et les retours sur investissement, reviendrait à fragiliser tout l’écosystème des différentes filières économiques. Car la compétitivité des entreprises passe aussi, et de plus en plus, par la qualité des services indispensables à la conception et à la réalisation de ces produits.
Source Alten
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire