Hubert de Lacotte est le seul tuilier d’Indre-et-Loire. Il produit près de 300.000 tuiles à l’ancienne, adaptées à l’esthétique des bâtiments.
Hubert de Lacotte est tuilier à Bridoré (*). C'est le seul en Indre-et-Loire. Depuis 2005, avec deux employés, il produit annuellement près de 300.000 tuiles, dont certaines ont recouvert l'abside de la chapelle de Vignemont à Loches, la chapelle Saint-Jean du Liget, l'église de Villers-les-Ormes (Indre)… « Nous travaillons à l'ancienne avec des moyens modernes. Ce qui permet de fabriquer une tuile artisanale dont l'esthétique s'adapte totalement à la rénovation des bâtiments anciens, châteaux, manoirs, églises. »
Les tuiles industrielles sont absolument identiques et cet aspect uniforme serait choquant sur les bâtiments anciens. La seule solution : travailler comme autrefois, ou presque. Avant de se lancer dans l'aventure, Hubert de Lacotte a appris auprès d'un tuilier de Bourgogne pour la technique et d'un autre, dans le Berry, pour la stratégie commerciale.
Cuisson à 1.000 °C
L'élément primordial est bien entendu la terre, qui provient de carrières soigneusement sélectionnées : l'une à Tournon-Saint-Martin, l'autre près de Châteauroux. La terre n'est pas mise en « farine » comme dans l'industrie mais broyée puis travaillée en pâte molle par un mouilleur-mélangeur. « La terre garde son grain, sa souplesse, car elle n'est pas pressée dans un moule, mais simplement aplatie », poursuit Hubert de Lacotte. Elle sort de la machine sous forme d'une bande aux bonnes dimensions, puis est coupée par un fil à la bonne longueur. Enfin, l'ouvrier la saisit et la frotte légèrement avec de la sciure pour lui donner une certaine patine qui, lors de la chauffe, lui conférera un aspect ancien. Vient ensuite le temps du séchage (lire ci-dessous), puis de la cuisson. Avec le gaz, tout est là aussi maîtrisé, programmé. La montée en chaleur se fait par palier. La température est réglée entre 1.000 et 1.050 degrés, ce qui permet d'obtenir des tons de l'orange clair au presque noir. Après trente heures de refroidissement, les tuiles sont défournées. Ce travail artisanal permet une production sur mesure, aussi bien pour les dimensions de la tuile, la couleur, l'épaisseur, le galbe ou le grain.
(*) La Tuilerie de Bridoré, zone industrielle des Boires à Bridoré.
à savoir :
> FORME. C'est pendant le séchage, sur des claies spéciales, faites à la demande, que la tuile prendra sa forme. L'opération se faisait autrefois en plein air, de mars à octobre. Trop ou pas assez d'humidité restante et des micro-fissures la rendaient gélive ou cassante. Maintenant, dans le séchoir, pendant 60 heures, le débit d'air chaud est contrôlé afin d'atteindre le degré d'humidité optimal.
> DIMENSIONS. Les dimensions de la tuile varient suivant les régions. En Touraine, souvent 17 sur 27 cm, celle du Berry : 20 sur 30 cm, à La Roche-Posay : 18 sur 28 ou 19 sur 29.
La Nouvelle République par Bernard Dély
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