Au terme d'un an de négociation, l'ex-filiale de
Saint-Gobain, rachetée en LBO en 2005, a signé un accord avec ses banquiers,
qui convertissent 402 millions d'euros de dette en obligations remboursables en
actions (ORA).
Que ce fut dur. Mais Hervé Gastinel, le patron de Terreal,
ne cache pas sa satisfaction : « Il nous a fallu un an pour aboutir à un accord
équilibré. »Le spécialiste des tuiles et des briques, repris en 2005 par LBO
France, était l'un des gros LBO (« leveraged buy out ») de la place qui tardait
à boucler la restructuration de sa dette. Le groupe de 3.000 personnes,
autrefois dans le giron de Saint-Gobain, avait enfreint ses clauses financières
(« covenants ») à la fin de l'année 2008, déclenchant une renégociation avec
ses 22 prêteurs seniors et ses 12 bailleurs de dette mezzanine. Un marathon :
il fallait l'unanimité des ING, Société Générale et autres fonds de CDO pour
aboutir.
C'est désormais chose faite. L'accord signé permet à
l'entreprise, qui avait réalisé un chiffre d'affaires de 416 millions d'euros
l'an dernier, de réduire sa dette de 902 à 500 millions d'euros. La différence
- 402 millions d'euros -est transformée en obligations remboursables en actions
(ORA). « Cela offre le double intérêt d'alléger la dette et de renforcer le
capital »,souligne le PDG. Les 500 millions d'euros de dette résiduelle se
voient appliquer une prime de risque de 225 points de base, inférieure à celle
du marché. Les banques, enfin, mettent à la disposition de Terreal 40 millions
d'euros sous forme de financements à court terme ou d'affacturage. Fait
important pour les investisseurs initiaux, la conversion de ces ORA, prévue
lors de la cession de l'entreprise ou en cas de défaut, ne donne pas la
majorité aux créanciers. De même, « le capital de départ est préservé, pour
autant que la dette résiduelle et le nominal ainsi que les intérêts des ORA
soient remboursés », précise Hervé Gastinel.
Rupture majeure
En cas de cession de Terreal, le produit de la vente servira
à rembourser en priorité la dette senior, puis les ORA et enfin le capital de
départ : le montant résiduel sera ensuite partagé entre les investisseurs
initiaux (51 %) et les banques (49 %). « Nous avons honoré toutes nos échéances
»,insiste Hervé Gastinel, l'entreprise ayant conservé une trésorerie positive
en dépit de la crise du bâtiment, qui a divisé par deux ses profits entre 2007
et 2009. Cela explique pourquoi cette restructuration contraste avec celles de
Monier (ex-Lafarge Roofing), de l'imprimeur CPI ou encore de SGD
(ex-Saint-Gobain Desjonquères), où les actionnaires avaient dû abandonner leur
part du capital au profit des prêteurs.
Cette tendance récente des banques à prendre le contrôle des
débiteurs en difficulté, sous l'impulsion de fonds comme Oaktree ou Apollo,
marque une rupture majeure par rapport à leur résistance traditionnelle sur ce
sujet, liée aux risques de soutien abusif.
Source Les Echos par ISABELLE CHAPERON
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