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04/02/2010

La crise rebat les cartes du capital-investissement

Les ex-champions de l'investissement français font grise mine.
Wendel, Eurazeo, PAI, LBO France. Les ex-champions de l'investissement français font grise mine. Il y a encore deux ans, ces équipes étaient de toutes les enchères où elles battaient les ­industriels. L'euphorie est aujourd'hui bien retombée. Les banques ne prêtent plus qu'au compte-gouttes. Et aucun de ces fonds ou holding n'a réalisé le moindre investissement d'envergure depuis le début de la crise.
Les équipes de Wendel travaillent à désendetter leur bilan, déséquilibré depuis l'opération Saint-Gobain. Celles d'Eurazeo et de LBO France se concentrent sur leurs sociétés en portefeuille fragilisées par la crise, tandis que PAI s'efforce de cicatriser ses ­divisions internes.
L'épreuve de vérité pour le métier reste celle de la levée de capitaux. Peu d'équipes s'y risquent en ce moment. Certains, comme Eurazeo, ont préféré ajourner leurs projets alors qu'ils voient Apax peiner depuis près d'un an à boucler la levée de son fonds France VIII. «Toutes les levées de fonds sont difficiles aujourd'hui, analyse Wladimir Mollof, président d'ACG qui gère des fonds de fonds. Le marché des “deals” n'a pas encore vraiment repris et les investisseurs ne veulent pas payer les 2 % de commissions usuelles à des équipes qui n'investissent pas.»
«Les cartes ont été rebattues en deux ans. Les investisseurs ne font plus confiance aux mêmes noms, confirme Antoine Dréan, président de Triago, un agent de placement qui fait l'intermédiaire entre les fonds d'investissement et leurs investisseurs (banque, fonds de pension, fondations…). Sur le marché français, Astorg, qui s'est toujours montré très discipliné, ­bénéficie encore d'une belle cote. Parmi les fonds internationaux présents à Paris, Barclays Private Equity, Advent, Bridgepoint et BC Partners (qui introduit en Bourse Medica, NDLR) sortent également du lot.»
Des disparitions lentes
Les investisseurs regardent surtout les performances délivrées. Les fonds et sociétés d'investissement qui ont investi dans des ­sociétés survalorisées et sensibles à la conjoncture en 2006-2007 (Kaufman & Broad, SGD, Terreal, Rexel…) affrontent depuis un an des plans de restructuration ­financière. Dans les cas les plus difficiles, comme l'entreprise de flaconnage SGD qui était détenue par ­Sagard et Cognetas, les fonds sont réduits à perdre leur mise. «Certaines équipes pour­raient disparaître, estime Sylvain Berger-Duquene, pré­sident de Montagu PE, mais le mouvement sera très lent. Beaucoup de ces fonds ont encore des capitaux sous gestion importants qui leur garantissent des commissions de gestion significatives.»
Pour ces fonds fragilisés, la tension montera d'un cran en 2012-2013, années du remboursement final des prêts contractés en 2006-2007. «Parler d'un mur de la dette relève d'une vision simpliste de la situation, nuance toutefois Xavier Moreno, le PDG d'Astorg. La bulle va se dégonfler car les fonds vont céder leurs participations en Bourse ou aux industriels.»
Source Le Figaro par Anne de Guigné

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