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04/04/2012

PARGNY-SUR-SAULX (Marne): Sale temps pour la tuile

A Sermaize- les-Bains, le futur collège devait être doté d'une toiture en… zinc. Au pays de la terre cuite, les tuiles n'ont visiblement plus la cote. Ce qui fait bondir l'usine pargnysienne d'Imerys.

«ON est dans le pays de la terre cuite, quand même ! » A Pargny-sur-Saulx, le directeur d'Imerys, Nicolas Martin, s'inquiète de voir des grands bâtiments de la région être équipés de toiture végétalisée ou en zinc.
Il fait référence à la maison de santé inaugurée le 17 mars dernier à Vanault-les-Dames. Un bâtiment recouvert d'une toiture végétalisée. Tout comme au groupement scolaire d'Heiltz-le-Maurupt. Et à Sermaize-les-Bains, le projet de reconstruction du collège prévoit une toiture en… zinc. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase. À tel point que le directeur du site pargnysien d'Imerys a réuni élus, fonctionnaires du conseil général et architectes autour d'une table. Objectif avoué : « faire la promotion des produits » de l'entreprise. Le groupe Imerys fabrique un million de tonnes de tuiles. L'usine pargnysienne, 10 %. Elle emploie 170 personnes. « Nous développons plus de 60 modèles et une centaine de coloris. Il y en a pour tous les goûts ! » assure Dominique Ferry, responsable prescription. Photos à l'appui, il montre des tuiles solaires photovoltaïques fabriquées depuis 2002. Histoire de lutter contre les idées reçues : « la tuile, c'est ringard ! »
Autre argument choc exhibé : les résultats de l'étude réalisée il y a trois ans par l'association Promotoit qui réunit 8 fabricants spécialistes de la toiture, dont Imerys. Ils révèlent qu'une « toiture en pente aménagée augmente la capacité du logement et optimise la consommation totale d'énergie primaire ». « En clair, mieux vaut refaire sa toiture et habiller les combles qu'étendre la surface au sol », a résumé Dominique Ferry.

« Donner un signal financier »

Très vite, le projet de construction du collège de Sermaize-les-Bains est revenu sur la table. « Pourquoi avez-vous opté pour une couverture en zinc ? » ont demandé les élus aux architectes chargés du projet. « Le toit en zinc correspond davantage dans l'esthétique général du bâtiment contemporain. Il retombera sur une partie de la façade, leur a répondu Frédéric Coqueret, architecte associé à l'agence BLP Architecte basé à Reims. La toiture en tuile, même si elle demeure moins chère qu'une couverture en zinc, n'est pas la réponse qui s'impose dans tous les contextes… »
« On est sur un territoire qui a beaucoup de problèmes sociaux. C'est important de donner un signal, pas seulement visuel mais également financier, a déclaré le conseiller général du canton de Thiéblemont-Farémont, Bruno Botella. C'est le rôle du conseil général, dans chacun des investissements qu'il fait, de promouvoir l'économie locale dans lequel le bâtiment doit s'intégrer ». « Cela me touche de ne pas voir des tuiles de Pargny-sur-Saulx sur le toit de l'établissement scolaire, a ajouté Roland Leclere, maire de cette commune de 2 000 habitants. Il y a trente ans, 1 500 ouvriers étaient répartis sur trois sites. Aujourd'hui, ils sont 170 sur un seul site. Il faut penser préserver l'entreprise sinon des emplois vont partir… » « La population en parle et se sent concernée », a insisté Michel Journet, président de la communauté de communes Saulx et Bruxenelle. Après la visite d'Imerys, les architectes ont confirmé qu'ils étaient prêts à retravailler leur projet en y intégrant cette fois la tuile. A suivre donc.
Source L'Union par Stéphanie GRUSS

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