Après huit ans de travaux, une grande partie du site de l’ancienne briqueterie a été inaugurée samedi 26 Avril.
Elle retrace un siècle d’industrie. Oublions l'ambiance paisible, le bruit des oiseaux et l'odeur des fleurs sauvages. Imaginons le va-et-vient des bataïs, ces barques qui amenaient l'argile gris, le bri, jusqu'à l'usine. Les ouvriers aux gants fabriqués dans des chambres à air de camion sortant les tuiles et les briques de la gueule brûlante du grand four Hoffman construit en 1900. Ces mêmes ouvriers venus des quatre coins de l'Europe courant derrière leur brouette - jusqu'à 140 fois par jour ! - pleine de la précieuse cargaison, transportée ensuite par gabare sur le canal du Mignon puis la Sèvre Niortaise jusqu'à Marans.
Elle retrace un siècle d’industrie. Oublions l'ambiance paisible, le bruit des oiseaux et l'odeur des fleurs sauvages. Imaginons le va-et-vient des bataïs, ces barques qui amenaient l'argile gris, le bri, jusqu'à l'usine. Les ouvriers aux gants fabriqués dans des chambres à air de camion sortant les tuiles et les briques de la gueule brûlante du grand four Hoffman construit en 1900. Ces mêmes ouvriers venus des quatre coins de l'Europe courant derrière leur brouette - jusqu'à 140 fois par jour ! - pleine de la précieuse cargaison, transportée ensuite par gabare sur le canal du Mignon puis la Sèvre Niortaise jusqu'à Marans.
Quelques photos, le récit des anciens, une haute cheminée qui annonce le village aux automobilistes et des murs à l'abandon, voilà tout ce qui restait d'une industrie parmi les plus importantes du Marais poitevin, née en 1872 avec la tuilerie des Frères Vincent au lieu-dit Beauséjour, près du port de La Grève-sur-Mignon.
Un grand incendie et l'avènement du parpaing y ont mis un terme un siècle plus tard, en 1968. Entre-temps, elle a vu passer des générations de travailleurs, des Limousins du XIXe siècle aux réfugiés politiques du XXe siècle, Tchèques, Polonais ou Italiens. Convertie en briqueterie en 1921, elle a produit au plus fort de son activité 2 300 briques par jour, avant que les 14 portes du four Hoffman se ferment à jamais.
Une boîte de nuit dans le four
« Dans les années 70-80, les jeunes avaient fait une boîte de nuit à l'intérieur, ils avaient même aménagé un bar ! C'était incroyablement dangereux, tout menaçait de s'écrouler », raconte Yann Hélary, président du Parc interrégional du Marais poitevin, en charge de la restauration de l'ancienne briqueterie. En 2006, deux ans après avoir racheté le site pour le sauver de la destruction, le maire de La Grève-sur-Mignon, Daniel Bernard, contacte Yann Hélary, qui vient d'entreprendre la réhabilitation de l'ancienne laiterie de Coulon, dans les Deux-Sèvres.
« Dès le départ, l'idée a été d'en faire un pôle d'éco-habitat, un lieu où les élus, les professionnels et les particuliers pourraient se former aux techniques de construction bioclimatique. Cela entrait pleinement dans le rôle du Parc, qui fait en quelque sorte office de services techniques de toutes les petites communes du marais. En outre, je tenais à garder le souvenir de cette industrie, où des gens ont travaillé, ont souffert », se rappelle le président.
Les régions Poitou-Charentes et Pays de la Loire acceptent de financer le projet, de même que le Conseil général de la Charente-Maritime, la Communauté de communes de Courçon, la Fondation du Patrimoine, le Crédit agricole et EDF. En mai 2009, Ségolène Royal, présidente du Poitou-Charentes, lance le chantier, au cours d'une visite mémorable. Croisant des retraités, d'anciens employés du site, elle les invite spontanément à partager leurs souvenirs sur scène. Les habitants découvrent un chapitre oublié de leur histoire.
Les travaux sont engagés. Ils sont menés non par des artisans mais par des personnes en insertion. « Là aussi, on voulait innover. Il a fallu convaincre les artisans qu'on n'allait pas leur piquer un chantier, mais leur fournir des ouvriers de demain. Des ouvriers superqualifiés, parce que refaire une charpente à 12 mètres de hauteur, ce n'est pas une mince affaire », remarque Yann Hélary.
Un chantier d'insertion
Sous la férule d'Henri Patois, directeur de l'association La Briqueterie ACI-OF (Atelier et chantier d'insertion - Organisme de formation), qui a obtenu le label Ecocentre, 1 800 stagiaires sont passés par La Grève-sur-Mignon pour aborder un nouveau métier et une nouvelle vie. Actuellement, une trentaine d'employés en insertion sont à pied d'œuvre sur le site, encadrés par quatre salariés permanents. Leur détermination n'a pas été de trop pour faire avancer le projet, dont le cours ne s'est pas révélé aussi tranquille que les eaux du canal du Mignon. « On a démarré en pleine crise financière. Allez proposer de retaper une ancienne briqueterie après ça… Ça n'a pas été facile », confie Yann Hélary. « Tous les partenaires ont joué le jeu. On a même fait en sorte de protéger les anciens trous à bri autour du village, où les ouvriers allaient chercher l'argile », signale Roland Gallian, maire de La Grève-sur-Mignon, qui a poursuivi l'œuvre de son prédécesseur. « On ne s'interdit rien » Ce samedi, les premiers visiteurs de la saison 2014 pourront découvrir une grande partie du site enfin restaurée. L'espace éco-habitat, tout d'abord, où sont expliquées toutes les façons de construire une maison avec des matériaux naturels (paille, bois, laine de chanvre, etc.). L'espace muséographique, ensuite, avec son four Hoffman, l'un des deux encore en état en France, ses vieux outils et ses témoignages d'anciens ouvriers qui rendent cette histoire encore plus proche de nous. « C'est un lieu qui doit vivre. C'est pour cela qu'il accueillera une exposition permanente, mais aussi des animations, des spectacles, des concerts… On ne s'interdit rien », annonce le président du Marais poitevin. Un million d'euros a été dépensé depuis le début du chantier, dont 25 % financés par les fonds privés. Dans deux ans, le port hangar, bâtiment le plus ancien du site, sera restauré à son tour. L'ancienne briqueterie est ouverte les week-ends et jours fériés, puis tous les jours du 1er juillet au 31 août, et à nouveau les week-ends et jours fériés jusqu'au 30 septembre. Le site est ouvert de 10 h à 19 h, l'espace muséographique de 10 h à 12 h 30 et de 14 heures à 18 h 30. Tarifs : 5 € (tarif réduit : 3 €, pass'famille : 13 €), gratuit pour les moins de 6 ans. Espace éco-habitat en visite libre. Renseignement : La Frênaie, 05 46 09 21 18 ou 05 46 67 14 77. Courriel : inforesa.briqueterie@gmail.com. Pour les formations en éco-habitat : La Briqueterie ACI-OF au 05 49 09 29 87.
Une première journée gratuite
Le coup d’envoi de la saison 2014 de la briqueterie de La Grève-sur-Mignon aété donné samedi 26 avril, une journée gratuite et ouverte à tous. Dès 14 heures, dans l’espace muséographique, le public a participé à la découverte de la transformation du bri à la brique, dans un haut lieu du patrimoine industriel où repose l’un des derniers fours Hoffman.
Les enfants ont pu modeler l’argile issue du Marais poitevin au cours des ateliers organisés par La Frênaie. Les parents, eux, se sont initiés aux nouvelles techniques de construction dans l’espace éco-habitat et énergies renouvelables.
À 16 h 15, à travers un diaporama, Guy Barbot, du Parc interrégional du Marais poitevin, a retracé la vie de la briqueterie et de ses ouvriers au siècle dernier.
À 18 heures, moment plus solennel, mais chaleureux, avec la signature d’une convention pour l’établissement d’un refuge pour les chauves-souris. La journée s’est achevée avec un apéritif offert par la municipalité de La Grève sur-Mignon.
À noter que l’entrée se fait par le port de La Grève-sur-Mignon (parking sur place). Renseignement à la briqueterie au 05 46 67 14 77. Site Internet : www.briqueterie-lagrevesurmignon.com
Source Sud Ouest par Catherine Letellier
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