La coentreprise sera leader en Grande-Bretagne. Les synergies liées à ce rapprochement sont estimées à 71 millions d'euros par an. Parallèlement, Lafarge, qui publie ses résultats 2010, veut réduire sa dette d'au moins 2 milliards d'euros, grâce à une baisse de son dividende et à de nouvelles cessions.
«Nous créons le leader en Grande-Bretagne». C'est avec cet accent de satisfaction que Bruno Lafont, le PDG de Lafarge, a annoncé vendredi la fusion des activités matériaux de construction en Grande-Bretagne de son groupe avec celles d'Anglo American (*). Elles vont fusionner au sein d'une société détenue à 50-50, et dont le chiffre d'affaires annuel se montera à 1,8 milliard de livres (2,1 milliards d'euros). Lafarge, annonce que cette opération sera relutive pour ses actionnaires.
Ce rapprochement, qui pour le groupe français ne nécessitera par de sortie de liquidités, devrait aussi permettre des synergies «importantes et récurrentes», chiffrées à plus de 60 millions de livres (71 millions d'euros) par an à partir de 2012, grâce à des économies sur le plan logistique et à une amélioration de la performance opérationnelle. Les groupes ne précisent pas si l'opération s'accompagnera ou non d'un plan de licenciements.
Lafarge apportera à la coentreprise cinq usines de ciment, 38 carrières de granulat, 106 sites de béton prêt-à-l'emploi (BPE) et 22 unités d'enrobés bitumineux. Au total, ces activités emploient 2.800 personnes outre-Manche. Anglo American met dans la corbeille 118 carrières et 40 sites de recyclage de granulat, une usine de ciment, 180 sites de BPE et 69 usines d'enrobés bitumineux, toutes logées dans la société Tarmac Quarry Materials (Tarmac UK). Elles sont valorisées 1,6 milliard de livres (1,9 milliard d'euros). Les effectifs concernés sont de 4.500 personnes.
« L'objectif d'Anglo American reste certes de céder à terme ses intérêts dans la co-entreprise, mais cette transaction est favorable pour nous en termes de maximisation de valeur », commente la directrice générale d'Anglo, Cynthia Carroll dans un communiqué.
Réduire la dette d'au moins deux milliards d'euros
Parallèlement, Lafarge a présenté vendredi ses résultats. L'an dernier, il a réalisé 16,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, en hausse de 2%, un résultat opérationnel courant de 2,4 milliards (-1%) et un résultat net part du groupe de 827 millions, en hausse de 12%. Pour 2011, le groupe français annonce un ambitieux programme qui vise à réduire d'au moins 2 milliards d'euros sa dette, grâce à une baisse de moitié de son dividende et à de nouvelles cessions d'actifs.
Le premier cimentier mondial a en effet pâti, l'été dernier, de l'inquiétude des marchés quant à son endettement, monté à près de 14 milliards d'euros (au 31 décembre 2010) suite à l'achat du cimentier égyptien Orascom fin 2007. Destinée à renforcer la présence du groupe français sur les marchés émergents où 70% de ses capacités de ciment sont désormais installées,l'opération Orascom avait entraîné un quasi-doublement de la dette entre fin 2007 et fin 2008. Conséquence: Lafarge est noté BBB-par Standard & Poor's et Baa3 par Moody's, soit dans les deux cas, juste au-dessus de la catégorie «spéculative».
Pour se désendetter, Lafarge prévoit de verser un dividende limité à 1 euro au titre de 2010 (contre 2 euros l'année précédente) et de réaliser 750 millions d'euros de cessions d'actifs non stratégiques, après avoir sécurisé plus de 500 millions de désinvestissement en 2010. Une baisse de 2 milliards d'euros de la dette correspond à une réduction de 14% environ par rapport au niveau de 13,99 milliards affiché fin 2010. L'an passé, Lafarge a vendu sa participation dans le portugais Cimpor à un groupe brésilien en échange notamment de cimenteries au Brésil. «La question sur Lafarge est la faiblesse de la génération de free cash-flow pour réduire une dette qui reste excessive», souligne Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM, pour qui l'opération au Royaume-Uni va par ailleurs dans le bon sens et permet d'extraire des synergies.
Lafarge, dont le cash-flow libre est ressorti l'an dernier à 2,1 milliards d'euros, compte aussi sur un rebond des volumes dans les prochains mois. Sur les marchés où il est présent, la demande de ciment devrait progresser de 3% à 6%, grâce aux pays émergents (contre de -1% à +3% en 2010). L'an dernier, ses ventes de ciment ont reculé de 4%, mais progressé de 2% sur le seul quatrième trimestre.
Vers 14h00, le marché saluait ces annonces par une hausse de 4,1% à 47,90 euros du titre -de loin la plus forte hausse du CAC 40 -les initiatives du groupe.
Source LES ECHOS par Jean Michel GRADT
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