Construire en briques en plein pays ch'ti (Lille) pourrait représenter le choix de la facilité, tant le matériau se confond avec l'histoire de la région. Mais justement n'est-il pas meilleur endroit pour en exploiter toutes les potentialités ? C'est ce qu'on fait les architectes Olivier Camus et Lydéric Veauvy (agence Tank), qui, pour le collège Claude-Levi-Strauss de Lille, sont remontés aux origines de la brique pour en faire de "longs rubans" qui épousent les découpes volumétriques de leur bâtiment.
Pourtant, ces deux architectes du terroir avaient jusqu'alors rejeté l'usage de la brique. Mais, lorsqu'ils ont franchi le pas, ils l'ont utilisé dans sa totalité, avec ses irrégularités de surface, ses imperfections de couleur, de dimension... Tous les aléas vivants d'une fabrication artisanale ancestrale pour réaliser, non pas les murs porteurs d'autrefois, mais la double peau d'un complexe d'isolation thermique par l'extérieur (structure béton, isolant, vide d'air, parement brique).
"Dans le Nord de la France, la problématique du calepinage n'est pas celle des constructions traditionnelles en briques", souligne Olivier Camus. La fabrication artisanale a permis de fabriquer des briques d'angle arrondies "qui adoucissent un matériau au départ très fort". Brute ou vernissée par endroits, cette peau de brique haute couture, où chaque élément a été moulé à la main - par la briqueterie De Wulf à Beauvais -, confère à ce collège en proie aux difficultés sociales du quartier son droit d'exister.
Cet article est extrait d'un dossier brique paru dans "Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment" n° 5585, daté du 10 décembre 2010, pp. 33-40.
A noter également que ce bâtiment a été nommé au prix d'architecture de l'Equerre d'argent 2010, décerné par le Groupe Moniteur (voir notre dossier spécial).
Source Le Moniteur par Margot Guislain
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