Ces 109 mortiers viennent de collectionneurs ou de familles bressanes. Certains reconnaîtront peut-être la signature de celui qui les a fabriqués.
"A fait ce mortier : Clert Laurent tuilier à Chales Merd pour celi qui regardera mon qus".
On peut trouver cette drôle d’inscription sous un des 109 mortiers en terre cuite du XIX e siècle, réunis par l’écomusée de la Bresse Bourguignonne pour sa nouvelle exposition qui débute samedi.
Cet objet du quotidien, dans lequel on broie ou on écrase des épices ou des aliments grâce à un pilon, a curieusement retenu l’attention de Dominique Rivière, le conservateur du musée.
« L’intérêt d’en avoir autant, c’est de pouvoir faire une typologie de ces mortiers », explique-t-il. C’est-à-dire un inventaire précis qui détaille leur forme, leur couleur, les inscriptions qui s’y trouvent, etc.
Art populaire
La plupart de ces mortiers sont ornés : des estampes faites au stylet, au compas, avec un clou ou encore un morceau de bois sculpté, que l’on enfonce dans la matière pour l’imprimer.
On y retrouve des motifs géométriques, d’autres qui rappellent la nature (feuilles, fleurs…), des cœurs, ou encore des symboles religieux. Des motifs simples qui révèlent un art populaire.
Fabriqués par les tuiliers
« La comparaison de tous ces mortiers nous a permis de faire le lien avec d’autres objets fabriqués en Bresse : les tuiles », confie le conservateur.
Comme celui de Laurent Clert, de nombreux mortiers ont été fabriqués par des tuiliers, des ouvriers pendant leur temps libre, ou des patrons qui les offraient à leurs clients qui refaisaient leur toit. On trouve de nombreuses signatures.
En Saône-et-Loire, en 1838, on référençait 150 tuileries, dont les deux tiers étaient situés en Bresse.
« De ce côté de la Saône, il n’y avait pas de mortier en pierre, matière trop rare en Bresse », explique Dominique Rivière. Ces mortiers en terre cuite servaient à l’usage domestique. « Et comme on ne jetait rien à cette époque, quand ils commençaient à être usés, ils finissaient en abreuvoir pour les poules », raconte Dominique Rivière. Ce n’est peut-être pas un hasard quand on sait que « mortarium » en latin signifie « auge ».
Les mortiers de terre bressans, exposition visible du 29 septembre au 1 er avril 2013 à l’écomusée de Pierre-de-Bresse. Entrée : adulte 7 €, gratuit jusqu’à 18 ans.
Source Le Journal de Saône et Loire
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