Ici, la brique a pignon sur rue. De la ferme flamande au beffroi, de l’usine à l’estaminet. Un télégénique et robuste cliché du Nord. Pas si figé.
On dirait que des tas de briques leur ont donné naissance : Bergues, Calais, Lille, Le Quesnoy, Maubeuge, Valenciennes. Comme les voisines Ypres ou Bruges.
L’architecture du Nord doit ses couleurs à la brique : du beige sable au rubis, rose fâné à infrarouge. Des nuances dues à la cuisson – la première brique aurait été cuite en Mésopotamie vers 3 500 avant J.C.
Elle a été importée par les Grecs en Europe : on la fabriquait dès 1220 en Belgique. Où on continue de « naître avec une brique dans le ventre » (d’être un bricoleur-né) !
Des briquetiers itinérants de Courtrai ont propagé le parallélépipède dans la région. Elle compte huit briqueteries toujours en activité sur 100 en France – surtout vers Toulouse. Le mouleur des années 20 confectionnait jusqu’à 4 000 briques par jour, les machines actuelles avoisinent les 8 000 à l’heure...
Même concurrencée par le bois des nouveaux éco-quartiers, la brique n’est pas près de disparaître. Brune des corons ou patinée façon Vieux-Lille, elle renferme une mémoire. Certains en font même tout un fromage, à pâte molle !
Pas besoin d’azur : sous les toits de tuiles rouges, les lumineuses nuées font rougeoyer la brique. Au vent du Nord, elle oppose une résistance fataliste. À croire que l’un des trois petits cochons était chti. • C. L.
Source La Voix du Nord
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