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13/02/2012

Deux chantiers tests pour un « béton » à base de terre stabilisée

Le procédé reprend le principe de la centrale à béton adapté au matériau terre.
Le mélange est coulé et vibré (aiguille vibrante). Ce procédé de fixation par vibration, représente une innovation notable par rapport aux constructions en terre existantes.

Utiliser la terre disponible sur le chantier pour réaliser la structure porteuse des bâtiments, l’idée n’est pas nouvelle. En revanche, produire sur site un véritable béton de terre mis en œuvre comme un béton classique est une innovation de taille.

Lauréat des trophées de l’innovation 2011 organisés par les CCI du Havre, de Fécamp-Bolbec et du Pays d’Auge, pourvue d’une Atex* délivrée par le Cstb, ce matériau à base de terre stabilisée (chaux et fibre de lin), breveté à l’international, pourrait bien, sinon révolutionner, du moins contribuer à renouveler le paysage constructif traditionnel.

Baptisé Cematerre par son concepteur Alain Lefebvre, dirigeant de Lefebvre Industrie, il est aujourd’hui testé en grandeur réelle sur deux chantiers expérimentaux : un hôpital de pédopsychiatrie à Dieppe (76) et un bâtiment tertiaire qui sera inauguré le 23 février prochain à Gonfreville l’Orcher (76).
Isolation phonique et thermique

Ce matériau est innovant à plus d’un titre, d’abord dans sa constitution puisqu’il utilise la terre qui se trouve à proximité du chantier. Une idée que son concepteur a eue après avoir observé les méthodes de construction des autoroutes : confrontées à la pénurie de matériaux, les entreprises de TP mêlaient in situ de la chaux et du ciment à la terre présente sur le site pour obtenir un matériau dur. Partant du principe que « ce qui fonctionne à l’horizontale pourrait s’appliquer à la verticale », Alain Lefèvre, en collaboration avec un ingénieur en génie civil et deux chercheurs du Laboratoire Ondes et Milieux Complexes de l’Université du Havre-CNRS, a donc développé le cahier des charges du projet.

Ces deux chantiers expérimentaux sont l’aboutissement de trois ans de travail avec l’utilisation d’un matériau « alternative au béton qui répond directement et indirectement aux enjeux actuels en matière de développement durable. Soit un matériau de construction résistant, offrant une isolation phonique et thermique trois fois supérieure à celle du béton ».
Mise en place identique au béton

Sur le plan environnemental, les atouts sont légion, notamment le fait d’utiliser de la terre crue et des fibres de lin produites localement : « L’utilisation du lin dans la composition originale n’est pas anodine. Celui-ci est issu d’une culture qui ne nécessite aucune irrigation et produit très peu de CO2, et d’une filière omniprésente en Normandie, berceau de notre produit ». Ce qui n’empêche pas l’entreprise de réfléchir au développement de son produit avec d’autres fibres – chanvre, bambou ou coco. « Toujours dans une démarche de construction à base de matériaux mis à disposition par l’environnement », précisent ces concepteurs.

Mais l’innovation ne porte pas uniquement sur le produit, elle concerne également le mode constructif. En effet, contrairement aux constructions en terre traditionnelle comme le pisé, cette terre stabilisée se met en place comme du béton : « Extraite sur site, elle est malaxée avec du ciment, des fibres de lin, de la chaux dans une centrale de malaxage spécialement conçue pour une fabrication en grande quantité et sur place. Ainsi constitué, le matériau est coulé dans des coffrages, puis mis en place par vibration. Ce process permet de réduire les dépenses énergétiques liées à la logistique dans la mesure où nous limitons significativement les besoins d’acheminement de matériaux ».

Le matériau qui a déjà subi de nombreux tests (traction, contraction, gel/dégel, dilatation thermique…) sera étudié de près sur le bâtiment de Gonfreville l’Orcher. Ce dernier a été instrumenté par le LOMC (Laboratoire Ondes et Milieux Complexes du CNRS – Université du Havre), qui mène une étude d’une durée de dix ans en vue d’observer les réactions du matériau face aux cycles d’humidité et de température.
Pour en savoir plus : http://www.cematerre.com
Source LE MONITEUR.FR par Stéphane Miget

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