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29/02/2012

Construire en terre, un choix de vie

Eric Ossart et Arnaud Maurières, paysagistes de formation, ont découvert les constructions en terre et se sont pris de passion pour cette technique. Au point désormais de lui consacrer leur vie et un ouvrage, Maisons en terre, qui paraît ce mois-ci aux éditions du Chêne.

Matériau ancestral, la terre n'en est pas pour le moins d'une modernité bluffante. Relancée par l'importance que revêt désormais la question environnementale, elle révèle toutes ses qualités, notamment thermo-isolantes, et connaît un nouvel engouement, comme a pu le montrer encore récemment la très belle exposition que lui a consacrée la Cité des Sciences. Pour les paysagistes Eric Ossart et Arnaud Maurières, elle est une passion. Une passion née de leur métier premier on l'imagine bien, le paysagisme, mais qui s'est ensuite développée avec la découverte de la construction en terre.

Tout commence par la lecture d'un ouvrage qui les marque : Architecture sans architectes, de Bernard Rudofsky (Ed du Chêne, 1980), "qui illustre les constructions vernaculaires à travers le monde". Ils décident de les observer de plus près et partent les découvrir.
Leur histoire c'est ensuite la rencontre avec un lieu et ses habitants : Taroudannt au Maroc, où ils installent une agence en 2003. La médina se transforme depuis la fin des années 90, les maisons traditionnelles étant peu à peu transformées en constructions standard de parpaings et de béton. La tradition des constructions en terre se perpétue néanmoins dans la montagne environnante, plus difficile d'accès, mais surtout où les habitants sont moins fortunés et ne peuvent pas se permettre d'utiliser d'autres matériaux.

Un matériau aux visages multiples

Là, ils commencent à prendre en main des projets de rénovation et de reconstruction dans la médina et décident d'y appliquer cette technique pour construire des maisons de caractère au confort moderne. Leur ouvrage raconte onze de leurs aventures, illustrant leur amour pour ce matériau et pour les gens qui le travaillent. Le tout avec force photos, signées du photographe Roland Beaufre, et illustrations (plans et croquis).
Sans oublier une partie technique, où les auteurs expliquent sans fard que passionnés ne veut pas dire "puristes". Ainsi, même s'ils privilégient l'extraction locale et doivent du coup adapter leur projet à la réalité du matériau, leurs constructions ne sont pas pour autant 100% en terre. Elles associent terre et béton : "la terre pour les murs, le béton pour les parties sensibles à l'eau (soubassement et toiture) et les structures de consolidation (chaînage et piliers)". Et comme la terre se déploie différemment pour les sols, les murs, les plafonds... toutes les sont passées en revue par les auteurs qui donnent un maximum d'explications et de conseils.

"L'appréhension dans un même concept de l'habitation et du jardin, avec un matériau unique et en toute liberté, est l'accomplissement de notre métier, écrivent-ils. Cette conception globale de l'espace de vie offre l'opportunité d'une véritable harmonie, que le divorce entre les professions et les contraintes administratives rendent impossible en Europe." Et d'ajouter plus loin, "Si ce livre est un témoignage, c'est celui de la solidarité qui se développe entre tous ceux qui partagent cette expérience."

Une bien belle invitation...
Source Batiactu

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