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13/05/2011

Maury-Laribière: le rapt revisité

France 2 consacre dimanche soir «Faites entrer l'accusé» à l'affaire Maury-Laribière. Trente et un ans plus tard, son fils Jean-Luc se souvient. Comme les acteurs de l'époque, sauf le ravisseur, introuvable.

Onze jours de captivité et la délivrance. Au pilote de l\'hélicoptère qui le ramenait à Confolens, Michel Maury-Laribière avait demandé de survoler son usine.

Samedi 28 juin 1980 au matin. Michel Maury-Laribière, le P-DG de TBF à Roumazières vient de quitter sa maison de Confolens au volant de sa CX. En route vers l'usine, il est bloqué sur la route, à Manot, par un homme en uniforme de gendarme. Le début de onze jours de calvaire. Le patron, vice-président du CNPF, le syndicat patronal de l'époque, sera retrouvé onze jours plus tard dans un gîte rural en Dordogne, un peu par hasard, parce que les propriétaires avaient trouvé bizarre le comportement de leurs locataires et qu'ils avaient prévenu les gendarmes.

Les meilleurs flics de France dans la campagne confolentaise, un retentissement médiatique hors du commun. L'affaire s'est achevée sur un dénouement heureux pour les Maury-Laribière le 9 juillet. Le ravisseur, Jacques Hyver, un petit voyou de 31 ans, fils de famille intéressé par les voyages et les filles, a été arrêté dans une discothèque tourangelle en octobre. Entre-temps, il avait abattu un patron de boîte de nuit en région parisienne, dénommé... Maury.

France 2 a exhumé le dossier des archives de la justice. Christophe Hondelatte lui consacre ainsi ce dimanche soir à partir de 22h40 son «Faites entrer l'accusé», réalisé par Richard Vargas.

Jean-Luc Maury-Laribière, le fils que le ravisseur avait trimballé dans la campagne, puis à Paris, avec les 3 millions de francs de la rançon dans un sac, avait décidé de tourner la page. «J'ai tiré un trait après que l'affaire a été réglée. Paradoxalement, j'ai réussi à oublier un certain nombre de choses.» À l'été 2007, il avait accepté d'ouvrir le livre des souvenirs pour Charente Libre. «J'étais réticent, mais j'ai accepté. Quand j'ai été informé par France 2 qu'ils voulaient faire cette émission, j'étais un peu réservé. J'en ai parlé avec ma mère qui n'était pas très enthousiaste. Cela remue plein de choses. Elle avait mal vécu la défense d'Hyver par son avocat.» Ils ont fini par accepter. «C'est moins difficile maintenant qu'à l'époque. Je me souviens bien de ce que j'ai vécu.»

Jean-Luc Maury-Laribière sait aussi que l'affaire passionne encore. «Cela fait partie de l'histoire de la criminalité. Je ne suis pas étonné qu'elle ressorte et que des gens s'y intéressent.»

Un scénario de film noir

Jacques Guyon, aujourd'hui directeur de la rédaction de CL, l'avait couverte. Il confirme. «C'est sans doute la plus grosse affaire que la Charente ait connue», par son retentissement. «Il y avait une ambiance, le mystère. C'était l'époque des enlèvements politiques, Action directe et la bande à Baader.» Il y avait la personnalité de Michel Maury-Laribière, «les péripéties de la rançon». «On était dans un scénario de film noir.»

Ce scénario, Richard Vargas, le réalisateur, ne l'avait jamais lu. «Dans les années 80, je vivais à Londres. Je suis complètement passé à côté de ce fait divers» qui l'a ensuite emballé. «Pour l'émission, il faut une belle enquête, des témoins et des victimes qui acceptent de parler. Celle-ci, c'était une belle histoire, avec de vrais personnages, un criminel qui sortait un peu du commun, du même milieu que celui qu'il a enlevé, tous les barons de la police et des rebondissements.» Et même trente et un ans plus tard, les acteurs de l'époque ont pu être retrouvés.

Mais Richard Vargas en convient. «Si la famille n'avait pas accepté, ce n'était pas possible. D'ailleurs, ce n'est jamais facile. On risque toujours que quelqu'un refuse de témoigner, qu'il nous manque un policier.» Le réalisateur se félicite toutefois de vivre dans «le véritable luxe qui consiste à avoir du temps pour préparer les émissions». «On a le temps de digérer tout un dossier d'instruction.» Avec parfois de bonnes surprises. «Le commissaire Claude Bardon, patron du SRPJ de Bordeaux, n'avait jamais accepté d'interview quand il était en activité. Il l'a fait pour cette affaire. Cela lui évoquait des souvenirs.»

Cette fois, Richard Vargas a retrouvé de nombreux témoins. Mais pas Jacques Hyver, sorti de prison en 2005. «J'ai été en contact avec sa femme. Elle m'a dit qu'il avait assisté aux obsèques de sa mère en 2006, puis qu'il avait disparu. Il pourrait être à l'étranger.» À moins que ce ne soit un leurre.
«Faites entrer l'accusé», dimanche soir à 22h40 sur France 2.
Source La Charente Libre

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