Actionnaire de Vivarte, comme tout manager de LBO dans son
entreprise, Georges Plassat ne peut théoriquement sortir qu'au débouclage de
l'opération.
Si les discussions entre Georges Plassat et Carrefour ont
patiné pendant des mois, c'est certainement moins parce que le futur numéro un
du distributeur a eu du mal à imposer ses conditions d'arrivée qu'à dénouer ses
liens avec Vivarte. A la différence des autres patrons, les managers de LBO
sont pieds et poings liés à leur entreprise car directement intéressés au
capital et à sa performance, par le biais d'actions ou d'obligations
convertibles. Ils ne touchent la valeur de leur investissement, plus élevée que
celle du fonds en cas de succès, qu'à la vente de celle-ci. Georges Plassat
cumule les deux « difficultés » : un départ avant la cession de Vivarte et une
forte croissance du groupe. Entre 2005 et la vente en 2007 de Vivarte à
Charterhouse, il a vu grimper ses parts de 0,3 % à environ 10 %. Depuis huit
ans, le résultat d'exploitation du groupe a doublé à 460 millions d'euros,
quant à la valorisation estimée de l'entreprise, elle a quasiment triplé.
Situation rare
En dehors du précédent constitué par le départ pour Vodafone
de Michel Combes alors à la tête de TDF, les exemples de retrait volontaire en
cours de LBO de cette envergure sont rares. Dans les cas de Terreal ou de Saint
Gobain Desjonquières par exemple, ce sont les fonds qui ont débarqué les
dirigeants. Ils n'ont alors qu'à appliquer les clauses de « bad leavers »
(mauvais départ), imposant au manager de céder son capital et perdre ce qu'il
touche au titre de son « sur-intéressement ».
Dans le cas de Georges Plassat, qui démissionne, difficile
de lui imposer ces clauses. D'autant qu'il porte sur son nom une bonne partie
de la valeur de Vivarte. Une valorisation que les fonds espèrent depuis le
printemps faire apprécier par le marché à près de 4 milliards d'euros, sans
succès. Un montant qui valoriserait l'entreprise huit fois son résultat brut
d'exploitation 2011. Mais, depuis, la conjoncture s'est retournée, entraînant
un ralentissement de la consommation. Quant à la dette d'acquisition bancaire,
elle a disparu sous le coup de la crise souveraine, et a peu de chances de
revenir dans l'immédiat. A ce niveau de valorisation, il faudrait donc que
Charterhouse trouve un pool bancaire ou d'arrangeurs obligataires capables de
mettre près de 2 milliards d'euros sur la table pour financer l'opération. Les
actionnaires de Vivarte, dont Georges Plassat, ne sont donc a priori pas prêts
de liquider leurs parts, sauf à envisager par exemple une cession partielle.
ANNE DRIF
Précision.
Les Echos n° 21113 du 31 Janvier 2012 • page 25
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