« Architecture romano-africaine : techniques et formes
originales », tel était l’intitulé d’une conférence organisée au Bastion 23, le
mercredi 20 juin. Animée par Roger Hanoune, maître de conférence honoraire
(archéologie romaine) à l’Université Lille 3. « L’architecture antique en Afrique
du Nord s’est inspirée de techniques hellénistiques » selon Roger Hanoune. La
conférence a été organisée par le Centre National de Recherche en
Archélogie(CNRA).
Roger Hanoune a avancé durant la conférence que « jusque-là
on pensait que les constructions antiques en Afrique du Nord se sont inspirées
des romains», mais le conférencier réfute cette thèse. « L’architecture romaine
a eu recours à des matériaux de construction artificielles par contre les
constructions qu’on trouve dans les Cités antiques nord africaines utilisaient
des matériaux de constructions naturelles. Des briques en pierre, de la terre
cuite… », précise M Hanoune.
Roger Hanoune pour conforter sa thèse cite d’autres exemples
de procédés architecturaux en Afrique du Nord. Il évoque pour cela la
disposition de grandes piles qui de l’extérieur paraissent comme un mur en grand
appareil. Mais de l’intérieur on se rend compte qu’il y a un remplissage
fait de demi blocs, à Zama (Tunisie), Tébessa (Algérie), Tell Dan (Palestine)…
L’archéologue avance que ces constructions inspirées de «
techniques grecques » ont réapparu « à la fin de l’antiquité pour des raisons
qui m’échappe »précise-t-il.
Le monde hellénistique a ainsi exporté ses techniques dans
plusieurs pays, selon Roger Hanoune, y compris vers la France. En effet, durant l’époque romaine, en Afrique du Nord,
on assistait « à l’alternance de la
disposition de blocs de façons verticales et horizontales ». Le spécialiste
évoque Chartres à titre d’exemple ou encore le quartier latin à Paris, la
Sicile de coté de la ville antique ou
encore à Pompéi en Italie…
« Il faut remettre à Juba II ce qui n’appartient pas à César
»
L’assistance s’est beaucoup attardée sur les appellations
durant le débat. « A la veille des cinquante ans d’indépendance de l’Algérie,
il est temps de réutiliser les
concepts en matière d’Histoire car
quand on parle de la France on dit période gallo-romaine mais quant on parle de
l’Algérie, on parle de la période romaine tout court » dira à son tour Hamid
Billek, le modérateur de la conférence avant d’ouvrir le débat.
L’assistance formée essentiellement de spécialistes a versé
dans le même sens, notamment Yacine Si Ahmed, anthropologue et méditerraneiste
qui a parlé d’ « une confusion totale
dans les appellations des époques qu’a traversées l’Algérie ». « Le cas de
Tipaza est flagrant dans ce sens »dira-t-il. Car « c’est Juba II qui a
construit la ville antique de Cherchell et non les romains » réplique-t-il à l’adresse du conférencier.
« C’est que même les historiens algériens perpétuent ces
confusions. On n'évoque jamais l’ère d’avant l’annexion de l’Afrique du Nord au
royaume romain » s’est –il interrogé. Avant de dire : « il faut remettre à Juba
II ce qui n’appartient pas à César en parlant de la construction de la Cité
antique de Cherchell ».
Source
El Watan par Hamida Mechaï
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