Pages

23/02/2011

Santé - Air intérieur : l'émergence de l'efficacité énergétique accroît le risque sanitaire

Des médecins, dans un livre blanc sur la qualité de l'air intérieur, alertent le monde du bâtiment sur les risques sanitaires que l'émergence de l'efficacité énergétique fait courir. Ils insistent sur la nécessité de professionnaliser rapidement les métiers liés à la ventilation.

Connu pour les dispositifs fiscaux portant son nom et également co-président du groupe d'études « Construction et logement » de l'Assemblée nationale, le député François Scellier a présenté à la presse, jeudi 17, un livre blanc sur la qualité de l'air intérieur. Ouvrage dont l'initiative revient à la « Fédération française des tuiles et briques » et au groupement d'intérêt économique « Briques de France ».
Pourquoi les fabricants de briques s'intéressent-ils à la qualité de l'air ?
L'article 40 du texte de loi dit Grenelle 1 prévoit, entre autres, de « soumettre les produits de construction et d'ameublement ainsi que les revêtements muraux et de sol, les peintures et vernis et l'ensemble des produits ayant pour objet ou pour effet d'émettre des substances dans l'air ambiant à un étiquetage obligatoire à partir du 1er janvier 2012, notamment sur leurs émissions et contenus en polluants volatils, et d'interdire dans ces produits les substances classées cancérogènes, mutagènes ou toxiques ». Une étiquette que la « Fédération française des tuiles et briques » et du GIE « Briques de France », en introduction de leur livre blanc, proposent de compléter par un indicateur caractérisant la propension des matériaux du bâtiment à développer des moisissures.
Dans ce livre blanc où plusieurs pneumologues s'expriment, l'un d'entre eux, Denis Charpin, chef du service de Pneumologie de l'Hôpital nord de Marseille, déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, précise qu' « aucune étude ne met en évidence le type de matériau de construction utilisé et le degré hygrométrique du logement ».
Pour lui, comme pour son confrère de Strasbourg, le professeur Frédéric De Blay, la moisissure dans les bâtiments est un problème de santé publique. Le chef de service marseillais estime que l'excès d'humidité, concernant près de 50% des bâtiments, est le défaut le plus fréquemment rencontré dans les bâtiments. Un défaut obligeant à un rapprochement entre le monde médical et celui du bâtiment, et qui se traduit, par exemple, par le projet de création, au sein de l'unité de pneumologie, d'allergologie et de pathologie respiratoire des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, d'un bureau dédié à l'accueil des professionnels du bâtiment.
« Le corps médical ne doit pas se contenter de prescrire des traitements. Il doit se rendre aussi dans les logements pour voir les sources de la pathologie ». C'est pour cela que le professeur strasbourgeois encourage le développement des conseillers médicaux en environnement intérieur dont une cinquantaine sont aujourd'hui en activité en France.

1 personnes sur 3, nées après 1980, est allergique
1 logement sur 2 présente des problèmes d'humidité
1 logement sur 5 en France n'a aucun système de ventilation

A la veille de la RT 2012, à l'heure où la question de l'efficacité énergétique monopolise les débats sur le bâtiment de demain, l'inquiétude des médecins est accrue. En renforçant l'étanchéité de l'enveloppe intérieure, il faut d'autant plus veiller à évacuer « la soupe » de composants allergiques, voire cancérigène comme pour le formaldéhyde, en dehors du bâtiment.
Le chef du service de pneumologie de l'Hôpital nord de Marseille rappelle, dans sa contribution au livre blanc, qu'un rapport de l' Observatoire de la qualité de l'air intérieur avait estimé en 2009 qu'un logement sur cinq ne disposait d'aucun système de ventilation et que 70% des bâtiments disposant d'une VMC présentaient des débits d'air extrait inferieurs à la valeur de référence inscrite dans la réglementation sur l'aération permanente.
Demain, la rénovation énergétique rendra ces bâtiments plus étanches. Redoutant que, « comme après le premier choc pétrolier (années 70), on isole sans ventiler », pour le Professeur des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, « il faut créer un métier de la ventilation, pour l'installation et l'entretien. Il n'est plus possible de voir un électricien installer une VMC. »
« Il faut que les artisans se rendent compte qu'il ne s'agit pas d'une mode pour parisien », Frédéric De Blay constate également que la sensibilisation sur la qualité de l'air intérieur reste au niveau des fédérations, mais n'arrivent pas à redescendre jusqu'aux professionnels .

FOCUS
Pollution chimique pour les logements entretenus et moisissure pour les dégradés
Les logements entretenus sont plus sujets à présenter des taux de composés organiques volatils (pollution chimique) importants.
Le problème de moisissure (pollution microbiologique) concerne lui les logements dégradés.
Les deux pollutions entraînent des pathologies similaires : allergies, bronchites, asthme,...
Une étude a démontré que la présence de formaldéhyde (composé organique volatil) diminuait la dose d'allergène provoquant une réaction, autrement dit favorisait l'allergie.
Source Le Moniteur par Eric Leysens

Aucun commentaire: