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18/06/2012

L'école de la céramique du futur à Limoges


L'Ensci de Limoges, École nationale supérieure de céramique industrielle, forme des ingénieurs céramistes Loin de la porcelaine traditionnelle, ils planchent sur les matériaux de demain.

On y apprend à fabriquer des assiettes dans la grande tradition des porcelainiers. Mais l'École nationale supérieure de céramique industrielle (Ensci) de Limoges est avant tout une école de pointe pour inventer les matériaux de demain et perfectionner ceux d'aujourd'hui, aussi bien pour des usages médicaux que pour l'aéronautique.

L'Ensci puise ses racines dans l'école de céramique de Sèvres créée en 1893 en lien avec la manufacture royale. Elle s'est implantée à Limoges en 1979 en raison des savoir-faire locaux. Il y a deux ans, elle a déménagé avec ses 200 étudiants dans des locaux flambant neufs du Centre européen de la céramique, au coeur de la technopole Ester, au nord de la ville. «Ce centre, c'est la vitrine des céramiques techniques à Limoges malgré le déclin de la porcelaine», résume Gaëlle Jarry, chargée de communication de l'école.

Dans le hall, une vitrine, justement, montre quelques exemples de ce qui se conçoit ici dans les labos de recherche. De la prothèse de hanche à la fibre optique en passant par la couronne d'embrayage ou les filtres, le registre est vaste. «Nous sommes dans une école de chimie minérale, la seule en France à former des ingénieurs céramistes», indique Gaëlle Jarry.

Dans les couloirs éclaboussés des couleurs vives des installations de l'artiste Felice Varini, les étudiants se promènent en blouse blanche. Ils naviguent entre les amphis de la drôle de pyramide inversée qui trône sur l'esplanade et les laboratoires bourrés de matériel high-tech.

De la terre au labo

Sur les étagères du premier atelier visité, ce sont bien des tasses et des théières qui s'alignent. «Il faut qu'ils connaissent les bases de techniques traditionnelles: le coulage, la cuisson, l'émaillage», justifie Gaëlle Jarry. Dans une série de tiroirs, des échantillons de minéraux: kaolin, argiles ou feldspath. «Les étudiants font leurs mélanges en fonction de ce qu'ils veulent obtenir comme propriétés. Ils apprennent à maîtriser la matière.»

Sophie Cailliet, élève de première année, travaille sur un projet conçu pour les enfants. «C'est une assiette avec un motif au fond qui n'apparaît que quand la soupe est presque finie. En première année, on touche un peu à tout, raconte-t-elle. On a des cours sur les propriétés des matériaux.» Mais elle ne compte pas se spécialiser dans la vaisselle pour les enfants: «Je veux travailler dans le domaine médical, faire de la recherche. Tout ce qui est prothèses, réparation physique, reconstruction faciale.» «L'école a été pionnière il y a une dizaine d'années en participant à la reconstruction de la boîte crânienne d'un homme accidenté. C'était une première mondiale», souligne Gaëlle Jarry.

César Jaubert, également en première année, s'intéresse davantage aux utilisations de la céramique dans le bâtiment et l'automobile. «Ce qui me plaît ici, c'est que l'école est très spécifique. C'est la seule en France. On fait aussi de la pratique. Je n'avais pas envie de faire que du général.»

Changement d'univers à quelques portes de là dans l'atelier de caractérisation des matières. Sur les paillasses, des engins aux noms mystérieux: granulomètre à diffraction laser, Bet Tristar ou pycnomètre à hélium. De la haute technologie pour plonger au fin fond de la matière. Ce va-et-vient incessant entre passé et futur, la ville de Limoges l'a bien perçu. Elle propose désormais la visite du centre dans son circuit de visite «Ville d'art et d'histoire».
Source La Charente Libre

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