Plus vieille verrerie de France, La Rochère (70) sait aussi
s’entourer pour être à la pointe. Et mettre les panneaux photovoltaïques sous
verre.
On parle depuis quelques jours du renchérissement du tarif
de l’électricité. Plus 50 % à l’horizon 2020 nous promet-on. À
Passavant-la-Rochère, en Haute-Saône, on met depuis cette année les panneaux
photovoltaïques sous verre. « Les panneaux sont en général garantis 25 ans.
Avec notre tuile de verre, comme le matériau est inaltérable, on peut
considérer que le panneau est à l’abri de l’usure », explique Eric Zannoni, le
directeur commercial Bâtiment de l’entreprise familiale.
Seul fabricant européen de tuiles de verre, l’entreprise de
Passavant voyait ses ventes s’effriter dans ce domaine. « Comme on isole de
plus en plus, il ne restait que les applications extérieures de ces tuiles.
Pergola, terrasse, véranda ». Dommage, lorsque l’on sait que 85 % des tuiles du
marché peuvent être reproduites en biscuit de verre dans les ateliers
haut-saônois.
Il y a eu alors une rencontre entre trois ingénieurs
d’Aix-les-Bains et l’entreprise. « On leur a dit allez-y les yeux fermés. Nous,
on vend la tuile de verre et ça redynamise notre marché, eux développent leur
société », poursuit le directeur commercial. Surtout, La Rochère, grâce à son
poids et son antériorité, a pu faire développer directement par 3M un silicone
spécifique pour garantir adhérence entre panneau et tuile sans affecter les
propriétés de l’un et de l’autre.
Simple à installer
In situ, soit sur les toits, l’application très pratique de
ce procédé permet de remplacer une tuile de terre par un élément de verre d’un
geste simple. Pas besoin d’être électricien, « on redonne du travail aux
couvreurs », comme avec les 25 toitures déjà équipées de ces tuiles high-tech.
« Elles sont juste reliées entre elles par un câble, montées en série ».
Simplissime. Lumineux également, si un des éléments des 30 m² qu’il faut
compter pour habiller un toit (20.000 € environ pour une installation complète)
est défectueux, les autres ne sont pas shuntés. La tuile défaillante est
indiquée sur un boîtier électronique ». Il suffit alors de la changer.
Reste désormais à la jeune société Luxol à développer une
application pour rendre les maisons équipées en tuiles La Rochère autonomes en
énergie. « L’avenir », comme on dit dans cette start-up.
Séduire les architectes
Comme une nouveauté chasse l’autre, la verrerie nichée au
pied des Vosges est déjà au développement d’une autre application de ses
compétences : une brique de verre thermique. Pavé disponible pour réaliser le
mur extérieur d’une construction avec un coefficient de déperdition énergétique
acceptable. « On savait faire déjà une brique de verre extérieure qui n’avait
qu’un coefficient de 3. Là, on passe à 1,49 de coefficient K, celui de la perte
d’énergie par m² ». Presque l’équivalent d’un double vitrage.
Pour parvenir à cette propriété, la brique de verre est
composée de quatre feuilles et trois cavités. Deux en air raréfié à 0,6 bar
pour les extérieurs et une gonflée d’argon, au centre, plus isolante que l’air.
« On arrive à la réglementation thermique RT 2012 même si le pavé de verre n’y
est pas décrit ». Mais en faisant cet effort, Eric Zannoni espère bien séduire
les architectes présents en octobre au salon Archi@works. Après Jean Nouvel qui
a construit en pavés de verre une maison de retraite pour artistes à
Rueil-Malmaison, c’est ce public plus large, prescripteur de matériaux, qui est
visé par La Rochère. Qui poursuit les applications de son savoir verre.
Source
Vosges Matin par Walérian KOSCINSKI
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