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02/07/2012

La construction mondiale résistera-t-elle aux intempéries ?


Des éclaircies dans les pays émergents tels que le Brésil, la Chine ou l’Inde où les besoins d’infrastructures restent immenses ; des orages sur la Grèce et l’Espagne ; une sortie progressive des Etats-Unis ; et quelques signes d’accalmie en Allemagne, au Royaume-Uni et en France : c’est ce qui ressort de l’étude sur la construction publiée jeudi 21 juin par l’assureur-crédit Euler Hermes. Explications.

« La corrélation avérée entre le lien intime construction et croissance a encouragé l’utilisation de politiques de relance par la construction pour sortir de la crise », affirme l’assureur-crédit Euler Hermes dans une analyse publiée ce jeudi 21 juin. De ce fait, et sans retour de la croissance, la construction doit, selon l’étude, revenir à ses fondamentaux, ou chercher de nouveaux relais.

Toutefois, « les politiques économiques ont souvent un coût élevé, reconnaît Ludovic Subran, chef économiste du groupe Euler Hermes. Aujourd’hui, il devient donc difficile de les actionner du fait de la dette des États et des conditions de financement des ménages. Or, le coup de frein sur les politiques de soutien se fait sentir de manière particulièrement aiguë dans les pays du sud de l’Europe. »

Un niveau d’endettement très élevé
D’après l’assureur-crédit, ces évolutions confortent ainsi « le déplacement du centre de gravité du secteur de la construction vers les pays émergents tels que le Brésil, l’Inde et la Chine » où les perspectives de croissance sont beaucoup plus favorables. En revanche, pour les entreprises françaises qui n’ont pas accès à ces marchés, 2012 et 2013 seront de nouveau des années de grande vulnérabilité. (Lire l’encadré en page 2).

L’endettement des Etats et la dégradation de la situation financière des ménages sont autant de freins pour espérer un regain de la croissance dans le secteur. En effet, à l’endettement des États et aux prévisions de croissance économique défavorables des pays développés, s’ajoutent l’augmentation du ratio de dette hypothécaire des ménages. Les signes sont donc passés au rouge. « Il atteint cette année 85% du PIB au Royaume-Uni, 76,5% aux Etats-Unis, souligne de son côté Yann Lacroix, économiste du spécialiste de l’assureur-crédit. Et la durée moyenne en France est de 17 ans, mais 16% des prêts se font désormais sur des périodes comprises entre 25 et 30 ans. »

Baisse de rentabilité
Dans ce contexte économique fragile, les entreprises du secteur sont aussi confrontées à une baisse de leur rentabilité. « Si la rentabilité des grands groupes européens et américains reste supérieure à celle des groupes asiatiques, elle s’érode néanmoins année après année », estime Yann Lacroix. Et d’ajouter : «Les groupes européens ont vu leur rentabilité reculer de 1,4 point en deux ans. Celle des entreprises françaises est attendue en baisse en 2012 à 3,4% du chiffre d’affaires. » *(Lire l’encadré en page 2).
Toutefois, le spécialiste de l’assurance-crédit prédit un indice d’activité du secteur de la construction (en volume) attendu en hausse de 2% au niveau mondial, grâce au dynamisme des pays émergeants (Chine +8,9% ; Inde +6,7% ; Brésil +6,6%). Pour la zone euro, en revanche, l’indice est attendu en baisse (-1,2%), en grande partie à cause des pays méditerranéens : - 2,6% en Grèce et - 4,5% en Espagne où l’explosion de la bulle immobilière laisse des traces durables, note l’étude.

D’autres pays européens affichent encore des progressions, modestes, à l’instar de la France (+0,2%), du Royaume-Uni (+0,4%) et de l’Allemagne (+0,7%). Et avec un indice en hausse en 2012 (+1,8%), les États-Unis confirment leur sortie progressive de la crise.

Quels relais de croissance ?
« Au-delà de la dynamique des pays émergents, la construction peut trouver des relais significatifs de croissance», estime Ludovic Subran, chef économiste du groupe Euler Hermes. Il s’agit d’après lui de l’application des normes environnementales visant à réduire les émissions de CO2 et à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. De plus, ce marché représente un potentiel de 550 milliards de dollars, sachant que le surcoût d’un bâtiment HQE est de 15%. « Un deuxième relais réside dans la rénovation du parc existant », souligne-t-il. Près de 80% des bâtiments ne sont effectivement pas aux normes environnementales et le parc de certains pays est très dégradé. Les exemples sont éloquents avec 75% des bâtiments existants en Russie et 40% en Pologne.

Par ailleurs, Euler Hermes constate que des événements « exogènes » vont stimuler en principe la construction, tels que la Coupe du Monde de football 2014 et les jeux olympiques 2016 au Brésil, ou les jeux olympiques d’hiver 2014 en Russie.


15.000 entreprises françaises visées par une liquidation cette année…
La rentabilité des entreprises françaises de bâtiment et travaux publics (BTP) est attendue en baisse de 3,4 % en 2012 par rapport à l'année dernière, affirme l’étude de l'assureur-crédit Euler Hermes publiée jeudi. « Les entreprises se battent de plus en plus sur les prix », note Didier Moizo, économiste sectoriel. Et ces chiffres sur la rentabilité des entreprises portent sur un échantillon de 125.000 entreprises. En conséquence, l'assureur-crédit, filiale d'Allianz, s'attend à une hausse des défaillances d'entreprises de BTP de 3,5% en 2012, c’est-à-dire à 15.000, le BTP représentant par ailleurs 25% du nombre de défauts en France.

« Confrontées à une stagnation de l’activité, à des tensions sur les prix et au coût élevé des matières premières notamment de l’acier (+ 22% depuis août 2009) et ciment (+3% depuis 2010), certaines entreprises n’ont pas la solidité financière qui leur permettrait de résister. En conséquence, la sinistralité, déjà très haute en 2011, va continuer d’augmenter en 2012. Cela devrait se traduire par 0,3 point de chômage », argumente l’économiste. En parallèle, la Fédération française du bâtiment (FFB) pointe dans sa note conjoncturelle diffusée jeudi que « pour 3.600 créations hors auto-entrepreneurs purs et 1.050 défaillances par mois dans le bâtiment, dont 860 liquidations judiciaires, 2.600 cessations pures d’activités seraient recensées. »
Source Batiactu par Sébastien Chabas

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