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11/04/2013

Gilles Michel est PDG d'Imerys: «Pas d'innovation sans financement»

INTERVIEW - Gilles Michel est PDG d'Imerys, le leader mondial des minéraux de spécialité pour l'industrie. Il a également été responsable de la commission innovation au sein de l'Afep.
LE FIGARO. - Le nombre de dépôts de brevets s'est maintenu (-1,7 %) en France en 2012, alors que l'on ne parle que désindustrialisation et de panne de l'investissement. Comment expliquer cette situation?
Gilles MICHEL. - Le maintien des dépôts de brevets, alors que la désindustrialisation est une réalité, tient à deux éléments. Il s'agit tout d'abord de l'efficacité du crédit impôt recherche. Non seulement cet outil permet de retenir des centres de R & D en France, mais il en attire également. C'est un succès. Ensuite, même si la compétitivité de notre outil de fabrication en France se détériore, les grandes entreprises françaises très puissantes à l'échelle mondiale restent attachées à la préservation de leurs centres de recherche, à proximité de leur centre névralgique, donc en France.
Avez-vous le sentiment que les entreprises innovent moins?
La situation est paradoxale. Les grands groupes innovent beaucoup. À eux seuls, ils représentent les deux tiers de la R & D de notre pays. En revanche, nous avons une double faiblesse. Notre tissu industriel composé d'entreprises plus petites n'innove pas suffisamment. Ensuite, nous sommes trop absents des nouveaux secteurs prometteurs comme les sciences du vivant, les technologies de l'information, etc.
Que préconisez-vous pour remédier à ces faiblesses?
Je suis assez confiant dans notre propension à améliorer la capacité d'innovation des entreprises. Nous disposons de réels atouts en matière de formation, de culture scientifique et notre recherche publique est très bonne. Tous les ingrédients sont donc là. Au niveau de l'Afep, nous avons émis quatre idées principales pour retrouver une position de leader en matière d'innovation. Nous devons drainer des capitaux et veiller à ce que la fiscalité ne soit pas dissuasive. Il n'y a en effet pas d'innovation sans financement, or nous en manquons cruellement. Deuxième point, les grandes entreprises doivent aider plus fortement les PME à innover en jouant un rôle d'entraînement notamment au niveau des filières comme c'est largement le cas dans l'aéronautique. Ensuite, il est impératif de mettre en place des passerelles plus efficaces entre la recherche publique et les entreprises. Il y a une réserve considérable de compétences et d'innovation dans la recherche publique. Enfin, les pouvoirs publics devraient concentrer les financements publics vers 5 à 10 domaines stratégiques. L'argent public est trop dispersé.
Concernant Imerys, maintenez-vous vos efforts d'innovation malgré la crise?
Nous avons augmenté de 30 % nos efforts de R & D en 2012 et la part de la France dans nos efforts de R & D est proportionnellement plus importante. Les dépôts de brevets sont en hausse et nous allons maintenir nos efforts. Notre chiffre d'affaires réalisé avec les nouveaux produits est en hausse de 25 %. Grâce à l'innovation, Imerys conserve son leadership mondial, ses marges et de façon plus générale son avance. Il faut se convaincre que l'innovation c'est essentiel pour tous, quel que soit le secteur.

Source Le Figaro

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