C'est un fait. Le monde financier est légèrement déconnecté des réalités. Presque une évidence depuis le début de la crise.
Les 40 millions d'euros que se sont partagé Dominique Mégret, le président du fonds d'investissement PAI Partners, et Bertrand Meunier, membre du comité exécutif, lors de leur départ - forcé -, de la direction du groupe en octobre, pourraient donc à nouveau jeter le discrédit sur la profession. Ce montant spectaculaire a été dévoilé par le magazine Challenges daté du jeudi 26 novembre, et confirmé le même jour par la société.
Il est vrai que cette cagnotte peut difficilement passer inaperçue depuis que PAI s'est illustré dans "l'affaire Monier", du nom de ce fabricant de tuiles. Le fonds, adepte des rachats d'entreprises avec un fort recours à l'emprunt, les fameux "LBO", a failli envoyer au tapis la société française à cause de cette technique financière acrobatique. Etranglé par sa dette, Monier a finalement été repris en main en juin, par ses créanciers. Bilan : 256 millions d'euros de perte sèche pour PAI.
Autrement dit, les 40 millions "récompenseraient" un échec. Mais M. Mégret, qui récupérera un peu plus de la moitié de la somme, assume. "Je n'ai aucune honte, ce montant représente le fruit de plus de quinze ans de travail", explique-t-il. "En aucun cas il ne s'agit d'indemnités de départ, de bonus ou autre parachute doré", ajoute-t-il.
Le montant en question correspond à la vente des parts du capital de PAI que MM. Mégret et Meunier ont accumulé au fil de leurs carrières respectives. Et si "l'affaire Monier" fut pour PAI une expérience "désagréable", "malheureusement, des accidents arrivent dans notre profession", reconnaît un professionnel du secteur.
Au fil des ans, la rentabilité des investissements de PAI a été plus qu'honorable, rappelle-t-on aussi chez PAI. Enfin, et surtout, certaines affaires en cours se révéleront, "excellentissimes", ajoute cette même source.
"C'EST DALLAS"
Dominique Mégret, affecté par cette affaire, supporterait aussi très mal d'être le principal mis en cause dans ce dossier, rapporte un de ses proches. Si l'ex-président a été pointé du doigt en raison de sa fonction, les autres membres du comité exécutif de PAI Partners, ne sont, de fait, pas moins concernés par le dossier. Or, eux aussi toucheront de coquettes sommes sans pour autant quitter leur emploi.
Selon nos informations, trois autres associés de PAI devraient respectivement empocher, début 2010, 4, 3 et 2 millions d'euros chacun "en cash". La vente des actions de M Mégret et Meunier, provoquera en effet une redistribution des cartes et un réajustement des parts du capital de PAI entre les autres associés.
Quoi qu'il en soit, l'ambiance au sein de PAI Partners semble électrique. "Depuis six mois, c'est Dallas", avoue un proche du groupe. D'autant que PAI, pollué par des querelles internes, doit aussi rassurer ses investisseurs, tentés de réduire les sommes investies dans le dernier fonds baptisé PAI V.
Lionel Zinsou, nouveau patron de la société, aurait proposé de réduire de 50 % la taille de PAI V, où 5,4 milliards d'euros avaient été levés en mai 2008. Les investisseurs doivent se prononcer le 3 décembre.
Source Le Monde Claire Gatinois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire