Pages

26/02/2013

Maine-et-Loire. Le baroud d'honneur des ex-salariés de la Fimec

La grande partie des 153 salariés licenciés après le naufrage de la société FIMEC du Pin-en-Mauges a assisté, jeudi 15 Février, au procès devant le conseil des prud'hommes. Ils dénoncent une stratégie de profits. Les ex-salariés sont venus en nombre assister au procès, au tribunal de grande instance d'Angers.
C'est l'histoire d'une société du Pin-en-Mauges qui semblait taillée pour affronter toutes les tempêtes. « On avait même réussi à devenir numéro un mondial. » La Fimec, entreprise de bâtiment spécialisée dans la conception d'outils industriels, en particulier la livraison d'usines clé en main, s'est effondrée comme un château de cartes, à l'automne 2009. Laissant, quelques mois plus tard, 153 de ses 190 salariés sur le carreau.
Ce jeudi 15 Février au matin , une grande partie d'entre eux a assisté à l'audience de la dernière chance. Devant le conseil des prud'hommes, réuni au tribunal de grande instance, ces ex-employés sont venus contester leurs licenciements. Et surtout dénoncer le contexte : le rachat, quelques années plus tôt de l'entreprise familiale par le groupe international Legris, avant la cessation de paiement d'une kyrielle de filiales, présentée simultanément devant le tribunal de commerce de Paris. « Une faillite organisée »
Dans la salle archicomble, les deux avocates des salariés, Mes Justine Candat et Céline Parès développent, dans un premier temps, leurs arguments. Pour la première, le groupe Legris doit assumer directement les conséquences de la déconfiture de sa filiale du Pin-en-Mauges. « Elle a organisé la faillite de la totalité de ses filiales françaises. » Elle en veut pour preuve un rapport d'audit du 20 mai 2009, commandé par Legris. « Avant la liquidation d'avril 2010, il présentait deux scénarios pour gagner de l'argent, dont l'un prévoyait de se débarrasser de la Fimec. » Pour elle, le groupe aux 24 sites, aux 34 implantations, aux 745 millions d'euros de chiffre d'affaires et aux 2 450 salariés gérait directement la société du Pin-en-Mauges.
Il n'aurait pas non plus présenté suffisamment d'offres de reclassement et aurait cherché à faire supporter le coût des licenciements à la collectivité. C'est ce qu'elle soutient, comme sa consoeur qui vise une filiale de Legris : Keyria. « En avril 2008, la Fimec a versé 9 millions d'euros de trésorerie aux actionnaires de cette société. Depuis les années 60, les bénéfices alimentaient les réserves pour les moments difficiles. Une gestion de bon père de famille. » Les avocates présentent des demandes de dommages et intérêts de 1 000 € par salarié.
Avec le rachat, en 2006, de l'entreprise familiale, le loup serait-il entré dans la bergerie ? Pas du tout, rétorque Me Guillaume Bordier, avocat de Keyria, qui dénonce une « théorie du complot ».
S'appuyant sur des décisions favorables de la quasi-totalité des autres conseils de prud'hommes saisis en France, il interroge : « Mon client aurait dépensé 51 millions d'euros pour le seul plaisir de licencier ? » Surtout, il s'efforce de démontrer l'indépendance des entités. Et rappelle la violence de la crise, dès la fin 2008. « Le chiffre d'affaires du premier semestre 2009 était en chute de 71,4 %, les entrées de commandes ont baissé de 150 millions d'euros. »
Même son de cloche chez Me Aurélien Boulanger, avocat du groupe Legris. « Il y a une cible déterminée, des pièces, et on essaie de constituer un puzzle. Mais comme les pièces ne rentrent pas, on les corne à coups de ciseaux. » Lui aussi réfute l'idée d'un « plan stratégique pour vampiriser les filiales ». Il nie « le versement du moindre euro de dividende ».
Délibéré le 3 septembre.
Source Sud Ouest par Josué JEAN-BART.

Aucun commentaire: