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04/02/2012

Algérie le Forum des chefs d’entreprise (FCE) plaide pour un “plan Marshall” pour le Sud

“Nous pensons que la région sud doit connaître un plan de développement ambitieux”, a indiqué, mercredi, le président du FCE, M. Réda Hamiani, à Touggourt, wilaya de Ouargla.

Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) plaide pour un “plan Marshall” pour la région du Sud. “Nous pensons que la région sud doit connaître un plan de développement ambitieux”, a indiqué, mercredi, le président du FCE, M. Réda Hamiani, lors d’une visite à Touggourt, wilaya de Ouargla, où il a rencontré les opérateurs de la région. M. Hamiani concrétise ainsi une des promesses faites lors de sa campagne pour l’élection à la présidence du FCE. Il avait alors promis d’aller à la rencontre des opérateurs économiques à l’intérieur du pays pour écouter leurs doléances et leurs préoccupations. Le président du FCE, accompagné d’une délégation composée, essentiellement des membres du conseil exécutif, a expliqué que son déplacement a pour objectif “d’écouter les opérateurs économiques de la région pour, par la suite, intégrer leurs préoccupations dans les propositions que l’organisation patronale soumettra aux autorités publiques”. Réda Hamiani estime qu’il faut construire les facteurs de compétitivité et d’attractivité des régions du Sud. “Oui le gouvernement a pris des mesures à partir de 2001. Oui il y a des bonifications de taux d’intérêt. Oui il y a des réductions d’impôts sur le revenu global (IRG) de 50%”, reconnaît M. Hamiani. Mais le déclic ne s’est pas produit. L’attractivité souhaitée n’a pas eu lieu. Sur les 157 173 entreprises inscrites au Centre national du registre de commerce (CNRC), au 21 décembre 2010, les
10 wilayas du Sud ne représentent que 8% avec 12 549 entreprises. “Dans quelques jours le gouvernement annoncera, encore, des mesures qu’on espère de grande portée”, révèle le président du FCE, précisant que “le plan Marshall doit être bâti non pas sur une addition de mesures ponctuelles prises à l’occasion de lois de finances, mais avec l’ambition de revoir dans son ensemble les politiques d’investissement et de développement du pays”. Dans ce cadre le Forum des chefs d’entreprise plaide également pour la décentralisation de la prise de décision économique et de la déconcentration des pouvoirs. “Que les walis et les chefs de daïra soient investis d’un réel pouvoir de décision sur le plan économique”, précise le président du Forum des chefs d’entreprise.

Les contraintes sont multiples et parfois pénalisantes pour les PME de la région sud
À Touggourt, la délégation du FCE, a visité plusieurs PME implantées dans la zone d’activité, mais également certains lieux touristiques, le lac de Meggarine, et religieux, la zaouïa Tidjania. Les industriels activent dans des conditions difficiles, dans des zones d’activités non aménagées, où le foncier coûte cher, ce qui est une aberration dans une wilaya où le problème du foncier ne devrait pas se poser. “Il faut avoir du courage pour investir ici”, nous confie un opérateur d’Annaba. Ce n’est que dernièrement que la ville de Touggourt a été raccordée au réseau de gaz naturel. À ce jour des unités industrielles fonctionnent au gaz propane acheminé par camion citerne de Hassi- Messaoud. Elles subissent des coûts quatre à cinq fois plus élevés qu’au Nord. Pour passer au gaz naturel, en plus des postes de détente et de comptage interne aux unités, il est demandé aux opérateurs de prendre en charge le coût du raccordement à la conduite principale de gaz naturel. La wilaya de Ouargla recèle des potentialités économiques très importantes. Cependant, bien que le gouvernement ait pris une série de mesures pour le développement des petites et moyennes en entreprises, en général et des régions du Sud en particulier, les contraintes sont multiples et parfois pénalisantes pour les PME de la région. “Dans l’état actuel de la réglementation, aussi bien l’investissement que l’exploitation d’unités industrielles dans notre région sont plus coûteux que pour les mêmes unités du Nord”, souligne
M. Khaled Hamrouni, patron de Maghreb céramique et également consultant, lors d’une journée organisée, jeudi, à Ouargla en présence du wali. “Nous sommes éloignés des marchés, des ports et des centres de décision. Nos matières premières et nos approvisionnements nous coûtent beaucoup plus cher. En plus nous subissons des conditions climatiques extrêmes, pratiquement trois mois de vent et trois mois de canicule”, relève M. Hamrouni. Le patron de Maghreb céramique a laissé entendre que les changements opérés dans le cadre réglementaire régissant l’investissement n’ont pas renforcé l’attractivité de la région. Certes, a-t-il reconnu, une attractivité existait avant 2001. Le code des investissements de 1993, modifié en 1995, avait pris en charge certaines spécificités du Sud et a introduit des éléments d’attractivité par les exonérations fiscales et parafiscales accordés aux investissements. “Il n’y a qu’à se rappeler l’engouement des investisseurs, durant cette période, non seulement en nombre mais aussi en qualité de projets, notamment dans la région de Touggourt qui a vu la création de plusieurs PME dans la production de matériaux de construction, dans les services et le BTPH”, témoigne-t-il. L’ordonnance du 21 août 2001 relative au développement de l’investissement, en théorie semblait améliorer les avantages du code des investissements de 1993 par l’introduction du régime dérogatoire accordé aux investissements réalisés dans les zones nécessitant l’aide de l’État. “Malheureusement, à ce jour, ce texte n’a pu être appliqué par défaut de promulgation du listing des zones qui devrait reprendre en partie la liste des zones à promouvoir, dont font partie nécessairement nos zones d’implantation”, regrette M. Hamrouni. En 2006, le nouveau code a rétabli pour l’ensemble des investissements les avantages, à l’exception d’une liste négative. Ce texte a évacué explicitement les investissements déclarés entre le 21 août 2001 et le 19 juillet 2006.
M. Hamrouni a évoqué également les mesures décidées lors de la tripartite du 28 mai 2011, portant sur l’encouragement de l’investissement par la facilitation de l’accès au financement. Ces mesures ne concernent malheureusement que les investissements initiés après le 1er juillet 2011. “Nous estimons plus équitable que tous les crédits bénéficient au moins de bonification du taux d’intérêt pour tous les investissement, y compris donc ceux agréés avant le 1er juillet 2011 et dont la réalisation n’est pas achevée”, plaide le patron de Maghreb céramique. M. Hamrouni estime que l’application de ces textes, notamment l’ordonnance 01-03 du
20 août 2001 dans sa globalité apportera un plus à la région. En attendant, suggère-t-il, il serait peut-être plus judicieux d’envisager la compensation ou l’atténuation des contraintes et surcoûts par l’utilisation d’une partie du budget du fonds spécial Sud.
Source Liberté par : Meziane Rabhi

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