Le secteur du solaire photovoltaïque
français s’est réuni pour ses Etats Généraux (EGS-PV). En souffrance depuis le moratoire sur les projets solaires décidé fin 2010 par le gouvernement, les acteurs se sont mobilisés pour dresser un état des lieux, donner un aperçu de l’avenir de la filière, et pour faire des propositions afin de développer cette énergie. Car le soleil brille pour les industriels du photovoltaïque au niveau mondial : le marché global et les capacités de production augmentent constamment pour répondre aux besoins d’énergie écologique. Le marché mondial du photovoltaïque représentera ainsi entre 24 et 44 GW en 2015 (soit un chiffre d’affaires de 50-80 Mrds €) pour atteindre entre 60 et 135 GW en 2020 (soit un CA de 80-120 Mrds €). La filière française souhaite donc profiter de cette manne.Les professionnels du secteur demandent donc une politique solaire ambitieuse en France. D’autant plus qu’à partir de 2016, la « parité réseau » sera obtenue sur une partie du territoire. C’est-à-dire que le coût du kW/h produit par l’énergie solaire deviendra sensiblement équivalent au coût du kW/h acheté. Et la généralisation des bâtiments neufs à énergie positive (BEPos) à l’horizon 2018-2020, fait que le photovoltaïque constituera un élément traditionnel dans la construction.
De réels atouts, des obstacles importants
Or si la France dispose de nombreux atouts, aux dires des participants à ces Etats Généraux, il existerait également des obstacles à dépasser. En effet, la France, terre d’excellence et d’innovation, possède de nombreux laboratoires de R&D, un tissu industriel existant, de grands groupes énergétiques d’envergure mondiale et une filière du bâtiment mobilisé. Malheureusement, l’instabilité réglementaire qui règne depuis 2007 (quatre arrêtés tarifaires en quelques années) n’a pas permis de déployer de véritable stratégie industrielle. Ainsi, malgré 100 millions d’euros investis pour la création d’une quinzaine d’usines et un secteur qui employait 25.000 personnes à son apogée, un mouvement de repli s’est déjà amorcé. Près de 10.000 emplois ont ainsi été perdus dernièrement. Germain Gouranton (TCE Solar) précise : « La réglementation d’amorçage n’est plus adaptée : la limitation des volumes, la fixation des tarifs, les appels d’offres au-delà des 100 kW… autant de barrières administratives qui pèsent sur le développement de projets solaires ».
Afin d’inverser la tendance, les EGS-PV proposent un pacte de confiance, compréhensible par tous (assureurs, clients), afin d’encourager les investissements industriels et créer des emplois. L’objectif : atteindre les 100.000 salariés dans le secteur en 2020, dont 12.000 dans l’industrie. Pour y parvenir, Loïc de Poix (AIPF) prévient : « La nation a besoin de revoir son business plan. Il faut se remettre dans la compétition européenne en aménageant des mécanismes de soutien existants, afin de mettre en place un mécanisme de soutien stable. Il est par exemple nécessaire de relever à 20 GigaWatts l’objectif photovoltaïque pour 2020 » qui sont établis à 5,4 GW actuellement. Pour les tarifs d’achat, le président de l’AIPF poursuit : « Il faut les adapter de façon dynamique, les régionaliser et différencier ainsi les projets du Nord au Sud de la France qui ne présentent pas la même rentabilité. Il faut également intégrer un mécanisme de bonification de l’autoconsommation afin d’alléger la charge du CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité) ».
Les Etats Généraux proposent des simplifications et clarifications réglementaires, notamment au niveau de la limite de distance entre deux installations d’un même propriétaire ou la révision des modalités actuelles d’évaluation technique des procédés photovoltaïques intégrés aux bâtiments.
Enfin, Loïc de Poix martèle : « Il faut encourager l’offre européenne et française, en mettant en œuvre un dispositif de déclaration d’origine des composants. En mettant en place une garantie de financement OSEO pour les projets réalisés avec du Made in France et en promouvant le label de qualité AQPV. Et il va falloir développer une stratégie collective à l’export, à l’image de ce qui se fait en Allemagne où les industriels pratiquent ‘la chasse en meute’ ». Les EGS-PV ont chiffré leur plan de déploiement, pour installer les 18 GW supplémentaires d’ici à 2020 : 800 M€/an d’investissements. Faute de quoi, « la France risque de creuser encore un peu plus son déficit en aggravant le déséquilibre de la balance commerciale, d’environ 1,5 Mrd d’euros chaque année, au moment de l’atteinte de la parité réseau et de la généralisation des BEPos ». Un message d’urgence que les organisations professionnelles semblent adresser aux candidats des prochaines élections nationales.
Source Batiactu
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