A Gaza ville, la reconstruction est en marche et une dynamique économique se profile timidement. La majorité des bâtiments en ruine et des maisons détruites lors de l’opération israélienne Plomb Durci en décembre 2008 et janvier 2009 ont été déblayés. Un grand centre commercial est en construction et de nombreux chantiers parsèment la ville.
Inespéré il y a encore un an, de nouveaux bureaux et appartements émergent peu à peu du sol. Les hôtels de front de mer sont légions. Le dernier en date, l’hôtel 5 étoiles Al Mashtal, ressemble à un îlot de paradis, à quelques kilomètres du célèbre camp de réfugiés de Jabaliya, offrant ainsi un contraste saisissant. Les jardins sont florissants, les chambres très confortables avec vue sur mer et sur la piscine extérieure bordée de palmiers. Coût de ce palace: 40 millions de dollars.
A l’origine de ce projet, le milliardaire Mounib Al Masri. Celui que l’on surnomme le Rothschild palestinien a investi beaucoup d’argent dans la reconstruction de Gaza. Il est aussi l’un des artisans de la réconciliation interpalestinienne. Pour l’heure, les clients sont rarissimes. Seuls les journalistes et humanitaires étrangers, ainsi que quelques hommes d’affaire palestiniens séjournent dans cet établissement de luxe.
Dans les supermarchés, le client trouve de tout: des produits de consommation courante, en passant par l’électroménager, la plupart en provenance d’Israël. De nouveaux modèles de voitures flambant neuves, certaines venant même de Libye, paradent dans les rues de Gaza ville. D’après quelques commerçants, une frange de la population a vu son pouvoir d’achat augmenter.
Retour des investisseurs
Depuis l’allègement du blocus l'an dernier, les investisseurs ont repris du travail. A la suite de l’assaut meurtrier contre la flottille internationale le 31 mai 2010 et aux pressions internationales, Israël décide le 20 juin 2010 de lever l'embargo sur les «biens à usage civil». L’importation des matériaux de construction nécessaires à la reconstruction est autorisée, notamment le ciment, via des agences des Nations unies.
Résultat: le ciment n’est plus une denrée rare dans le territoire palestinien surpeuplé, et son prix a été divisé par 10. Il y a le ciment «légal» qui transite par le point de passage de Kerem Shalom, en provenance d’Israël, et il y a le ciment «illégal» qui lui vient d’Egypte, via les tunnels de contrebande. La ville de Gaza jusque-là en ruine s’est transformée en véritable chantier. Hamed Kehel, jeune responsable d’un chantier, se réjouit d’avoir pu reprendre le travail.
«Durant trois ans, on n’a quasiment pas pu construire. Et dans le même temps, nous avons eu beaucoup de destruction à cause de la guerre contre Israël. Les besoins de logements sont donc énormes. Et maintenant que nous pouvons acheter du matériel de construction, les projets immobiliers se multiplient à Gaza.»
Alors qu’une flottille internationale doit prendre la mer pour briser le blocus de Gaza, l’enclave palestinienne est en pleine reconstruction. L'allègement du blocus l'an dernier a permis le retour des investisseurs et la réconciliation interpalestinienne semble porteuse de croissance. Mais peut-on réellement parler de relance économique?
Mais il existe encore une liste de produits interdits à Gaza, qui comprend des matériaux pouvant entrer dans la composition d’armement comme les tuyaux ou encore le gravier. L’Etat hébreu maintient aussi des restrictions très importantes à la circulation des personnes, l'interdiction quasi totale des exportations et le blocus maritime afin d'empêcher l'importation de matériel de guerre.
Les responsables israéliens arguent que l'aide transitant par Israël et l'Egypte suffit à éviter une crise humanitaire à Gaza et que s'ils laissaient passer les bateaux, le territoire serait inondé d'armes et de roquettes.
D’après les chiffres de l’organisation israélienne Gisha (Centre légal pour la liberté de mouvement des Palestiniens), le nombre moyen de camions se rendant chaque mois à Gaza avant le blocus était de 12.350, soit 400 par jour. Au printemps 2010, il en passait 2.500 par mois, soit moins du quart des besoins estimés. En juillet 2010, à la suite de l’assouplissement, ce chiffre grimpait à 4.000.
Source Slate.fr
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