
La baisse de consommation et les conditions météorologiques touchent de plein fouet les LBO de la construction et du commerce de détail.
Les banques ont mis leur menace à exécution. BNP Paribas, BPCE, et RBS ont signé hier la prise de commandes de la Saur, plombée par une dette de 1,8 milliard d'euros, contre un abandon de moitié de leurs créances. Un mauvais signe pour les gestionnaires de fonds qui espéraient sortir indemnes, une fois encore, d'une deuxième, voire troisième vague de restructuration de dette de leurs entreprises acquises avec effet de levier. Jusque-là, les banques, surtout françaises, avaient préféré dans la majorité des cas repousser les échéances pour ne pas avoir à passer à leur bilan des provisions trop substantielles sur les LBO en difficulté. C'était sans compter une nouvelle flambée de la crise. Avec deux secteurs particulièrement touchés par la baisse de la consommation : la construction et la distribution de détail.
Le fabricant de tuiles et de briques Terreal, qui avait déjà réduit de près de moitié ses 900 millions d'euros de dette en 2009, finalise l'entrée à son capital de ses créanciers, dont ING, le fonds Park Square et la Société Générale, en contrepartie d'un abandon de dette et d'une sortie de son actionnaire majoritaire LBO France. Ce dernier, en revanche, est parvenu à garder la main dans le dossier Consolis, le fabricant de béton précontraint, tombé sous le coup d'une deuxième restructuration financière. Pour ce faire, il a réinjecté 45 millions d'euros de capital et obtenu un abandon d'un peu plus de la moitié des 760 millions d'euros de dette.
Dans le même secteur, le fabricant de toitures Monier, dont les banques sous le couvert des fonds Apollo, Towerbrook et York ont pris le contrôle au bras de fer à PAI en 2009, essuie de nouvelles difficultés. Son résultat brut d'exploitation (Ebitda) a reculé de 22,5 % et son ratio d'endettement s'élève à pas moins de 30 fois son Ebitda, selon Moody's.
Autre situation emblématique, Frans Bonhomme, le leader français de la distribution de tubes pour les canalisations, détenu par Cinven et qui porte un peu moins de 700 millions d'euros de dette. « Les investisseurs estiment que le groupe devait casser son plafond d'endettement en mars », rapporte l'agence Debtwire. Sa dette atteignait 9,7 fois son résultat brut d'exploitation en février, alors que son plafond fixé par les banques pour mars était de 9,5 fois. Difficile pour l'entreprise de réduire sa dette étant donné la conjoncture. Selon des sources, elle a obtenu un moratoire de ses créanciers jusqu'à fin décembre.
Plafond de dette dépassé
Le commerce de détail est lui touché non seulement par la crise mais également par la météo exécrable. Camaïeu, entre les mains aussi de Cinven, a dépassé son plafond de dette en mars 2012, avec un résultat brut d'exploitation très en deçà du budget (140 millions contre 182 attendus, selon Debtwire). Des discussions ont été engagées avec les créanciers sans aboutir. Le groupe aurait légèrement redressé la barre depuis octobre dernier, avec un résultat passé de 115 à 120 millions.
Autre cas tendu, Vivarte. Aucune négociation n'est officiellement ouverte mais le groupe (André, Minelli, Caroll) est sous pression. Sa dette de 2,5 milliards représentait environ 6,08 fois son Ebitda de mars, alors que les banques ont fixé un plafond à 6,05 pour mai, selon Debtwire. L'étau s'est un peu desserré avec la cession de 300 millions d'immobilier. Mais entre ces deux mois, la conjoncture ne s'est pas embellie.
Source Les Echos par Anne Drif
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire