Pages

23/07/2011

La tuilerie du Colombier a replié ses ailes à Frejus

Le symbole de l'entreprise, l'immense cheminée en briques rouges, s'est écroulé. La tuilerie du Colombier, située sur le chemin des Vernèdes, n'est plus, au grand soulagement de ceux qui n'appréciaient guère la présence de squatters en son sein, s'opposant à l'émotion de voisins pour qui l'entreprise représentait tout un pan de leur jeunesse. Et souvent une vie de travail.

Le terrain est nu mais l'émotion reste. Elle est naturellement tout particulièrement ressentie par les descendants du fondateur du groupe Costamagna, Joseph Costamagna, propriétaires des tuileries du Puget et de Fréjus. Son petit-fils Pierre Magdelein est l'actuel président de la société et son arrière-petit-fils, Laurent, le directeur général.

Ils racontent la construction des deux usines, celle de Bellevue et du Colombier à la fin du XIXe siècle, proches des sites d'extraction d'argile. « Le rayon d'action des chevaux tirant des carrioles était limité. Il fallait être proche des usines ... »

Le maître de la terre cuite

Aux origines, ces usines appartenaient aux Tuileries de Marseille et la société locale en détenait des parts.

C'est en 1961 que Joseph Costamagna en prend la direction comme la maîtrise totale de la terre cuite dans le Var-est. À partir de 1950, elles produisent des briques creuses traditionnelles, des briques pleines et des tuiles plates, dites de Marseille, les premières en Provence. Chacune était retaillée à la main et disposait de sa marque de fabrique. Une abeille, un cor de chasse ... Tout ce qu'un ouvrier, parfois analphabète, pouvait reconnaître avant de l'emboîter avec les autres.

Les bâtiments couvraient environ 3 000 m2 de surface et à raison d'une quarantaine de salariés par usine, produisaient 50 tonnes de produits par jour.

C'est en 1971, après la destruction de Bellevue, que l'usine du Colombier est rasée pour faire place à sa nouvelle structure, ne gardant que la célèbre cheminée de 35 mètres de haut. L'ancienne structure, dirigée par Baptistin Massa et Constant Giglione est désormais sous la direction de Jean Castagno.

Ils sont à présent 25 ouvriers à s'occuper d'une unité automatisée avec un four tunnel de 78 mètres pour les tuiles. Il faut 60 heures entre le préchauffage et le refroidissement avec une température maximale de 960° entre les deux. Le rythme a pris une nouvelle dimension avec une production de 40 000 tuiles par jour.

Les carrières épuisées

Mais en 1985, « et ce n'était vraiment pas de gaieté de coeur » souligne le président, la tuilerie du Colombier est obligée de mettre le verrou sur la porte. Il s'avère que les carrières du secteur sont épuisées. « Il en aurait fallu de beaucoup plus importantes pour poursuivre l'activité. Pour une société familiale c'est dur de se séparer de son personnel. »

Depuis, seules quelques locations précaires du terrain pour des stockages avaient continué à faire vivoter le site. L'usine était occupée par des squatters ou, mieux, par des artistes.

À sa disparition subsistaient encore des tags, sous forme de grands tableaux, que n'auraient pas reniés certains musées d'art moderne en mal d'inspiration.

Dernier vestige de la tuilerie, la cheminée a failli être conservée. « Mais elle était dans un état de délabrement avancé et nous avons été obligés de la raser. Nous avons été tristes de la voir tomber ... » D'ici deux à trois ans, un projet de nouvelles réalisations va se concrétiser en collaboration avec la municipalité. Mais il est encore trop tôt pour en parler ...
Source Nice-Matin par edeluard@nicematin.fr

Aucun commentaire: