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31/03/2011

Façades - Comment le chinois Yuanda veut percer sur le marché européen

Yuanda a été chargé du lot « façades » de la tour Carpe Diem, dont la première pierre a été posée le 14 mars à La Défense. Un marché emblématique qui pourrait n'être qu'un premier pas pour le groupe chinois.


L'attribution à la société chinoise Yuanda des façades de la tour Carpe Diem a fait grand bruit en septembre. Obligeant ses maîtres d'ouvrage Aviva et Predica à s'expliquer. Joëlle Chauvin, directrice d'Aviva Investors Real Estate, précise que, sur les cinq offres reçues (dont celles des Français Eiffage et Liebot) « Yuanda a très vite été moins-disant (- 19,8 % par rapport au n° 2 et - 23,8 % par rapport aux Français) et a fait preuve d'un savoir-faire de très haut niveau, allant jusqu'à présenter un prototype très abouti avant même l'attribution ». « Renseignements pris, nous avons jugé qu'il pouvait mener notre projet à bien avec le niveau qualitatif exigé. » Au-delà du prix, le groupe a donc fait ce qu'il fallait pour pénétrer le marché français et obtenir une référence à La Défense. Le groupe fabriquera en Chine et livrera les encadrements des façades courantes, lesquels seront équipés de vitrages européens par un sous-traitant belge. « Les sociétés françaises de pose consultées se sont désistées », indique Yves Rimbach, chargé d'affaires chez Yuanda Europe, qui s'est donc tourné vers l'Italien Mavi.
La France : troisième marché clé

Leader de la façade en Chine, Yuanda (13 000 salariés et 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, dont 50 % réalisés hors du pays) compte cinq usines pouvant produire 12 millions de m² par an de façades murs-rideaux. En termes purement statistiques, les 22 000 m² de façades de Carpe Diem représentent donc moins de 24 h de production. Façadier généraliste, le groupe chinois mise sur cette spécialité pour percer en Europe. Basé à Bâle (Suisse), son siège européen compte plusieurs transfuges de groupes spécialisés comme l'Allemand Lindner. Son bureau d'études réalise la conception des projets et en assure la mise en œuvre jusqu'au contrôle de la pose. « Les productions destinées à l'Europe sont assurées dans des ateliers spécifiques de l'usine de Shenyang, sous notre supervision et après passage dans un centre d'essais », précise Yuanda Europe. Après l'Allemagne et la Grande-Bretagne, la France est le troisième marché clé de Yuanda en Europe, supervisé au plan commercial par Alain Anthony. Mais depuis Carpe Diem, Yuanda n'a pas réussi à concrétiser sur les autres tours auxquelles il était candidat à La Défense. Et a manqué de peu, fin 2010, la transformation de la tour de 9 000 m² qui accueillera, à Strasbourg, la compagnie d'assurance Esca, au profit de l'Italien Permasteelisa. Directeur travaux du projet piloté par Pertuy (Bouygues), Nicolas Risse s'est dit « impressionné » par les moyens techniques et humains que la société prévoyait de déployer. Le groupe, qui privilégie les contrats de prestige, croit pouvoir s'imposer dans d'autres pays européens, sans les nommer, grâce à « cette combinaison entre compétence technique, expérience des projets complexes et sites de production à prix compétitifs ».


FOCUS
En Europe, la présence chinoise reste exceptionnelle

La mondialisation dans le BTP, sur le territoire français, est-elle engagée ? La présence de constructeurs de l'empire du Milieu n'est pourtant pas spectaculaire en France (un partenariat noué pour une cimenterie Lafarge en Aquitaine) comme en Europe. Et ce, malgré les appels du pied de pays comme la Hongrie ou la Roumanie.
A ce jour, trois sociétés chinoises ont percé en Europe de l'Est : en Bulgarie, CBMI a travaillé sur la centrale Italcementi de Devnya (250 millions) ; en Serbie, China Road and Bridge Corporation a décroché un pont sur le Danube (170 millions) ; mais surtout, en Pologne, le gouvernement a attribué en 2009 deux lots de l'autoroute A2 à un consortium mené par Covec et comprenant des sociétés à capitaux d'Etat. Mais la très libérale Commission européenne semble aujourd'hui entendre les groupes européens qui s'alarment des conditions d'accès de ce type d'entreprises au marché européen.
Source Le Moniteur par Christian Robischon et Laurence Francqueville, avec Laurent Miguet

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