Construire un logement ou un bâtiment public avec des
matériaux importés n’est pas aisé parce qu’ils coûtent cher. Leur coût élevé
est également un obstacle à la mise en œuvre de la politique gouvernementale de
multiplication des logements sociaux (à coûts modérés), compte tenu du faible
pouvoir d’achat de la majorité des Camerounais. En outre, l’utilisation des
matériaux importés fait sortir d’importantes devises dont le pays a besoin et
contribue à déséquilibrer davantage la balance commerciale déjà déficitaire
même dans son volet concernant les matériaux de construction, avec son
corollaire qui est d’entretenir la dépendance du Cameroun vis-à-vis de
l’extérieur. C’est pour inverser cette tendance que le chef de l’Etat a créé en
1990 la Mission de promotion des matériaux locaux (Mipromalo) dont le but est
notamment de valoriser l’emploi des matériaux fabriqués localement en vue de
réduire les coûts de réalisation des équipements nationaux. Par matériaux
locaux, il faut comprendre, d’après Uphie Chinje Melo, directeur de la
Mipromalo, les matériaux dont la fabrication intègre au moins 70% de la matière
première prélevée dans notre environnement.
Mais, en dépit de l’abondante disponibilité de ces matières
premières (argile pour produire des briques cuites, pierres de taille, terre
latéritique pour fabriquer des blocs de terre comprimée, sable de granulométrie
et autres agrégats pour tuiles en micro béton et carreaux en granulats ciment,
bois aux essences variées, etc.), force est de reconnaître que plusieurs années
après l’avènement de la Mipromalo, les résultats sont largement en deçà des
attentes, en dehors de quelques cas isolés.
Pour remédier à cette situation, une circulaire du Premier
ministre, chef du gouvernement, signée le 12 mars 2007, demandait instamment
aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’ouvrage délégués « de veiller à ce que la
construction des bâtiments publics jusqu’à R+1 soit désormais faite en
matériaux locaux ». Lesquels doivent être disponibles et produits localement,
poursuit le document, qui ajoute que les dossiers d’appel d’offres (DAO) y
relatifs, préparés par les soins des maîtres d’ouvrage et maîtres d’ouvrage
délégués, en relation avec les services compétents du ministère des Travaux
publics, doivent indiquer entre autres les spécifications techniques des
matériaux locaux à utiliser dans ces constructions.
Cinq ans après la signature de cette circulaire d’une
actualité brûlante en raison de la tendance haussière des coûts des matériaux
de construction importés, le bilan de sa mise en œuvre est pour le moins
négatif, alors même que les pouvoirs publics ont formé des contrôleurs dans
tous les départements du pays pour pouvoir suivre la réalisation des projets
avec des matériaux locaux. Qu’est-ce qui fait problème ? Pourquoi les maîtres
d’ouvrage et maîtres d’ouvrage délégués chargés d’attribuer les marchés publics
n’incluent-ils pas dans les DAO l’utilisation des matériaux locaux par les
adjudicataires ? Les capacités de production actuelles de ces matériaux
peuvent-elles satisfaire la forte demande observée chez les particuliers ? Y
a-t-il une main d’œuvre bien formée pour construire en matériaux locaux ?
Quelles sont les nouvelles perspectives ouvertes par l’inauguration, le 28
avril dernier à Nkolbisson, Yaoundé, d’une usine semi-industrielle de
production des briques cuites capable de mettre sur le marché jusqu’à 5
millions de briques par an ?
Source
Cameroun Tribune par Rousseau-Joël FOUTE
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