Face à la dégradation de leurs marchés respectifs, la
Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) et l’Union des maisons françaises
(UMF) ont décidé de faire front commun. Jeudi, pour la première fois, elles ont
présenté en même temps leur bilan trimestriel, profitant de l’occasion pour
rappeler au futur gouvernement l’urgence qu’il y a à « apporter une solution
globale à la crise du logement ».
Une baisse qui ne fait que commencer
Sans surprise, les trois premiers mois de l’année se sont
soldés par une accélération de la baisse des ventes de logements neufs,
collectifs (-25 % dans toute la France, selon la FPI) comme individuels (-17 %,
d’après l’UMF). Le mouvement touche l’ensemble du pays, même s’il est, pour
l’heure, « plus marqué dans les marchés peu tendus que dans les zones tendues »
du côté des promoteurs, et plus « particulièrement fort dans l’Ouest et le
Languedoc-Roussillon » sur le segment des maisons individuelles.
L’aggravation constatée, là non plus pas de surprise, est
due pour partie au « durcissement des conditions d’octroi de crédits par les
banques depuis l’été 2011 », mais aussi à « la réduction drastique des
dispositifs de soutien » - tant à l’investissement locatif (réduction de
l’avantage fiscal offert par le dispositif Scellier) qu’à la l’accession à la
propriété (reconfiguration du prêt à taux zéro, le PTZ+, maintenu dans le neuf
mais avec des barèmes de remboursement moins avantageux). Pour ces mêmes raisons,
mais aussi à cause des impératifs liés aux nouvelles normes de réglementation
thermique et à la cherté du foncier, les professionnels ne cachent pas leur
pessimisme pour les prochains mois. « A environnement inchangé », la FPI table
sur un total de 75 000 à 80 000 ventes de logements neufs collectifs en 2012,
au mieux, contre 103 000 l’année dernière – laquelle s’était déjà soldée par
une chute de plus de 10 % des volumes de transaction. Le secteur retrouverait
alors ses niveaux de l’année 2008, « qui avait déclenché le plan de relance »,
rappelle la fédération. Côté maisons, l’UMF prédit une année « particulièrement
difficile », avec un volume compris entre 120 000 et 130 000 ventes, contre 148
500 en 2011. Le niveau atteint serait alors inférieur à celui de la crise de
2008/2009, « qui avait été jugulée dans le cadre du plan de relance avec le
doublement du PTZ, qui avait dopé l’accession sociale ».
Pour une pérennisation des aides
Malgré ces appels du pied aux pouvoirs publics, les deux
fédérations professionnelles ne demandent pas la lune. Dans un entretien aux
Echos, le président de la FPI, Marc Pigeon, qui animait ce matin sa dernière
conférence de presse, explique plaider non « pas pour plus d’aides, mais pour
une pérennisation d’aides nécessaires » au bon fonctionnement du secteur. On
retrouve l’argument, souvent avancé par les différents corps de métiers de
l’immobilier, en faveur d’une plus grande stabilité dans les dispositifs en
place. Christian Louis-Victor, qui préside l’UMF, note de son côté que « les
mesures logement ont pâti au cours des dernières années de trop grandes
variations, avec des aides pro-cycliques en 2007 […], des aides conjoncturelles
fortes en 2009 [qui étaient elles], contra-cycliques […] et enfin des coupes
drastiques dans le cadre de la loi de Finances pour 2012 », avec un budget
ramené de 2,6 milliards à 820 millions d’euros.
Enfin, reprenant l’appel déjà lancé début avril avec
l’ensemble des acteurs de la construction de logements et la Fondation Abbé
Pierre, la FPI et l’UMF ont estimé que le prochain Premier ministre devrait
nommer « un ministre de plein droit, en charge du Logement et de l’Aménagement
du territoire », et non un secrétaire d’Etat au Logement, comme Benoist Apparu,
rattaché au ministère, l’a été jusqu’à sa promotion récente.
Source
LaVieImmo.com par Emmanuel Salbayre
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