Confrontée à une baisse des commandes, la tuilerie
ardennaise doit ralentir sa production.
SIGNY-L'ABBAYE (Ardennes). Par courriers interposés, Arnaud
Montebourg et Benoît Huré interviennent à leur tour dans le dossier de la
tuilerie Lafarge-Monier, à Signy-l'Abbaye. Mais si les deux hommes traitent du
même sujet, leur ton est par contre assez dissemblable…
ETANT intervenu auprès du ministre du Redressement productif
à la demande d'une partie des 90 salariés de la tuilerie signacienne sur la
situation de l'entreprise Monier qui, à cause d'une diminution d'activité, va
procéder à une réduction de ses équipes de production de quatre à trois, à la
rupture de contrats de dix intérimaires et à un allongement de l'arrêt
d'activité du mois d'août, le jeune militant socialiste Jean-Baptiste Touchon a
reçu une réponse d'Arnaud Montebourg.
Le chef de cabinet du nouveau ministre a envoyé un courrier
à l'ancien candidat socialiste aux cantonales. Dans cette missive, Christophe
Lantoine fait savoir qu'Arnaud Montebourg a demandé à Mme Simone Mielle,
récemment nommée commissaire au Redressement productif en Champagne-Ardenne de
se saisir de la situation de la PME ardennaise.
Par ailleurs, il a été rappelé à Jean-Baptiste Touchon les
deux missions principales de Mme Mielle. A savoir : primo, l'animation d'une
cellule régionale de veille et d'alerte précoce pour identifier et prévenir les
difficultés des entreprises de la région.
Secondo, de soutenir les entreprises de moins de 400
salariés « battant de l'aile » et de travailler avec les mandataires de justice
pour leur proposer des solutions efficaces et pérennes.
A cet effet, ils devront formuler des recommandations en
matière de mobilisation des dispositifs publics de soutien aux entreprises,
voire d'étalements fiscaux et de participation par les partenaires de
l'entreprise à la solution de sauvetage.
Des recommandations qui intéresseront sûrement les salariés
employés dans des sociétés qui traversent actuellement une mauvaise passe.
« Mouche du coche »
Jean-Baptiste Touchon a reçu un second courrier dans sa
boîte, au ton nettement plus cassant, signé cette fois de Benoît Huré, lequel
rappelle tout d'abord que « le conseil général n'a ni l'habitude, ni
l'intention, ni les moyens juridiques de s'immiscer dans la gestion et le fonctionnement
d'une entreprise privée. Aujourd'hui personne ne peut ignorer la réalité de la
conjoncture financière et économique. Faire semblant de la découvrir pour
ameuter une opinion publique sans doute plus consciente que vous-même des
réalités difficiles du moment, c'est au minimum se faire de la publicité à bon
compte ou bien croire vos concitoyens plus naïfs qu'ils ne le sont. » De la
même façon, pour le président du conseil général, « tenir comme vous le faites
des propos alarmistes sous le couvert d'un mandat de quelques membres du
personnel et délégués syndicaux du site Monier ne fait que jeter le trouble et
le discrédit sur l'entreprise. Vous ne servez ainsi les intérêts ni immédiats
ni futurs des salariés. »
S'agissant des aides publiques reçues par Lafarge-Monier,
Benoît Huré rappelle à son interlocuteur que l'implantation de cette tuilerie
dans les Ardennes a permis de créer « près d'une centaine d'emplois bienvenus
dans le contexte local. Il y avait d'autres sites en concurrence, avec des
montants d'aides publiques qui n'auraient pas été moindres. A ce jour Monier,
malgré la survenue de la crise, a plus que rempli son contrat vis-à-vis des
financeurs publics. Comme prévu initialement, les procédures de demande
d'ouverture et d'exploitation d'une nouvelle carrière sur les terrains mis en
réserve ont été engagées. Chacun comprendra que c'est de l'amélioration globale
de la conjoncture que dépendra l'accroissement des commandes et des volumes à
produire. Je considère pour ma part que, jusqu'à nouvel ordre, vous n'êtes ni
expert industriel, ni porteur d'aucun mandat public et que vous ne représentez
donc que vous-même dans votre appréciation des faits. Votre agitation relayée
par la presse locale aurait pu se comprendre pendant la campagne des élections cantonales
de 2011. Les électeurs ont tranché et les prochaines échéances interviendront
au plus tôt en 2015, voire en 2017. Ce n'est donc pas avant plusieurs années
que vous pourrez ambitionner d'être le sauveur de Signy-l'Abbaye, voire des
Ardennes. En attendant, vos prises de positions comme celle concernant la
tuilerie Monier risquent de ne vous faire apparaître que comme une mouche du
coche. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire