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15/02/2012

Actionnaire dans le cadre d'un LBO, des liens délicats à dénouer pour le patron de Vivarte


Actionnaire de Vivarte, comme tout manager de LBO dans son entreprise, Georges Plassat ne peut théoriquement sortir qu'au débouclage de l'opération.

Si les discussions entre Georges Plassat et Carrefour ont patiné pendant des mois, c'est certainement moins parce que le futur numéro un du distributeur a eu du mal à imposer ses conditions d'arrivée qu'à dénouer ses liens avec Vivarte. A la différence des autres patrons, les managers de LBO sont pieds et poings liés à leur entreprise car directement intéressés au capital et à sa performance, par le biais d'actions ou d'obligations convertibles. Ils ne touchent la valeur de leur investissement, plus élevée que celle du fonds en cas de succès, qu'à la vente de celle-ci. Georges Plassat cumule les deux « difficultés » : un départ avant la cession de Vivarte et une forte croissance du groupe. Entre 2005 et la vente en 2007 de Vivarte à Charterhouse, il a vu grimper ses parts de 0,3 % à environ 10 %. Depuis huit ans, le résultat d'exploitation du groupe a doublé à 460 millions d'euros, quant à la valorisation estimée de l'entreprise, elle a quasiment triplé.

Situation rare
En dehors du précédent constitué par le départ pour Vodafone de Michel Combes alors à la tête de TDF, les exemples de retrait volontaire en cours de LBO de cette envergure sont rares. Dans les cas de Terreal ou de Saint Gobain Desjonquières par exemple, ce sont les fonds qui ont débarqué les dirigeants. Ils n'ont alors qu'à appliquer les clauses de « bad leavers » (mauvais départ), imposant au manager de céder son capital et perdre ce qu'il touche au titre de son « sur-intéressement ».

Dans le cas de Georges Plassat, qui démissionne, difficile de lui imposer ces clauses. D'autant qu'il porte sur son nom une bonne partie de la valeur de Vivarte. Une valorisation que les fonds espèrent depuis le printemps faire apprécier par le marché à près de 4 milliards d'euros, sans succès. Un montant qui valoriserait l'entreprise huit fois son résultat brut d'exploitation 2011. Mais, depuis, la conjoncture s'est retournée, entraînant un ralentissement de la consommation. Quant à la dette d'acquisition bancaire, elle a disparu sous le coup de la crise souveraine, et a peu de chances de revenir dans l'immédiat. A ce niveau de valorisation, il faudrait donc que Charterhouse trouve un pool bancaire ou d'arrangeurs obligataires capables de mettre près de 2 milliards d'euros sur la table pour financer l'opération. Les actionnaires de Vivarte, dont Georges Plassat, ne sont donc a priori pas prêts de liquider leurs parts, sauf à envisager par exemple une cession partielle.

ANNE DRIF
Précision.
Les Echos n° 21113 du 31 Janvier 2012 • page 25

Dans l'article du 27 janvier sur le départ de Georges Plassat de Vivarte, il fallait lire que dans le cas de « Monier », et non de « Terreal », les fonds ont fait partir les dirigeants. Hervé Gastinel assure la présidence du groupe Terreal depuis 2000.

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