On peut mesurer la profondeur de la crise que connaissent nos entreprises de bien des manières : baisse de leur taux de marge, chute de leurs investissements ou de leur part de marché… Un nouvel indicateur semble émerger : la durée de vie du patron. Car, par les temps qui courent, elle tend à raccourcir dangereusement. Faisant taire l’adage selon lequel on ne change pas de capitaine dans la tempête.
Les exemples ne se limitent pas aux seules entreprises familiales en difficulté : Cacharel ; Pierre & Vacances, où le fondateur, Gérard Brémond, tarde à passer la main ; Fram, où les dissensions familiales paralysent toute initiative. Sans parler des Laboratoires Pierre Fabre, une entreprise en pleine forme, celle-là. Le fondateur, décédé en juillet à 87 ans, s’était payé le luxe, en 2010, de congédier Jean-Pierre Garnier, ancien directeur général du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline.
La nervosité a aussi gagné les fonds d’investissement. Les uns parce qu’ils n’arrivent pas à faire remonter le cours de Bourse : voyez Colony Capital et Eurazeo, actionnaires majoritaires chez l’hôtelier Accor. Les autres parce que la pression de la dette reste très forte, comme chez Vivarte : le fonds Charterhouse avait écarté l’an dernier Antoine Metzger de la direction du groupe de chaussures (La Halle, Minelli, Kookaï), faute de parvenir à vendre cet actif acheté 3,5 milliards d’euros à l’issue d’un LBO. Le risque, dans ce genre de situation, est que les banques créancières prennent les commandes (à l’instar du distributeur d’eau Saur ou du fabricant de tuiles Terreal). Alors mieux vaut ne pas faire d’erreur de casting quand on remplace le P-DG.
Car quelques patrons Kleenex méritent vraiment d’être remerciés. Combien de temps faut-il pour se rendre compte qu’ils ne sont pas à la hauteur ? Certains arrivent sans peine à faire illusion deux ans. Six mois pour s’installer et composer ses équipes, six mois pour élaborer le plan Cap 2020 et six autres mois pour faire mine de le mettre en œuvre. Il est alors grand temps de partir avant d’être démasqué par ses collaborateurs. Ceux qui restent n’ont plus qu’à sortir les mouchoirs.
Source Capital par Christophe David
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