L'Ensci de Limoges, École nationale supérieure de céramique
industrielle, forme des ingénieurs céramistes Loin de la porcelaine
traditionnelle, ils planchent sur les matériaux de demain.
On y apprend à fabriquer des assiettes dans la grande
tradition des porcelainiers. Mais l'École nationale supérieure de céramique
industrielle (Ensci) de Limoges est avant tout une école de pointe pour inventer
les matériaux de demain et perfectionner ceux d'aujourd'hui, aussi bien pour
des usages médicaux que pour l'aéronautique.
L'Ensci puise ses racines dans l'école de céramique de
Sèvres créée en 1893 en lien avec la manufacture royale. Elle s'est implantée à
Limoges en 1979 en raison des savoir-faire locaux. Il y a deux ans, elle a
déménagé avec ses 200 étudiants dans des locaux flambant neufs du Centre
européen de la céramique, au coeur de la technopole Ester, au nord de la ville.
«Ce centre, c'est la vitrine des céramiques techniques à Limoges malgré le
déclin de la porcelaine», résume Gaëlle Jarry, chargée de communication de
l'école.
Dans le hall, une vitrine, justement, montre quelques
exemples de ce qui se conçoit ici dans les labos de recherche. De la prothèse
de hanche à la fibre optique en passant par la couronne d'embrayage ou les
filtres, le registre est vaste. «Nous sommes dans une école de chimie minérale,
la seule en France à former des ingénieurs céramistes», indique Gaëlle Jarry.
Dans les couloirs éclaboussés des couleurs vives des
installations de l'artiste Felice Varini, les étudiants se promènent en blouse
blanche. Ils naviguent entre les amphis de la drôle de pyramide inversée qui
trône sur l'esplanade et les laboratoires bourrés de matériel high-tech.
De la terre au labo
Sur les étagères du premier atelier visité, ce sont bien des
tasses et des théières qui s'alignent. «Il faut qu'ils connaissent les bases de
techniques traditionnelles: le coulage, la cuisson, l'émaillage», justifie
Gaëlle Jarry. Dans une série de tiroirs, des échantillons de minéraux: kaolin,
argiles ou feldspath. «Les étudiants font leurs mélanges en fonction de ce
qu'ils veulent obtenir comme propriétés. Ils apprennent à maîtriser la
matière.»
Sophie Cailliet, élève de première année, travaille sur un
projet conçu pour les enfants. «C'est une assiette avec un motif au fond qui
n'apparaît que quand la soupe est presque finie. En première année, on touche
un peu à tout, raconte-t-elle. On a des cours sur les propriétés des
matériaux.» Mais elle ne compte pas se spécialiser dans la vaisselle pour les
enfants: «Je veux travailler dans le domaine médical, faire de la recherche. Tout
ce qui est prothèses, réparation physique, reconstruction faciale.» «L'école a
été pionnière il y a une dizaine d'années en participant à la reconstruction de
la boîte crânienne d'un homme accidenté. C'était une première mondiale»,
souligne Gaëlle Jarry.
César Jaubert, également en première année, s'intéresse
davantage aux utilisations de la céramique dans le bâtiment et l'automobile. «Ce
qui me plaît ici, c'est que l'école est très spécifique. C'est la seule en
France. On fait aussi de la pratique. Je n'avais pas envie de faire que du
général.»
Changement d'univers à quelques portes de là dans l'atelier
de caractérisation des matières. Sur les paillasses, des engins aux noms
mystérieux: granulomètre à diffraction laser, Bet Tristar ou pycnomètre à
hélium. De la haute technologie pour plonger au fin fond de la matière. Ce
va-et-vient incessant entre passé et futur, la ville de Limoges l'a bien perçu.
Elle propose désormais la visite du centre dans son circuit de visite «Ville d'art
et d'histoire».
Source
La Charente Libre
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